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En 2023, le Conservatoire de musique de Montréal fête ses 80 ans. Pour souligner cet événement, la directrice du CMM Manon Lafrance revient sur la mission primordiale de l’institution depuis ses débuts, sur son apport vital au milieu professionnel et son ouverture à tous les courants de la création. Elle nous parle aussi de ces choses immuables qui font du Conservatoire un pilier de la formation musicale.
Des parcours exemplaires
En partie grâce à l’institution, de nombreux musiciens parcourent le monde et vivent brillamment de leur métier. Parmi eux, un désormais célèbre chef d’orchestre, passé par Londres, Rotterdam, et qui fait maintenant les beaux jours du Philadelphia Orchestra ainsi que du Metropolitain Opera de New York. « Yannick Nézet-Séguin porte le Conservatoire dans son cœur. Il revient nous voir à l’occasion pour diriger notre orchestre. C’est également le cas du pianiste Louis Lortie, revenu il y a environ deux ans pour un cours de maître. D’autres musiciens issus de nos rangs contribuent de différentes façons, par exemple en enseignant chez nous. Il continue d’y avoir beaucoup de mouvement dans nos murs », confie la directrice, elle-même ancienne élève du Conservatoire.
Le parcours de Manon Lafrance est, pour ainsi dire, un cas d’école. Entrée en 1978 à l’âge de 13 ans dans la classe de trompette, elle y a fait toutes ses études jusqu’à ses 21 ans. « Une chance que je suis arrivée dans une école comme celle-là, avec d’extraordinaires professeurs, notamment Nick Ayoub (1926-1991) en jazz, parce que je n’aurais peut-être pas fait carrière. Les enfants reçoivent une bonne formation de base, mais on ne sait jamais s’ils poursuivront leurs rêves. Moi-même, je ne savais pas que je pouvais gagner ma vie en faisant cela. À 17 ans, j’étais déjà musicienne professionnelle à l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Charles Dutoit. » Après une carrière de trompettiste à l’international, elle est retournée dans son alma mater pour y être professeure et ainsi poursuivre son engagement de longue date avec l’institution. Vingt-cinq ans se sont écoulés avant qu’elle en devienne directrice. « J’en suis maintenant à ma douzième année à ce poste. »
Un lieu de formation et de diffusion
L’excellence du CMM en matière de formation s’est construite au fil des élèves et des professeurs qui se sont succédé. Le succès du jeune pianiste Bruce Liu, diplômé en 2018 dans la classe de Richard Raymond et premier prix au prestigieux Concours Chopin trois ans plus tard, n’y est certainement pas étranger. Elle est restée solide face à l’épreuve du temps et aux aléas de la vie. « C’est une formation unique parce qu’en tant qu’enfant, vous êtes pris en charge, vous recevez l’enseignement par des professionnels qui savent préparer leurs élèves pour devenir à leur tour musiciens professionnels. Ce sont des musiciens de haut calibre qu’il faut former, faire travailler de la bonne façon. »
La pandémie et la tentation ambiante pour le numérique n’auront rien changé à la culture viscérale de l’institution. « Pour nous, le plus important est d’offrir les cours de spécialité (instruments, chant) en présence. Nous croyons que le lien entre le maître et l’élève est primordial et qu’il doit s’opérer dans une classe. Il y a beaucoup de choses qui ne peuvent pas se corriger à distance. »
Le CMM, ce sont aussi des activités pédagogiques et, bien sûr, des concerts. « Notre programmation planifiée compte une centaine d’événements, mais en pratique, nous en avons autour de 400 par année. Cela inclut les cours de groupe, les ateliers, les conférences. Nous avons la chance d’avoir des locaux extraordinaires, une excellente salle de concert avec un piano Steinway de Hambourg, une salle adjacente avec un piano Steinway de New York. Nous avons aussi de beaux studios pour la musique symphonique, la musique de chambre. »
Concert de célébration
Parmi ces événements, mentionnons le grand concert du 80e anniversaire qui aura lieu le 30 mars 2024 à la Maison symphonique. Pour l’occasion, l’Orchestre symphonique et le Chœur du Conservatoire seront dirigés par Jean-Marie Zeitouni en présence de la soprano Karina Gauvin, deux illustres diplômés de l’institution. À noter aussi la participation du Chœur des jeunes de Laval ainsi que des Ensembles Gaïa et Phœbus. Au programme, le Chant funèbre de Stravinski, le Stabat Mater de Poulenc, une création d’une des élèves du Conservatoire, Florence Tremblay, de la classe de Nicolas Gilbert, et la Cantate pour une joie de Pierre Mercure.
Manon Lafrance conclut : « Le CMM est la première institution culturelle dont le gouvernement du Québec s’est doté en 1942. Le passé prouve l’excellence de l’école, le présent démontre la qualité de nos étudiants sur la scène professionnelle, que ce soit au sein d’un orchestre, en musique de chambre, comme soliste, dans le domaine de la création ou bien dans les productions d’opéras. Il reste extrêmement important pour la formation des musiciens professionnels, actuels et futurs. »
Quelques dates importantes
- 1942 : Loi instituant le Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec
- 1943 : Ouverture du Conservatoire de musique de Montréal
- 1961 : Création du ministère des Affaires culturelles responsable du Conservatoire
- 1988 : Signature d’une entente entre le Conservatoire et l’Université du Québec permettant aux étudiants de suivre des cours dans les deux réseaux.
- 1994 : Révision et adoption de la Loi sur le Conservatoire lui permettant de se constituer en personne morale et de se doter d’un conseil d’administration
- 1999 : Le Conservatoire devient membre affilié de l’Association européenne des Conservatoires, Académies de musique et Musikhocheschulen (AEC)
- 2007 : Création de la Fédération des associations d’élèves du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec (FAECMADQ)
- 2008 : La Loi sur le Conservatoire l’autorise désormais à décerner un diplôme, un certificat ou toute autre attestation d’études universitaires.
- 2009 : Le Conservatoire offre les programmes de baccalauréat et de maîtrise pour les étudiants en musique.
Playlist
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