Les Violons du Roy: 40 ans d’histoire musicale

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La saison 2024-2025 marque le 40e anniversaire des Violons du Roy. Fondé par Bernard Labadie en 1984, l’orchestre de chambre de Québec s’est fait connaître par ses concerts et ses enregistrements dans le répertoire baroque avant d’aborder – depuis quelques décennies déjà – tout un éventail d’œuvres de différentes époques, du classique au contemporain en passant par le style romantique. La programmation de cette nouvelle saison est, de ce point de vue, une forme d’hommage à la diversité des musiques inscrites à son répertoire.

Les Violons du Roy ont entamé le millésime 2024 par deux quatuors et un quintette de Mozart. Ils ont ensuite présenté des cantates de Bach en compagnie du contre-ténor Hugh Cutting et, sous la direction de leur chef principal Jonathan Cohen, accompagné les inséparables Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux dans un florilège d’airs et de duos d’opéras de Haendel. En décembre, c’est avec le Messie du même compositeur que l’orchestre terminera l’année.

En 2019, Bernard Labadie s’était déjà exprimé dans nos pages sur ce chef-d’œuvre de la musique sacrée. « Dans ma carrière, j’ai dirigé le Messie des centaines de fois. Désormais, je m’y replonge à peu près une fois tous les 4 ans. Et je ne m’en lasse pas. Je redécouvre la qualité exceptionnelle de la narration musicale et la façon admirable dont Haendel a construit cette œuvre, qui ressemble par moments à un opéra choral. Le fait de collaborer avec des artistes aussi talentueux m’ouvre aussi de nouvelles possibilités d’interprétation, comme pour le choix des airs du Messie. »

Labadie a vu passer plusieurs générations d’interprètes. En accordant sa confiance à la soprano Liv Redpath, au ténor Andrew Haji et à la basse William Thomas, joints par le contre-ténor expérimenté Iestyn Davies, le chef emblématique fait à nouveau le pari de la jeunesse. S’il a cédé les rênes de l’orchestre en 2016, il continue de diriger La Chapelle de Québec, chœur qui a été de toutes les épopées depuis 40 ans.

Quelques éléments d’histoire

« En 1985, on a officialisé un chœur qui existait déjà depuis plusieurs années et qui émanait de ce qui était, à l’époque, l’École de musique de l’Université Laval. En fait, il était là avant l’orchestre. Les Violons du Roy ont été d’abord fondés pour accompagner ce chœur. Les deux entités ont ensuite évolué en parallèle, rappelle Bernard Labadie. Mes premiers essais à la direction étaient à une chorale d’église, composée de plusieurs bons chanteurs, dont certains de mes collègues chanteurs – j’ai été brièvement au programme de chant de l’Université Laval. C’était mes débuts comme chef de chœur. »

C’est aussi à l’université, à l’âge de 19 ans que Labadie a dirigé Didon et Énée de Purcell, son tout premier projet avec un petit orchestre à cordes et un chœur. « C’est là que j’ai attrapé la piqûre et que je n’ai jamais regardé derrière. Le répertoire chœur et orchestre a été à l’origine de ma vocation. C’est ça que je devais faire, que je voulais faire dans la vie. »

Aujourd’hui, La Chapelle de Québec recrute ses choristes pas seulement de Québec, mais partout au Québec et au Canada. De leur côté, Les Violons du Roy se différencient des autres formations de chambre en combinant instruments modernes et archets anciens. . « Une importante partie du son et de l’articulation de la musique baroque émane du type d’archet tout autant que de l’instrument lui-même. Notre procédé permet à l’orchestre de jouer plusieurs répertoires différents toute l’année […] Il faut savoir s’adapter. Ma pensée musicale consiste à appliquer diverses conceptions stylistiques à des répertoires variés sans nous enfermer dans un ghetto stylistique », expliquait Labadie lors d’une entrevue dans le numéro de septembre 1997.

Passé l’an 2000, les incertitudes disparaissent peu à peu, le succès des Violons du Roy s’inscrit dans la durée. De l’automne 2004 au printemps 2014, ils feront 18 tournées internationales et 16 albums, peut-on lire dans une section de leur site Internet consacrée aux 40 ans. La collaboration avec ATMA Classique sera notamment marquée par la parution successive de sept albums, dont le remarqué album Piazzolla (prix Juno) sous la direction Jean-Marie Zeitouni. Suivront les albums Bartók et Britten avec ce même chef.

« On est à une époque où les murs élevés au nom de l’orthodoxie tombent sous l’assaut d’une chose très naturelle, la convergence des goûts et des intérêts musicaux. De fil en aiguille, on passe naturellement de Bach à Mozart, puis à l’opéra, etc. Le répertoire musical est un continuum et ce décloisonnement est un phénomène très sain, qui va nourrir tous les musiciens, baroqueux ou non », disait déjà Bernard Labadie à la fin des années 1990.

En mai 2014, Labadie est atteint d’une forme rare de lymphome cancéreux qui fait planer le doute sur ses chances de survie. Une longue guérison contraint le chef fondateur à suspendre sa carrière pendant près de 18 mois, mais il retrouve la force de remonter sur scène.

Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec sont désormais en résidence au nouveau Palais Montcalm de Québec, à la suite de sa rénovation complète en 2007. À cela s’ajoutent deux nouvelles salles idéales pour la poursuite de leur série montréalaise jusqu’à ce jour : la Maison symphonique et la salle Bourgie du Musée des beaux-arts.

 

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Le Messie de Haendel. 12 et 13 décembre à Québec ainsi que le 14 décembre à Montréal. Pour obtenir des billets et replonger dans l’histoire des Violons du Roy, visitez le www.violonsduroy.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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