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C’est avec le cœur lourd que La Scena Musicale annonce (sur la base des nouvelles de Slipped Disc) le décès de Denise Massé le 14 juin, 2022. Né à Montréal le 2 avril, 1946, Massé était un cheffe de chant de répertoire français et une pianiste du Metropolitan Opera de New York. La Scena Musicale a eu le privilège de l’interviewer pour des articles publiés dans des numéros précédents, et nous les partagerons ci-dessous en hommage à son héritage.
Nécrologie
Massé est actuellement prise en charge par le Centre Funéraire Côte-des-Neiges. Pour voir la nécrologie sur la site web du Centre Funéraire, cliquez ici.
Musicienne accomplie, pianiste et coach vocal, intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique en 2013, a tout donné à ses artistes et aux opéras qui lui ont été confiés. En tant que membre du personnel musical de L’Opéra de Montréal (1980 à 1993) du Metropolitan Opera (à partir de 1993) et du corps professoral de la Juilliard School (à partir de 1999), elle a été d’une importance inestimable au succès de plusieurs.
Denise a oeuvré auprès des plus grandes institutions musicales du monde, entre autres, Staatsoper Berlin et Wiener Staatsoper, l’Opéra de Los Angeles, les opéras de Washington et de Santa Fe, le Théâtre des Champs Elysée de Paris, le Teatro all Scala de Milan et l’Opéra Nikika de Tokyo. Elle a collaboré à la préparation d’enregistrements pour Sony, Deutsche Grammophon, Decca, Warner Classics et à plusieurs concerts de différents opéras avec le NY Philharmonic, les orchestres symphoniques de Cleveland, Boston, Philadelphie et Montréal, avec des chefs d’orchestre tels que Sir Colin Davis, les maestros Levine, Boulez, Maazel, Haitink, DeWaart, Barenboim et Dutoit.
Certains des plus grands chanteurs du monde ont travaillé avec Denise, ainsi que de plusieurs jeunes artistes dont les chanteurs du programme Lindemann du Metropolitan Opera, du Curtis Institute de Philadelphie, du programme SIVAM au Mexique, de l’International Meistersinger Akademie en Allemagne, du Institut Ravinia Steans et plus encore.
Denise était profondément admirée et aimée de tous ceux qui la connaissaient. Elle laisse derrière elle ses frères et sœurs—Louise, Francine, Paul et Gilles; nièces/neveux—Nathalie, Martin, Fabien, Philippe, Sarah et Patrick ; et son partenaire Roland Richard—ils se sont mariés en 1969 et ont déménagé à Vienne après qu’elle ait remporté le Concours de musique du Canada et lui le Prix d’Europe.
L’inhumation de ses cendres se fera aux côtés de son père Laurent Massé et de sa mère Rita Desjardins, au cimetière Saint-Éloi, à Kamouraska (Québec). Au lieu de fleurs, veuillez envisager de faire un don au Concours de musique du Canada ou à une organisation similaire de votre choix.
video: https://www.youtube.com/watch?v=L97kSX59xxQ&t=2437s
dons: https://cmcnational.com/votre-soutien/limpact-de-votre-don/
donations: https://cmcnational.com/en/your-support/the-impact-of-your-donation/
Annonce de l’Opéra de Montréal
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Nous avons appris avec beaucoup de tristesse le décès de la pianiste et cheffe de chant Denise Massé. Proche collaboratrice de l’Opéra de Montréal depuis sa fondation, l’artiste était animée d’une grande passion pour l’art lyrique et d’un professionnalisme exemplaire. Elle a participé, à titre de pianiste-accompagnatrice, à plusieurs productions parmi les plus remarquables.
En 1993, Mme Massé est devenue cheffe de chant au The Metropolitan Opera de New York où sa connaissance du répertoire français en fit une collaboratrice exceptionnelle. La pianiste fut intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique en 2013. Elle a contribué au développement de l’art lyrique au Canada ainsi qu’au rayonnement de l’Opéra de Montréal à travers le monde. Nous souhaitons offrir nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses nombreux amis et à tous les artistes qui ont eu le bonheur de faire de la musique avec elle.
Denise Massé : la pianiste devenue chef de chant au MET
par Marc-Olivier Laramée, publié dans La Scena Musicale, février 2014
Denise Massé est bien plus qu’une chef de chant à l’opéra, c’est une passionnée de musique qui donne une nouvelle vie à chacun des opéras qu’elle prépare. Après des études en piano à l’école Vincent d’Indy à Montréal, elle affiche une préférence pour les duos piano/chant. « Au lieu de m’isoler dans le monde des solistes, j’ai toujours travaillé avec des chanteurs… J’en ai même épousé un », dit celle qui aime être entourée de chanteurs. Enfant, elle éprouvait le plaisir de pratiquer l’art lyrique en accompagnant, au piano, les chants de ses oncles. C’était le début d’une passion toujours vivace.
Pendant la dernière année de sa maîtrise, elle participe au Concours de musique du Canada dont elle remporte le premier prix, une bourse d’études. Par la suite, elle part à Vienne où travaille son époux Roland Richard, lauréat du Prix d’Europe. Durant son séjour dans la capitale autrichienne, Denise Massé travaillera beaucoup le piano, mais aussi l’accompagnement en assistant son époux dans des classes. Au cours de cette période, elle a eu le grand bonheur d’assister à beaucoup d’opéras, à raison de deux à trois fois par semaine – les fameuses places debout y sont pour beaucoup !
À son retour au Canada, elle intègre l’Université d’Ottawa où elle assure l’accompagnement des classes de Louise Ambrée et celles de son mari. À cette époque, Montréal n’avait pas encore son opéra. Cependant, le festival d’été qu’organisait Mario Bernardi et qui présentait plusieurs opéras sera pour elle une porte d’entrée dans le monde de l’art lyrique canadien. Elle se rappelle, à ce propos, les défis de ses débuts avec Bernardi qui lui avait offert sa première chance en lui donnant deux mois pour apprendre le deuxième acte des Noces de Figaro et le deuxième acte de La Dame de pique de Tchaïkovski.
Cette première expérience lui permettra de maîtriser le métier de répétiteur d’opéra, fonction qu’elle assumera à l’Opéra de Montréal depuis son ouverture en 1981 jusqu’en 1993, l’année de ses débuts au Metropolitan Opera de New York.
Une suite d’occasions et… de surprises
« Ma vie n’a été qu’une enfilade d’opportunités », dit-elle en relatant comment, à chaque étape de son évolution, elle a eu des défis à relever, ce qui renforçait sa motivation d’aller de l’avant et d’honorer de la plus belle manière ses engagements.
« On a beau faire des plans de carrière, la vie ne cesse de nous surprendre et de nous lancer des défis. Il faut simplement être au rendez-vous des tournants décisifs et savoir saisir les occasions que la vie nous offre. » Ainsi Denise Massé résume-t-elle sa philosophie, citant comme exemple l’occasion qu’elle a eu de travailler à New York. Une expérience exceptionnelle qui lui a ouvert de nouveaux horizons et lui a permis de faire des rencontres intéressantes.
Longue haleine
« Préparer un chanteur nécessite beaucoup de travail. Le coach doit avoir une connaissance approfondie de l’orchestration, de la personnalité du chanteur, de la ligne mélodique. C’est un travail qui nécessite une période d’entraînement assez longue, indique Denise Massé. Un opéra représente entre trois à cinq semaines de travail six jours par semaines, six heures par jour. Des centaines d’heures sont donc en jeu. Artistes, chanteurs, musiciens et chef de chant veillent à ce que chaque production soit le plus près de la perfection, précise-t-elle. Chaque chanteur a sa personnalité. Au MET, il peut y avoir trois personnes pour le même rôle en cas de problème. C’est donc trois rôles différents qui seront à travailler. »
Pour Denise Massé, chaque interprétation d’un rôle est unique et singulière. Elle parle avec ardeur des rencontres qui l’ont marquée, notamment avec les grands artistes au MET. Elle raconte, par exemple, sa première expérience avec Placido Domingo pour la préparation de Carmen. « J’avais écouté tous ses enregistrements pour savoir où il en était. On ne peut pas se permettre de faire des commentaires dès le premier abord. Il faut être poli, respectueux et humble, sachant que les grands artistes veulent s’améliorer continuellement et que la perfection reste toujours l’objectif à atteindre », dit-elle en affirmant que chaque expérience avec un chanteur apporte sa valeur ajoutée en enseignements pour le développement du métier de chef de chant.
Autre volet de la vie de cette artiste, récemment intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique, son enseignement à la Juilliard School of Music. « Pour la préparation de la relève, il faut être très patient », note-t-elle. Et d’ajouter qu’elle fait en sorte de rendre la vie difficile à ses élèves pour les préparer à une carrière professionnelle où il n’est pas facile de percer sans une grande détermination. Sa joie est immense quand elle remarque comment les bons élèves assimilent ses enseignements et travaillent dur pour atteindre les objectifs fixés.
L’école de fin d’études en opéra
par Wah Keung Chan, publié dans La Scena Musicale, juin 2004
La « perfection » n’existe pas dans le monde de l’opéra, déclare Joan Dornemann, coach vocale de renommée internationale. « Ce que nous voulons inculquer aux jeunes chanteurs, c’est qu’il n’y a que du merveilleux dans l’opéra : la chair de poule, l’excitation, la magie… Mais la perfection est quelque chose qu’aucun d’entre nous ne recherche. » En juin, Dornemann réunira 18 professeurs de calibre mondial (dont les artistes de renom Mignon Dunn, Catherine Malfitano et Sherrill Milnes) à Montréal pour le premier Institut canadien d’art vocal (ICAV). Quarante jeunes chanteurs prometteurs du monde entier dont 18 Canadiens (et plusieurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal) y participeront.
L’ICAV est en fait la création d’une escale canadienne de l’International Vocal Arts Institute (IVAI), une école d’été haut de gamme pour la fin d’études en opéra, fondée et dirigée par Dornemann il y a 17 ans. Cet institut itinérant fait également escale en Israël, à Porto Rico, en Chine et au Japon. Aujourd’hui, il peut se targuer de compter plus de 40 diplômés de l’IVAI sur la liste du Metropolitan Opera de New York.
La création de l’ICAV est un coup d’éclat pour Montréal et le Canada. L’idée provient d’un rêve de l’ex-Montréalaise, coach vocale et instructrice de l’ICAV, Denise Massé. « Il y a trois ans, j’étais dans un café de Shanghai quand j’ai dit à Faigie Zimmerman, directrice de l’école de Tel Aviv et également ex-Montréalaise, qu’il fallait quelque chose comme ça à Montréal, et elle a tout de suite lancé l’idée. » La Fondation Jacqueline-Desmarais a apporté son soutien financier en offrant des bourses d’une valeur de 200 à 2000 dollars.
« Les Canadiens ont toujours eu de bonnes voix, dit Massé. J’ai vu beaucoup de chanteurs québécois qui étaient fantastiques. Je pense que les gens ici pensent que nos chanteurs ne sont pas bons à moins qu’ils ne chantent ailleurs. Il y a un manque de confiance dans notre propre jugement. Nous avons besoin du jugement des gens de l’extérieur pour être reconnus. Les chanteurs québécois ne sont pas au courant de ce qui se passe à l’extérieur du Canada, et c’est une faiblesse. Ils devraient sortir davantage, aller aux concours et aux auditions. Ils ne peuvent pas avoir une carrière locale, pas dans l’opéra. Un Américain qui veut être reconnu doit aller en Europe et vice versa.
Je pense que les Québécois auraient tout à gagner à travailler et à voir comment les choses se font ailleurs. Cela permet de voir où l’on se situe, quelles sont nos forces et nos faiblesses. »
Durant les deux semaines de cours, les élèves suivront des leçons quotidiennes de technique vocale, de diction et de coaching. Quel genre de progrès peut-on espérer voir ? « Il faut cinq minutes pour donner à quelqu’un une nouvelle idée merveilleuse, mais il faut 50 jours pour commencer à la mettre en œuvre avec régularité, et cinq mois pour qu’elle devienne une partie de votre corps, dit Dornemann. Deux semaines est un délai trop court pour donner des résultats permanents. C’est suffisant pour repérer certains talents, faire connaissance et soulever un certain enthousiasme ; c’est suffisant pour donner des idées aux gens et les aider à sécuriser le chemin qu’ils empruntent, ou à voir où ce chemin devrait les mener. Les faits et les concepts musicaux sont plus longs à assimiler.
Nous pouvons ouvrir l’esprit des étudiants pour leur donner une autre vision de la carrière, de l’enseignement et de l’urgence; pour leur montrer qu’ils doivent se concentrer et ne pas trop se détendre, dit Massé. Ils voient à quelle vitesse ils doivent faire les choses et à quel point ils doivent travailler dur, et cela les motive. Cela peut aussi les inciter à poser plus de questions. C’est précieux. Généralement, ils travaillent différemment après : ils sont plus sérieux et plus intenses dans leur travail, et développent des amitiés avec les étudiants de l’extérieur. Cela déclenche une autre chaîne d’événements »
Quelles sont les idées les plus importantes à transmettre aux élèves ? « Le chanteur doit cesser d’être un étudiant et commencer à être un interprète, dit Dornemann. Il est important de ne pas avoir peur de communiquer. Les trois éléments clés d’un bon chanteur sont la voix, le jeu et la musicalité. Vous pouvez être extrêmement doué dans l’un de ces domaines et faire carrière. Certains sont merveilleux dans les trois composantes et progressent beaucoup plus vite. C’est à nous de les aider à réaliser leur don. Les chanteurs ont toujours besoin d’aide pour apprendre la musique plus facilement et de manière plus fiable. Il y a des choses fondamentales comme le soutien de la respiration, ne pas sous-chanter ni sur-chanter. La grande pierre d’achoppement est le style. Il est facile à reconnaître, mais difficile à expliquer. Nous sommes là pour aider à traiter la musicalité de la langue.
Il fut un temps où un élève avait une leçon chaque jour où il s’échauffait avec le professeur. À un certain moment, presque tous les chanteurs ont besoin de ce genre d’attention. C’est merveilleux que nous puissions offrir cela par le biais de l’ICAV. Cette année, nous commençons par un programme de deux semaines. Avec un peu de chance, il s’étendra à quatre semaines et nous pourrons préparer des opéras mis en scène comme nous le faisons à Tel Aviv. »
Le retour de Denise Massé
L’ICAV de juin est l’occasion d’un retour au bercail pour la coach vocale Denise Massé, qui a quitté définitivement Montréal en 1997 pour New York où elle est devenue l’une des principales coachs vocales au monde, travaillant au Metropolitan Opera dans le répertoire français et enseignant à Juilliard. La perte pour le Canada de la talentueuse pianiste et coach de 58 ans est survenue après que Bernard Uzan ait mis fin à son contrat à l’Opéra de Montréal en 1993. « Charles Dutoit et Richard Bradshaw au COC m’ont donné du travail, mais ce n’était pas suffisant. Je travaillais à mi-temps ici et à mi-temps à New York. Quand j’ai finalement déménagé à New York, je savais que je pourrais échouer. »
Mais l’échec n’attendait pas Massé, car le Metropolitan Opera lui a fait signe. « Le metteur en scène Fabrizio Melano m’a organisé un rendez-vous avec l’administrateur musical du Met, Craig Ruthenberg, qui m’a dit qu’ils avaient besoin de quelqu’un pour coacher Les Troyens, un travail qu’elle avait fait avec Dutoit. Lors d’une des répétitions, Kent Noda, assistant de James Levine, est venu. Deux jours plus tard, le maestro Levine est venu. C’était mon audition. Depuis, Massé a travaillé avec Boulez, Colin Davis, Haitink, et l’année prochaine, elle coachera Carmen pour Daniel Barenboim à l’Opéra Staats de Berlin. Tout cela n’est qu’un fantasme. À Montréal, j’étais heureuse, mon verre était plein. Soudain, on m’a donné un autre verre. »
L’Institut canadien d’art vocal se déroulera du 5 au 20 juin à l’Université de Montréal et en collaboration avec la Société musicale André-Turp qui amènera un volet chanson.
Le public est invité à une série de classes de maître et de concerts.
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