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Victor Julien-Laferrière est un artiste très recherché. En septembre, le jeune violoncelliste français a parcouru la Normandie, avec l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, dans une série de concerts où il a notamment interprété le Concerto en ré de Haydn. On a aussi pu l’entendre aux côtés de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dans les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski. Gagnant du 1er prix au Concours Reine Élisabeth à Bruxelles en 2017 lors de la première édition consacrée au violoncelle, Victor Julien-Laferrière a aussi la chance de se produire hors de France, sur des scènes parmi les plus prestigieuses d’Europe. Au début du mois d’octobre, il a été invité au Concertgebouw d’Amsterdam pour jouer la partie soliste du concerto de Dutilleux, intitulé Tout un monde lointain, sous la direction de nul autre que Valery Gergiev. À la fin du mois, il quittera le continent européen pour un récital unique au Ladies’ Morning Musical Club, à Montréal, marquant ainsi ses débuts au Canada.
Musique et sport
Victor Julien-Laferrière mène une carrière tambour battant. Pour autant, ce violoncelliste de 29 ans garde la tête sur les épaules. « Il est essentiel pour moi de prévoir du temps pour me ressourcer et refaire le plein d’énergie, chez moi, ne serait-ce que pour quelques jours », nous a-t-il confié. Ce passionné de sport, notamment de tennis, sait qu’il doit être en bonne forme physique et mentale pour affronter les risques du métier. La performance d’un soliste n’est certes pas comparable, en termes d’intensité, à celle d’un athlète de haut niveau, mais au moment voulu, le mental et les réflexes doivent être tout aussi aiguisés.
Ses passions musicales
Victor Julien-Laferrière veille à garder intacte sa passion pour la musique classique. Il l’entretient notamment au fil de ses collaborations avec d’autres musiciens – comme avec le pianiste Jonas Vitaud, qui sera son partenaire de scène à Montréal et dans d’autres tournées à venir. Le soliste Victor Julien-Laferrière a, en effet, un goût prononcé pour les sonates, les trios et les quatuors, comme en témoigne sa discographie déjà conséquente. D’ailleurs, parmi les raisons qui l’ont poussé à choisir le violoncelle, il mentionne le fait que cet instrument lui donne accès à un vaste répertoire de musique de chambre… et autant de possibilités de jouer à plusieurs !
Victor Julien-Laferrière écoute aussi souvent des musiciens susceptibles de l’inspirer dans sa propre démarche. « Cela fait partie de mon travail. Je ne veux pas spécialement réentendre de la musique pour violoncelle en plus de celle que je joue déjà. Je vais plutôt écouter de la musique pour orchestre, de la musique pour piano et des chanteurs [d’opéra]. » À ce propos, Victor Julien-Laferrière souscrit volontiers à l’idée que tout instrumentiste devrait chercher à recréer l’impression d’un chant, inhérent au mouvement perpétuel de la musique.
Ses modèles, son style
Quels sont donc ses modèles, capables de « faire chanter leur instrument » ? Plutôt que d’évoquer les maîtres du passé, Victor Julien-Laferrière mentionne le nom de violoncellistes qu’il côtoie ou qu’il a déjà rencontrés : la jeune violoncelliste allemande Marie-Elisabeth Hecker, par exemple, ou encore l’Autrichien Clemens Hagen, qui a été son professeur au Mozarteum de Salzbourg. Pour ce qui est des grands noms du violoncelle, Victor Julien-Laferrière se sent plus proche d’un Pablo Casals. Comme il le dit lui-même : « Je ne cherche pas à mettre de l’affect là où il ne doit pas y en avoir dans la musique. » Ce style, qui n’est donc pas débordant de sentiments, ferait-il de Victor Julien-Laferrière un digne représentant de l’école française ? L’intéressé s’en amuse. « Oui, je suis Français, j’ai grandi à Paris et étudié au Conservatoire. Mais j’ai fait l’essentiel de ma formation à Vienne auprès d’Heinrich Schiff et en Suisse à l’International Music Academy—Switzerland. Certains diraient plutôt que je suis de l’école allemande. En réalité, tout au long de mon parcours, je me suis nourri d’influences multiples. »
Entre concerts et enregistrements
Victor Julien-Laferrière partage son temps entre les tournées de concerts, les périodes de répit et les séances d’enregistrement. Deux de ses précédents opus – un album sur Brahms, sorti en 2014, et un autre sur Brahms, Franck et Debussy, sorti en 2017 – lui ont valu un Diapason d’or chacun. Une double récompense qui relève de l’exploit pour un artiste aussi jeune. En début d’année, il a fait paraître un album Schubert avec le trio Les Esprits chez Sony Music. Cet automne, chez Alpha Classics, il sort un sixième album consacré aux sonates russes, avec le pianiste Jonas Vitaud. Au LMMC, Victor Julien-Laferrière n’entend pas faire de son récital une simple promotion. Certes, on retrouvera une sonate de Rachmaninov, mais le reste du programme témoigne d’un éclectisme auquel le jeune violoncelliste est attaché, depuis ses études hors de France. Le 27 octobre prochain, en plus du compositeur russe, il interprétera Beethoven, Poulenc et Janáček, tous de nationalités et de styles très différents.
Projets à venir
Son dernier album vient à peine d’arriver chez les disquaires qu’un autre album de concertos prévu pour le printemps prochain est déjà en préparation. Victor Julien-Laferrière souhaite, par ailleurs, poursuivre sa participation à des causes qui lui sont chères, comme récemment à un concert de collecte de fonds pour Notre-Dame de Paris avec le violoniste Renaud Capuçon. Le jeune violoncelliste a d’autres idées, plus grandes encore. Amateur de musique orchestrale, il songe à commencer une formation pour pouvoir, un jour, diriger son propre ensemble.
Victor Julien-Laferrière sera en récital au LMMC le 27 octobre prochain. www.lmmc.ca
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