Critique CD | Iridescence (Leaf Music, 2023)

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Iridescence
Frédéric Lambert, alto; Ali Kian Yazdanfar, contrebasse
Leaf Music, juin 2023

L’altiste Frédéric Lambert et le contrebassiste Ali Kian Yazdanfar ont voulu mettre en valeur les instruments souvent laissés « dans l’ombre du violon et du violoncelle ». Iridescence consiste donc en une nouvelle musique adaptée à leur instrumentation unique. Le morceau d’ouverture, The Fisherstreet Duo d’Evan Chambers, est en deux mouvements. Le premier est une complainte pour un ancien professeur, tandis que le second est une gigue irlandaise lente et nautique. Si cette association thématique peut sembler inhabituelle, la musique reflète parfaitement l’association timbrale non habituelle de l’album. Dans la complainte, les deux instruments commencent dans les registres les plus élevés, rappelant presque le violon et au violoncelle qu’on a l’habitude d’entendre. Dans la transition vers la gigue, les instruments s’expriment pleinement, démontrant l’étendue du timbre possible à l’alto et à la basse. Des techniques étendues telles que le col legno (utilisation de la baguette, en bois, de l’archet sur les cordes) sont lentement introduites et constituent une transition parfaite vers Thème varié de Jean Françaix pour contrebasse solo. Yazdanfar saisit cette occasion pour montrer la véritable polyvalence de son instrument, tirant le meilleur parti de sa tessiture, des doubles jeux, du pizzicato et d’autres techniques.

L’un des points forts de l’album est sans doute le Duo pour alto et contrebasse de Gareth Wood. Le premier mouvement « Moderato » capture la beauté simple du duo classique, démontrant la valeur de cette collaboration. Le mouvement suivant, « Presto », est une explosion d’énergie qui met une fois de plus en évidence la polyvalence du duo : leurs lignes autrefois longues, transformées en attaques abruptes, s’avèrent on ne peut plus revigorantes.

Dans l’ensemble, Lambert et Yazdanfar font ressortir de manière experte la polyvalence et la beauté de ces instruments de la section des cordes souvent éclipsés. Leur jeu habile et leur utilisation délicate de la forme, de la dynamique et des techniques étendues démontrent le caractère unique de la contrebasse et de l’alto. Dans les notes de pochette de l’album, le duo indique qu’il a choisi le titre Iridescence en raison de sa définition : une chose est iridescente lorsqu’elle change de couleur ou de teinte en fonction de l’angle sous lequel on la regarde. On ne saurait mieux décrire le caractère de cette musique.

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