par Susan Spier
Malgré de nombreux articles sur le déclin de la musique classique et pour paraphraser Mark Twain, je crois que « les annonces de sa mort sont énormément exagérées », l’intérêt pour l’étude de la musique n’a pas diminué. Les parents encouragent encore leur progéniture à jouer des instruments ; des adultes, musiciens amateurs, se regroupent pour faire de la musique de chambre ou pour jouer dans des orchestres communautaires ; On trouve des centaines d’écoles de musique, de camps musicaux d’été, de professeurs privés et de programmes de groupe répondant aux besoins d’élèves de tout âge et d’habileté variée. La musique est bien vivante et active !
Les raisons intellectuelles ou émotives évoquées pour justifier l’étude de la musique sont éminemment positives : elle augmente la qualité de vie, contribue au développement personnel, améliore l’estime de soi. Les recherches des psychologues ont démontré que la musique, même à un niveau élémentaire, stimule le cerveau.
La motivation personnelle varie selon l’âge et la perspective, la meilleure motivation étant un désir inné de faire de la musique. Les enfants peuvent demander de prendre des leçons de musique parce que leur intérêt est éveillé ou que leur curiosité est piquée par un concert en direct ou enregistré, ou parce qu’un ami le fait. Les élèves d’écoles primaires sont heureux d’apporter leurs instruments en classe et de partager avec leurs compagnons leurs nouvelles connaissances musicales. Les parents jouent un grand rôle auprès de leurs enfants en favorisant la présence de la musique à la maison.
Les adultes et les personnes âgées profitent bien de leçons de musique qui offrent un défi au milieu des activités quotidiennes, procurent une activité sociale satisfaisante ou deviennent l’accomplissement d’un rêve. « Ça me fait oublier tous mes problèmes », dit un de mes étudiants adultes.
L’étude de McGill le confirme : « Durant les moments d’euphorie musicale, le sang voyage dans le cerveau à des endroits où le sexe, le chocolat et le champagne peuvent produire une satisfaction et une joie – et il se retire des cellules du cerveau associées à la dépression et à la peur. »
Posséder un instrument constitue une autre motivation à prendre des leçons de musique. Si le violon hérité de l’oncle Arthur ravive de bons souvenirs, cela peut suffire à donner le goût de l’essayer. Un jour que Karen Quinton, maintenant responsable du département de piano au Royal Conservatory of Music Community School à Toronto, faisait de la suppléance dans une troisième année primaire à Terre-Neuve, elle a constaté que seulement deux de ses élèves prenaient des leçons de musique. Lorsqu’elle leur a demandé s’ils voulaient essayer le piano, toute la classe répondit de manière enthousiaste, et chacun a attendu son tour impatiemment.
La pression des pairs peut constituer une motivation. Lorsque les enfants font ensemble de la musique à l’école, ils peuvent désirer améliorer leurs habiletés en prenant des leçons individuelles, en participant à des concours ou à des festivals de musique. La satisfaction et le sens de la réussite tirés d’une réalisation, même modeste comme la participation à un récital, peut augmenter la confiance en soi et susciter des aspirations plus ambitieuses. Mais attention! Un professeur d’expérience découvrira facilement le talent exceptionnel, mais la découverte d’un autre petit Mozart est aussi rare que celle d’un violon antique qui serait un authentique Stradivarius.
Quelques directives
Lorsque vous décidez de prendre des leçons, il faut vous faire un plan. Quelques mois se passeront peut-être avant que vous établissiez un bon rapport avec votre professeur et que vous puissiez évaluer objectivement votre intérêt, votre engagement et votre habileté. Si vous cherchez seulement à essayer, inscrivez-vous en fin de session ou prenez des leçons occasionnelles au cours de l’été.
L’âge le plus propice pour commencer des leçons individuelles se situe entre 5 et 12 ans. Pour bien profiter de ses leçons, un enfant devrait avoir une connaissance des principes de base, par exemple les basses et les hautes, savoir compter et lire, de préférence, et posséder le sens des responsabilités. Ainsi, les très jeunes enfants réussissent mieux dans des classes de groupe où sont enseignés des chansons et des mouvements rythmiques.
Les enfants ont des rythmes d’apprentissage différents et ne seront peut-être pas réceptifs à l’age de 9 ou 10 ans, mais il n’est certainement pas trop tard pour commencer à l’adolescence, à moins de viser une carrière professionnelle. Bien que les pratiques d’un instrument peuvent céder le pas aux activités sociales pendant un certain temps, elles peuvent recommencer plus tard – étudier la musique peut être considéré comme « la » chose à faire. Les adultes réussissent mieux s’ils ont déjà joué d’un instrument dans leur jeunesse, même peu et depuis plusieurs années, mais la patience est nécessaire. La formation classique constitue la base pour apprendre d’autres genres de musique. Alors, si le jazz est votre but, des leçons traditionnelles sont un excellent début. Les chorales ou les cours d’appréciation de la musique représentent d’autres options.
Les débutants préfèrent souvent commencer par le piano : le son est rapidement acceptable, il comporte à la fois les basses et les hautes, et il fournit une introduction aux fondements harmoniques. D’autres bons choix sont le violon, le violoncelle ou la flûte, selon votre âge et votre goût, et on peut les louer mensuellement dans des magasins de musique. Si vous aimez les langues, pourquoi ne pas essayer une formation vocale? Ce qui constitue également une merveilleuse façon de développer votre oreille.
Le professeur est l’élément le plus important dans les leçons. Sans empathie, la nouveauté ne fera pas long feu, malgré le prestige, les qualifications ou la spécialisation; il faut donc trouver quelqu’un avec qui vous vous sentez bien. L’enthousiasme, la confiance et une bonne communication sont essentiels au processus d’apprentissage. Il se peut que vous ayez un faible pour une certaine école ou que vous soyez plus à l’aise avec un professeur privé. Certains offrent même une première classe sans frais.
Lorsque vous verrez toutes les heures de plaisir que vous procure une session, vous comprendrez que des leçons de musique sont une bonne affaire; les joies et la satisfaction que vous en retirerez, surtout lorsque vous en aurez maîtrisé les rudiments, vous accompagneront toute votre vie.
[Traduction : Michelle Bachand]
Publié originalement: Septembre 2003, Vol. 9. No. 1