Critique concert | Toronto Mendelssohn Choir modernise la musique baroque

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Le Toronto Mendelssohn Choir a ouvert sa saison 2023/24 avec In Time, un programme alliant musique baroque et danse contemporaine.

Le chœur a collaboré avec les danseurs de la Compagnie de la Citadelle pour créer un amalgame d’ancien et de nouveau qui était à la fois captivant et accrocheur. La danse a été intégrée au Christ lag in Todesbanden (Le Christ gît dans les pièges de la mort) de Bach et au Dixit Dominus de Haendel.

Compte tenu de la popularité de la danse à l’époque baroque, il n’est pas surprenant que cette musique soit bien adaptée à l’accompagnement de la danse. Le Bach mettait en scène un danseur soliste qui interprétait le texte allemand de manière assez littérale. À certains moments, la danse se concentrait principalement sur la partie supérieure du corps et comportait des mouvements de bras extrêmement spectaculaires. Parfois, cela détournait quelque peu l’attention de la ligne de basse de la musique, car les mouvements sporadiques correspondaient plutôt aux lignes mélodiques actives du clavecin droit, des violons et des sopranos. La danse baroque se caractérise traditionnellement par un jeu de jambes compliqué, basé sur la structure du rythme et le contour des accords, qui servent à ancrer la danse. Malgré ces décalages, la danse était une nouvelle forme de narration attrayante qui met en valeur la musique.

Le Dixit Dominus de Haendel clôturait le concert et mettait en scène six danseurs d’âges très divers. La danse était ici moins interprétative que dans le Bach, mais elle était étonnamment appropriée. Les caractères et les textures de la musique ont été reproduits sur scène, ce qui a rendu l’interprétation extrêmement attrayante.

Le point culminant du concert a été To the Hands de Caroline Shaw. Cette œuvre en six mouvements pour chœur et quintette à cordes est une réponse moderne au cycle de sept cantates de Buxtehude : Membra Jesu Nostri. Commençant au temps du Christ, les premiers mouvements font référence à la crucifixion et explorent la question « Quelles sont ces blessures au milieu de tes mains ? » À partir de là, la question se déplace pour englober une perspective plus contemporaine, multiculturelle et sécularisée. Le texte passe du latin à l’anglais et pose la question : « Quelles sont ces blessures au milieu de nos mains ? » L’ensemble a traité ce sujet profond avec éloquence et habileté, décrivant un voyage de l’ancien au nouveau à travers des changements de caractère, de technique et de timbre

En effet, au fur et à mesure que la composition progresse, Shaw introduit des techniques poussées tant dans le chœur que dans le quintette. Le cinquième mouvement, par exemple, commence par une flexion de la hauteur et des trémolos au violon, tandis que le chœur commence à parler plutôt qu’à chanter. Les chiffres qu’ils énoncent correspondent au nombre de personnes déplacées de leur pays d’origine en 2015. Au fur et à mesure que les chiffres passent des milliers aux millions, le chœur utilise la voix de manière nouvelle et unique, entremêlant magistralement le rythme et la stratification avec une attention particulière à l’emphase et à la dynamique.

Ce début de saison a montré de manière splendide comment la musique baroque peut à la fois être modernisée et rester fidèle à son caractère, et le public en redemandera.

Traduction par Andréanne Venne

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