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Angela Hewitt, pianiste de renommée mondiale, dit qu’elle est « en voie de guérison ». Elle a chuté dans un escalier le 24 janvier dans une église d’Oxford, en Angleterre, 90 minutes avant d’interpréter le premier livre du Clavier bien tempéré de Bach pour la première fois en dix ans.
Même si la douleur était « terrible », elle est montée sur scène, avec l’aide de deux hommes forts, de la glace et d’un fauteuil roulant. Elle ne pouvait pas utiliser la pédale gauche ou mettre du poids sur son pied gauche, qui fut confirmé plus tard comme fracturé.
« Je n’aime pas décevoir les gens », explique Hewitt. Au moment de la chute, la foule de 450 personnes avait déjà commencé à arriver. « Je leur ai dit que je pourrais m’arrêter, mais l’adrénaline, la musique, vous emporte. C’est ce que vous êtes entraîné à faire. »
Professionnelle accomplie, Hewitt a déjà joué dans des conditions défavorables auparavant. La situation la plus difficile fut en Angleterre il y a dix ans, ou elle a dû jouer quelques heures après avoir appris le décès de sa mère au Canada. « Quand vous pouvez faire cela, vous pouvez faire n’importe quoi », a-t-elle déclaré à la CBC.
Bien que son vaste répertoire inclut Beethoven, Fauré, Ravel, Granados et Messiaen, elle est surtout connue comme interprète de premier plan de la musique de J.S. Bach. Fille de Godfrey Hewitt, organiste et chef de chœur à la cathédrale Christ Church d’Ottawa, Hewitt est engagée dans la musique de Bach depuis son enfance et a enregistré toutes ses œuvres pour clavier.
Peu de temps avant sa chute, elle a appris qu’elle recevrait le prix du Gouverneur général pour les arts de la scène pour l’ensemble de ses réalisations artistiques. Ce prix est décerné à des artistes nommés par le public pour leur « travail exceptionnel et leur contribution durable aux arts de la scène au Canada ».
« Je suis profondément honorée qu’on me le donne, a déclaré la pianiste. C’est bien que mon pays ne m’ait pas oubliée. »
Si Hewitt était peintre ou sculpteur, son projet actuel serait un monument ou une peinture murale. Elle est au milieu de son Odyssée Bach, une série de concerts de quatre ans qui se terminera en 2020, composée de douze récitals d’œuvres complètes de Bach présentées dans vingt-six pays. « C’est énorme, dit Hewitt. C’est un résumé d’une partie de ma carrière. Il est opportun que [le PGGAS]arrive maintenant. »
Dans sa gestion de carrière, Hewitt a été créative et proactive. Comme étudiante, elle a participé à de nombreux concours, y compris trois concours Bach, dont le dernier, le Concours international de piano Bach de Toronto en 1985, a lancé sa carrière en tant qu’interprète du compositeur à 27 ans.
Le prix comprenait un enregistrement avec Deutsche Grammophon. « Cela s’est très bien passé et l’enregistrement a été nommé pour un prix Gramophone », se souvient Hewitt.
Un différend entre Hewitt et le service de marketing a mis fin à cette relation. Hewitt dit que DG la considérait comme non commercialisable. « Ce n’était pas suffisant de bien jouer du piano. »
Pendant neuf ans, Hewitt n’a pas enregistré, mais elle a continué à donner des concerts. Avec du recul, elle sent que ce fut une période fructueuse dans sa vie. « J’ai travaillé très dur, j’ai appris le répertoire. Certains enfants en reçoivent trop, trop tôt. Ils n’ont pas beaucoup de temps pour apprendre les choses en paix sans être sous le regard du public. »
En 1994, elle voulut commencer un projet sur Bach. De sa propre initiative, elle a enregistré les deux parties des Inventions de Bach et a approché Hyperion Records.
Hyperion était intéressé, mais seulement si elle en faisait une série. Depuis, Hewitt, qui vit à Londres, a enregistré exclusivement pour ce label britannique, complétant le cycle de Bach en 2005.
Elle a eu l’idée de se lancer dans une « tournée Bach mondiale » en 2007-2008, interprétant Le Clavier bien tempéré dans 21 pays. Parmi ses nombreuses réalisations, il y a le festival annuel Trasimeno en Italie, dont elle est la directrice artistique. Hewitt appelle cet événement, maintenant dans sa 14e année, « la meilleure chose que j’aie jamais faite ».
À l’heure actuelle, Hewitt achève un cycle de sonates de Beethoven. Elle enregistrera bientôt les sonates pour piano nº 29 « Hammerklavier » et nº 32 opus 111 de Beethoven. L’enregistrement sera publié en 2019.
Certains se réfèrent à Hewitt en tant que spécialiste de Bach. Il serait plus exact de l’appeler une ambassadrice de la musique de Bach, qu’elle a entendue, chantée, dansée, jouée sur la flûte, le violon et, bien sûr, le piano, le clavecin et l’orgue toute sa vie. « Mon aventure avec Bach a commencé dès le jour de ma naissance, et même avant », écrit-elle sur son site Web.
« Il n’y a rien de superficiel, tout est basé sur son incroyable talent musical et sa foi profonde. La beauté de sa musique est écrasante, il n’y a rien d’ostentatoire. Cela peut être incroyablement impressionnant, mais tout provient d’une expression musicale très authentique. Il avait une joie, une verve, une tendresse, une humanité extraordinaires. Ce fut écrit il y a 300 ans, mais n’est pas démodé. On ne s’ennuie jamais en l’écoutant. »
Hewitt communique son amour de la musique de Bach non seulement à travers ses concerts et ses enregistrements, mais aussi en écrivant son propre programme et ses propres notes, en donnant des cours de maître et en réalisant des vidéos pédagogiques sur l’interprétation de Bach.
« J’ai passé plus de temps avec Bach que toute personne vivante. J’aime partager sa musique avec les gens. J’ai amené sa musique partout dans le monde, des pièces célèbres jusqu’aux pièces assez inconnues. »
« Plus que tout autre compositeur, j’ai fait de Bach ma vie. Mon Odyssée Bach sera sans fin. »
Angela Hewitt interprétera les Variations Goldberg de Bach à la salle Pollack à Montréal le 29 avril à 15 h 30 pour le Ladies’ Morning Musical Club (www.lmmc.ca) et donnera un récital de Bach et Scarlatti au centre Isabel à Kingston le 5 mai à 19 h 30 (www.queensu.ca).
Traduction par Mélissa Brien
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