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Max Reger fait partie de ces grands oubliés de l’histoire musicale. Il faut remonter plus de 50 ans en arrière pour trouver une de ses œuvres pour orchestre dans les archives de l’Orchestre symphonique de Montréal. Depuis, quelques rares exécutions, notamment de sa mélodie Maria Wiegenlied que l’on associe souvent à la période des fêtes, mais aucun concert dédié à ce compositeur allemand, né à Brand (Bavière) en 1873, mort à Leipzig en 1916, et dont Paul Hindemith disait qu’il était « le dernier géant de la musique ».
Le directeur artistique des productions Temps Fort, Pascal Germain-Berardi, a souhaité réparer cette injustice et célébrer, comme il se doit, le 150e anniversaire de naissance de Max Reger. Le 16 novembre prochain, à l’église Sacré-Cœur-de-Jésus, il dirige un concert d’œuvres chorales du compositeur, auxquelles s’ajoutent une œuvre pour chœur de Johannes Brahms et trois autres de Paul Hindemith, justement. Ce choix n’est pas anodin : Max Reger a été fortement influencé par le premier et a lui-même exercé une influence sur le second.
« Mon premier contact avec Max Reger, c’était lorsque j’étais aux Petits Chanteurs du Mont-Royal. J’avais 12 ans. Notre chef, Gilbert Patenaude, avait eu l’idée folle de proposer une pièce du compositeur. Avec ses chromatismes et son langage sinueux, c’était loin d’être facile. Je me souviens que ça nous avait pris 6 mois. Même à notre niveau – nous faisions du solfège du lundi au vendredi –, c’était tout un défi », confie Pascal Germain-Berardi.
Auteur d’une trentaine d’œuvres pour orchestre, Max Reger s’est montré aussi prolifique dans divers genres vocaux, à l’exception notable de l’opéra. « Il reste un artiste complet, capable d’offrir autant des moments sombres, de grande densité, que des moments de beauté sublimes, parfois à l’intérieur d’une même pièce comme dans O Tod, wie bitter bist du (Ô mort, tu es si amère). Max Reger était obsédé par la notion du temps qui passe, par les compositeurs qui étaient morts jeunes. Ça se reflète aussi dans sa façon de vivre. Il avait le romantisme tatoué sur le cœur. Il travaillait chaque jour jusqu’à s’en épuiser. Il mangeait, buvait, fumait beaucoup. Il consommait la vie. »
Pour Pascal Germain-Berardi, Max Reger est celui qui est allé le plus loin dans l’expression tonale, sans jamais toutefois franchir le pas de la modernité. « Sa musique est constamment en mouvement, ce qui la rend aussi très expressive. Avec le recul, on comprend pourquoi, à l’époque, elle pouvait être considérée comme radicale. De jeunes musiciens comme Arnold Schoenberg, Alban Berg et Karol Szymanowski se sont tous demandé ce qu’ils pouvaient faire de plus. Aujourd’hui, avec tout ce que l’on a entendu en termes de sonorités et de styles, je pense qu’on est rendu au point où on peut apprécier Max Reger à sa juste valeur. »
Hommage à Max Reger. Concert le 16 novembre 2023, à 19 h 30, à l’église Sacré-Cœur-de-Jésus. Pour tous les détails, visitez le www.tempsfort.quebec
Playlist
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