Opéra de Québec : Don Pasquale sous le charme des années 60

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Deuxième opéra comique depuis son Festival d’opéra et deuxième participation d’Anne-Catherine Gillet. Après Une Veuve joyeuse, cet été, l’Opéra de Québec a renoué avec le genre de la comédie lyrique et avec la soprano belge qui avait chanté Marguerite dans la production acclamée de Faust de Gounod. Elle interprétait cette fois le rôle de Norina dans Don Pasquale de Donizetti au côté d’autres chanteurs issus de la Francophonie et bien évidemment du Québec.

Par son magnétisme, son aisance à se mouvoir sur scène et sa voix généreuse, Anne-Catherine Gillet a été la figure centrale de cette production. Le baryton Hugo Laporte (Docteur Malatesta), natif de Québec, a prouvé encore une fois qu’il était capable de livrer des prestations vocales de très haut niveau avec une régularité à toute épreuve. Dans un autre rôle de soutien, le Français Patrick Kabongo (Ernesto) a mis beaucoup de cœur dans l’incarnation de son personnage. Il a exécuté élégamment les pianissimos de sa partie de ténor, mais il lui a parfois manqué de coffre pour rivaliser avec le son de l’orchestre. Profitons de l’occasion pour saluer ici la prestation des musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec sous la direction exceptionnelle de Laurent Campellone, et notamment le long solo du trompettiste d’Andre Dubelsten dans l’air Povero Ernesto (acte II); un mariage avec la voix assez rare pour être souligné.

Quant à Olivier Déjean, il n’a pas convaincu dans le rôle-titre. La voix de la basse française projetait péniblement au-delà de l’orchestre, au point que ses efforts semblaient vains dans les duos et les numéros d’ensemble. Néanmoins, l’un des moments forts de cette production est intervenu en sa présence, lorsque Don Pasquale a quitté l’hôpital pour s’en retourner chez lui et faisait mine de marcher d’un bon pas tandis que l’animation sur grand écran derrière lui donnait à voir de merveilleux décors en mouvement. On y voyait ceux d’une ville dessinés au crayon avec quelques touches de couleurs de style aquarelle.

Le metteur en scène Jean-Sébastien Ouellette et le scénographe Michel Baker avaient opté pour une production située dans le Québec des années 60, tant par les costumes, les fonds d’écran psychédéliques que le cabriolet Ford Mustang noir dans lequel voyageaient Ernesto et ses compagnons. Une production très colorée, pleine de charme, de nostalgie, et de poésie. On retient par exemple la scène où la voiture se trouvait à l’arrêt, mais où la campagne dessinée au crayon et aux aquarelles continuait de défiler sur le grand écran central et donnait ainsi l’idée de mouvement. Mentionnons aussi la scène en forêt avec, une fois encore, des dessins très stylisés et des couleurs vives. Bref, une production qui certainement rentrera dans les annales de l’Opéra de Québec.

Don Pasquale de Gaetano Donizetti. Olivier Déjean (Don Pasquale), Anne-Catherine Gillet (Norina), Hugo Laporte (Docteur Malatesta), Patrick Kabongo (Ernesto); mise en scène : Jean-Sébastien Ouellette; décors : Michel Baker Orchestre symphonique de Québec; Laurent Campellone, chef. Première, le 22 octobre. Reprises le 25, 27 et 29 octobre. Grand Théâtre de Québec. https://operadequebec.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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