Critique | Unruly Sun : un drame musical sur la lutte contre le sida

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Le 1er décembre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l’Orchestre classique de Montréal présentait la première – mondiale, également – d’un cycle de chansons inspiré des mémoires de Derek Jarman (1942-1994). Composé par Matthew Ricketts sur un livret de Mark Campbell d’après le journal autobiographique Modern Nature du cinéaste et activiste homosexuel britannique, Unruly Sun mettait en vedette le ténor libano-américain Karim Sulayman dans une mise en scène de Michel-Maxime Legault et sur fond d’images soigneusement choisis par le librettiste pour illustrer l’intrigue.

Le compositeur, qui était à la baguette d’une formation réduite de l’OCM avec Michel-Alexandre Broekart au piano, a offert au public nombreux du Cirque Éloize, dans le Vieux-Montréal, une partition résolument contemporaine, mais accessible. Son esprit inventif l’a amené à écrire une musique qui collait très bien aux mots et à la dramaturgie du livret.

Photo: Brent Calis

L’œuvre a été aussi bien servie par le soliste de la soirée. Karim Sulaymann a navigué confortablement à travers ses 19 mouvements, passant d’un rôle de narrateur à celui d’un personnage – en l’occurrence, Derek Jarman – pleinement investi émotionnellement dans ce drame humain sur fond de propagation du virus du sida. Déjà, dans le 9e mouvement (« Jet »), le ténor a surpris certains dans le public par son explosion dramatique. Dans le 12e mouvement (« Fast Backward »), il a livré un rare moment humoristique sur la sexualité débridée des années 70-80. Pas si drôle, toutefois, quand on connaît le sort de Derek Jarman… À ce propos, les trois derniers mouvements ont puisé dans le registre tragique alors que le cinéaste britannique était condamné à vivre ses ultimes instants de vie à l’hôpital. Une intensité rendue possible notamment par la solide technique et le charisme sur scène de Karim Sulaymann.

Au retour de la pause, une discussion autour de la genèse de Unruly Sun, de la vie de Derek Jarman, de la construction de l’identité a été animée par Kelly Rice en compagnie du compositeur, du librettiste, de l’interprète, du metteur en scène ainsi que de Ken Monteith, directeur général de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida.

Prochain concert: Le Messie de Haendel, le 13 décembre à 19h30, à la Crypte de l’Oratoire Saint-Joseph. www.orchestre.ca

 

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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