Critique | Festival de Lanaudière: un final de haute intensité

0

Tout l’espace semblait être occupé. Pour le concert de clôture de l’édition 2023 du Festival de Lanaudière, le public avait non seulement rempli le parterre, sous le toit de l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay, mais aussi les différents niveaux de la pelouse.

Les directeurs général et artistique, Xavier Roy et Renaud Loranger, accueillaient un ami du Festival, le chef Yannick Nézet-Séguin, accompagné de l’Orchestre Métropolitain et du pianiste Seong-Jin Cho. Lors des prises de paroles, M. Roy a d’abord eu le plaisir d’annoncer une augmentation de 20% du public au parterre par rapport à 2019, soit l’année de référence pré-pandémique; preuve d’un retour en force des spectateurs et une excellente nouvelle, à la fois pour l’institution et pour le milieu musical dans son ensemble. Du côté artistique, M. Loranger a rappelé, pour l’anecdote, que le soliste en vedette dans le Concerto pour piano no 1 en mi mineur de Chopin était le vainqueur du prestigieux concours Chopin en 2015 et que son dauphin, cette année-là, était nul autre que le pianiste joliettain Charles Richard-Hamelin, également un habitué du festival.

Le jeu de Seong-Jin Cho, tout en fluidité et en délicatesse, a trouvé un formidable allié de circonstance avec le grand piano Yamaha, partenaire du festival, notamment dans le registre aigu. Le parfait dosage entre les passages doux et forts se sont faits aussi sentir du côté de l’orchestre, bien présent mais pas trop comparé au volume d’un seul instrument. Passé maître dans l’art d’interpréter la musique de Chopin, le pianiste a exprimé toute la poésie et le lyrisme de la Romance, le mouvement lent du concerto. À noter aussi les angles de caméra astucieux, au ras du clavier, diffusés un peu partout dans l’amphithéâtre pour le bénéfice du public et qui ont permis d’admirer l’élégance du mouvement des mains de Seong-Jin Cho.

La deuxième partie du concerto a redoublé en intensité et en émotion avec la Symphonie no 6 de Tchaïkovski. Les éclairages ont passé, par exemple, du bleu au vert au début d’une section particulièrement dramatique du premier mouvement. L’œuvre a mis particulièrement en valeur la clarinette solo de l’OM, Simon Aldrich. Après les mots touchants de Yannick Nézet-Séguin en préambule, qui a notamment évoqué ses souvenirs d’enfance en ce lieu mythique, le public a pu apprécier pleinement la passion qu’a mis le chef d’orchestre dans sa direction et son souci du détail, faisant ressortir aussi bien la section des cuivres et des percussions, très solides, que la section des cordes. Un grand moment pour clore ce festival et une démonstration de force de la part de l’Orchestre Métropolitain.

Partager:

A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

Les commentaires sont fermés.