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Devant le lourd héritage de Mozart, de Verdi ou encore de Fauré, on comprendrait que certains aient le syndrome de la page blanche en s’attaquant à un requiem. François Dompierre ne fait pas partie de ceux-là.
« J’étais très jeune que déjà, dans des chorales, je chantais 2 à 3 fois par semaine jusqu’à 22 ou 23 ans. Je pensais déjà écrire un requiem à cette époque, mais surtout plus tard lorsque j’ai visité des cathédrales comme récemment la Sagrada Familia à Barcelone. En admirant ce projet de démesure, d’ouverture vers le ciel, je me suis rappelé ce texte liturgique fondateur. Je me suis dit que ce serait bien qu’à nouveau quelqu’un le mette en musique. Il y en a ailleurs dans le mode, mais pas beaucoup au Canada. Je sais que Rufus Wainwright en a écrit un récemment, en même temps que moi. C’est tout à fait un hasard », précise-t-il.
Auteur de plus de 60 partitions pour le cinéma, ce compositeur aujourd’hui âgé de 80 ans confie avoir eu une démarche très « visuelle » pour cette musique de concert. « Des images me revenaient en mémoire. Après tout, je suis un compositeur de musiques de film. J’ai fait ça toute ma vie. L’inspiration m’est venue facilement, en fait. En comparaison, mes Préludes pour piano ont été beaucoup plus ardus à écrire. On dirait que ce requiem, je le portais en moi. »
Auparavant, M. Dompierre avait travaillé sur une messe restée inachevée. Il en avait toutefois tiré quelques thèmes qui ont trouvé leur chemin dans cette nouvelle œuvre, notamment le Kyrie-Christe et l’Agnus Dei. « À part ça, je passais d’un mouvement à l’autre. J’ai eu l’inspiration d’une entrée fuguée pour le Libera me. Je crois que la dernière partie que j’ai composée est le Lacrimosa, suivi du Confutatis. »
En termes d’influences stylistiques, M. Dompierre ne s’est pas censuré. « Le chef d’orchestre qui m’avait commandé l’œuvre, Francis Choinière, m’avait dit : laisse-toi aller, fais du Dompierre. On est tous grimpés sur les épaules de quelqu’un. Tous les compositeurs occidentaux viennent de Jean-Sébastien Bach, même ceux et celles qui pratiquent l’atonalité sont toujours influencés par les enchaînements contrapuntiques. Ça se voit aussi dans le jazz, qui fait aussi partie de mon univers. Je suis moi-même frappé par les notes bleues que j’entends dans le Tuba mirum. »
À propos du Recordare, un des grands moments de la création du requiem à la Maison symphonique en juin dernier, il avoue : « À mesure que je l’écrivais, je trouvais que c’était une pièce lyrique, proche de l’opéra. C’était d’ailleurs confié à un ténor. J’ai senti qu’il y avait effectivement quelque chose de cet ordre-là quand j’ai eu fini de l’écrire. C’est aussi moins sombre que d’autres morceaux. J’ajoute que la dernière pièce, In paradisum, a été composée dans l’esprit d’une chanson, celle d’une fin heureuse. Au Québec, entre autres, tout finit par une chanson. »
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