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Les compositeurs de musique occidentale ont longtemps été tiraillés entre deux forces contradictoires, l’une représentant l’ordre et la raison, l’autre incarnant ce grain de folie qu’on appelle la passion. À leur concert du 28 novembre, Les Boréades choisiront de se ranger du côté de la raison, comme nous l’explique le directeur artistique Francis Colpron.
« J’aimerais démontrer à cette occasion une approche plutôt rationnelle, presque scientifique, de l’art musical, convaincre que la musique est un langage dont nous pouvons dire qu’il est universel, qu’il est issu du génie humain et donc perçu comme une science. Il s’agit de comprendre que quelquefois ce langage peut être obtus, généreux, hermétique, savant… En tout cas, ce qu’il est important de retenir, c’est qu’il fait toujours une impression forte sur l’être humain, qu’il exerce une fascination plus contemporaine, plus mystérieuse que jamais. »
À la lumière de ces réflexions, M. Colpron a souhaité réunir des répertoires que tout oppose sur le papier autour d’un idéal commun. Les Boréades mettront de l’avant plusieurs consorts de la Renaissance anglaise, c’est-à-dire des œuvres pour des familles d’instruments aussi variées que les flûtes à bec et les violes de gambe. « À l’occasion, on pouvait “casser” un consort, qu’on appelait d’ailleurs broken consort. Dans ce cas, on mélangeait des instruments. Mélanger musique ancienne et musique contemporaine, c’est aussi ce que j’aime faire aux Boréades. L’idée est de donner à l’instrumentarium baroque une saveur d’aujourd’hui. On se concentrera ici sur quelques violes de gambe et quelques flûtes. »
En outre, le directeur artistique des Boréades dit vouloir offrir un programme alternant entre compositeurs connus et méconnus. C’est notamment le cas des contemporains Philip Glass et Chiel Meijering. « J’ai découvert la musique de ce compositeur néerlandais au cours de mes études aux Pays-Bas. C’est une musique excessivement difficile à jouer et donc intéressante de mon point de vue. Elle est basée sur des rythmiques complexes à mettre en place. À quatre flûtistes, c’est un défi ! De là est né le mariage avec Philip Glass. Ce dernier a écrit également de la musique répétitive, certes plus séduisante, ce qui explique pourquoi on le connaît beaucoup mieux. »
Pour Les Boréades, l’esprit baroque continue de vivre, indépendamment des répertoires. « Au XVIIe siècle, les compositeurs ont voulu se détacher du service de l’église, délaisser les thèmes religieux et se rapprocher de ce qui nous concerne, nous, l’humanité. À l’opéra, on a commencé à parler de choses du quotidien, d’amour, de trahison. L’esprit baroque est issu de ce changement de paradigme. Il exige beaucoup d’effervescence, d’éloquence, ce qui insuffle une générosité de l’imagination et du geste artistique. C’est quelque chose qui nous caractérise assez bien aux Boréades. »
The Passion of Reason. 28 novembre, à 19 h 30, à l’auditorium des Archives nationales. Œuvres de Thomas Preston, William Cornish, Christopher Tye, Philip Glass et Chiel Meijering. Pour toute la programmation, visitez le www.boreades.com
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