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Le directeur général de l’Opéra de Montréal, Patrick Corrigan, s’est entretenu avec La Scena Musicale pour discuter de la saison 2021-2022. Voici ce qu’il avait à dire au sujet de la programmation.
La Traviata de Verdi dans une production inspirée de l’artiste Joséphine Baker et de Paris à l’ère du jazz :
[Baker] était définie par son statut d’artiste, d’Américaine et de femme noire. Elle a pris Paris d’assaut, mais ne serait certainement pas considérée comme un choix approprié pour un jeune homme bien élevé. Nous avons donc le même type de construction d’intrigue. Elle se retrouve avec un jeune homme bien élevé. Une controverse s’ensuit, un sacrifice aussi.
Nous avons pensé que c’était une nouvelle approche attrayante. La courtisanerie du 19e paraît loin de nos mœurs aujourd’hui.
La première mondiale de La beauté du monde, de Julien Bilodeau et Michel-Marc Bouchard, un opéra sur un effort héroïque pour protéger le Louvre du pillage nazi :
On a choisi le Théâtre Maisonneuve parce que les créateurs voulaient que l’œuvre soit reçue dans un cadre intimiste. Mais c’est un opéra entièrement mis en scène, un grand spectacle avec un grand chœur, et un décor et des costumes magnifiques.
C’est quelque chose que nous connaissons de près, toute l’idée du sens de l’art, son rôle dans la définition de notre humanité et la violence de son pillage. C’est pertinent dans la situation que nous vivons. Quelle est la place des artistes dans notre société ? Que faire quand nos arts sont menacés ? Et alors que nous rouvrons les salles, quelle place allons-nous faire à l’art dans nos vies ?
C’est une histoire à laquelle nous pouvons tous nous identifier. Une histoire vraie avec des personnages d’un intérêt phénoménal. C’est un drame de Michel Marc Bouchard avec une excellente intrigue d’opéra.
Les grandes vedettes canadiennes dans La beauté du monde :
Je pense que les artistes reconnaissent aujourd’hui l’importance de s’engager dans du travail nouveau. Et les artistes canadiens reconnaissent l’importance d’être des acteurs clés dans le développement du travail canadien.
Aujourd’hui, le nouvel opéra est beaucoup plus en demande qu’auparavant. Et pour être honnête, je pense que toute carrière sérieuse devrait l’inclure dans son parcours.
Ce sont des artistes que [le directeur artistique de l’OdM]Michel Beaulac a soutenus pendant des années. C’est un peu un retour aux sources pour tout le monde. Une grande pièce et une grande cause qui, nous l’espérons, auront un impact énorme.
La distribution internationale de la production de La Flûte enchantée de Mozart par Barrie Kosky :
Les producteurs étaient convaincus que nous devions inclure des artistes qui avaient [participé à cette production] avant puisque les technicités physiques sont extrêmement exigeantes. Vous avez l’écran géant et, vingt pieds plus haut, vous avez l’artiste attaché dans une porte tournante… le tout devant être projeté ensuite comme un film sur l’écran.
On a des jeunes venus des États-Unis, d’Angleterre, de Slovaquie, de plusieurs endroits différents. De jeunes chanteurs qui ont des carrières impressionnantes et chantent dans de grandes salles.
La double programmation de Riders to the Sea (Ralph Vaughan Williams et John Millington Synge) et Le flambeau de la nuit (Hubert Tanguay-Labrosse et Olivier Kemeid) par l’Atelier :
Nous sommes de grands admirateurs du Ballet Opéra Pantomime. L’idée de Riders to the Sea et d’une pièce d’accompagnement est en fait venue d’eux. Il n’y a pas de pause. La distribution d’un opéra participe à l’opéra suivant.
Le flambeau de la nuit est basé sur la réalité des migrants. Les deux opéras ont les qualités essentielles de la tragédie grecque, qui est très symbolique. Les deux opéras se recoupent pour explorer la tragédie, la disparition en mer et la maternité.
C’est passionnant pour nous de travailler avec Hubert et Olivier. C’est important pour nous de veiller à ce que ces merveilleux artistes travaillent dans l’opéra à Montréal et racontent ces histoires.
Pourquoi la saison principale commence-t-elle en 2022 ?
Nous avons pris cette décision en regardant ce qui se passait sur tout le continent. Ces productions ne peuvent pas se faire avec des mesures de distanciation. Il y a trop de gens en coulisses, trop de monde dans la fosse.
Nous espérons vivement qu’il n’y aura pas de problèmes au cours de l’année à venir, mais on ne peut pas prévoir. C’est la meilleure façon que nous avons trouvée pour gérer tout cela.
Nous avons planifié un retour progressif pour gérer le risque financier. En temps normal, on pourrait faire salle comble avec La Traviata. Ce n’est pas ce que nous prévoyons pour le moment. Les gens pourraient mettre du temps à revenir.
Dans toutes les formes d’art, nous devons prendre des risques mesurés et gérer ces risques. Nous avons été prudents quant à nos [projections de]ventes. Si nous sommes surpris, tant mieux, je serai ravi.
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