Critique | Opéra’Actuel 2022: des pierres précieuses et un diamant brut

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Par Dino Spaziani et Justin Bernard

Plusieurs artistes, compositeurs, interprètes, musiciens du milieu opératique contemporain se retrouvaient pour une présentation d’extraits d’avant-première… en attendant que les œuvres soient (peut-être) un jour complétées. Dans une série de courtes interventions, Marie-Annick Béliveau, sur écran géant, nous détaillait les choix de Chants Libres et la possibilité pour une ou quelques-unes de ces pré-productions d’être créées dans leur intégralité.

Cinq extraits avaient été retenus : Jailli – mis brujerías du compositeur Marco Antonio Pérez-Ramirez (France) sur un livret de Laurence Saboye, L’épaisseur du silence de Jesse Plessis (Canada), sur un livret de Thomas Ayouti, Future Games de Nicola Straffelini (Italie), sur un livret de Carlo Cenini (opéra intégral en une seule scène), La Noix & Le Diamant de Vytautas Bucionis (Lituanie), sur un livret de Caroline Allard et – coup de cœur de La Scena Musicale – L’écoute du perdu de Keiko Devaux, sans mots et à bout de souffle, dans une mise en scène de Marie Brassard. Pleine d’idées nouvelles, cette dernière pièce s’est révélée être un voyage sonore et onirique sur les traces lointaines de notre mémoire à chacun, telle une présence fantomatique qui demeure au plus profond de nous. On a déjà très hâte à la première de cet opéra au complet en février 2023 !

Jean-Michaël Lavoie, chef. Ruben Brutus.

C’est à Tim Brady et à sa création Backstage at Carnegie Hall : un opéra sur le racisme et la guitare électrique, sur un livret d’Audrey Dwyer, que fut confiée l’introduction du spectacle. La scène sélectionnée par le compositeur mettait en scène Ruben Brutus dans le rôle du guitariste Charlie Christian. Le jeune interprète semblait vivre en temps réel la nervosité du personnage à ce moment-là dans l’opéra.

Au côté des chanteurs, l’ensemble Paramirabo et son directeur artistique et flûtiste Jeffrey Stonehouse maniaient les partitions avec brio et virtuosité sous la direction limpide du chef Jean-Michaël Lavoie.

Ce que vous avez manqué, outre L’écoute du perdu : la diversité des approches contemporaines opératiques, des voix intrigantes qui, certes, manquent encore de l’expérience de scène, mais dont la plupart ont le potentiel de devenir de grandes voix de l’opéra contemporain. Leurs noms : Sarah Albu, Émilie Daoust-Versailles, Raphaël Laden-Guindon, Frédéricka Petit-Homme et Brittany Rae. À la liste de ces chanteurs s’ajoutait Marie-Annick Béliveau, nouvellement nommée au poste de directrice artistique de la compagnie lyrique. Dans Jailli – mis brujerías, elle nous a offert un formidable duo avec la clarinettiste Charlotte Layec. Les deux artistes se répondaient du tac au tac et leurs lignes s’entrecroisaient au point de se fondre en une seule.

Ce que vous n’avez pas manqué : un extrait de l’opéra de Brady, avec un jeu de guitare et une pédale de volume certes habiles, mais qui nous a laissé sur notre appétit. La voix de Ruben Brutus, à laquelle nous nous attendions peut-être beaucoup, nous a laissé croire qu’il n’était pas dans la meilleure de ses formes. Nous restons néanmoins convaincus que c’est une œuvre à voir dans son intégralité, les 23 et 24 septembre prochain au Théâtre Centaur.

Opera’Actuel 2022 (7 e édition). En collaboration avec Bradyworks et Musique 3 Femmes. Samedi 27 août 2022, Théâtre Rouge du Conservatoire à Montréal. https://chantslibres.org

 

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