Le concert de clôture de l’OSM avait tout d’un bouquet final après une riche saison 2023-2024 marquée par la commémoration des 10 ans de l’orgue Pierre-Béique. Pour l’occasion, 4 organistes se sont succédé sur la scène – et sur les hauteurs – de la Maison symphonique, avec une montée en intensité constante.
La première à se lancer était Shin-Young Lee, ancienne élève d’Olivier Latry. Ce dernier était d’ailleurs à ses côtés pour la seconder dans les changements de jeux et les tournes de pages. Malgré les accomplissements honorables de la Sud-Coréenne à l’international, on a senti chez l’interprète une difficulté apparente dans la Toccata festiva de Barber, notamment dans la partie solo au pédalier. En comparaison, Isabelle Demers et Jean-Willy Kunz ont fait preuve non seulement d’une fluidité de jeu, mais aussi d’une relative discrétion dans le mouvement des pieds alors que leurs partitions n’étaient pas moins exigentes.
L’organiste québécoise a exécuté la Symphonie concertante de Jongen complètement de mémoire, témoignant d’une verve et d’une brillance d’interprétation qui contrastaient fortement avec son sens de l’humilité au moment de recevoir les applauddisements du public. Musicalement, l’œuvre offrait aussi un contraste intéressant avec ce qui précédait. Écrite dans un style impressionniste, cette symphonie charme par ses lignes musicales ornementées et infiniment amples comme dans les 2e et 4e mouvements. La partition pour soliste n’est pas sans cesse rattachée à celle de l’orchestre, mais développe ses propres thèmes, ce qui en fait une musique éminemment virtuose.
Présentée en première mondiale, Jubilate! de Denis Gougeon s’est avérée l’un des moments les plus émouvants de la soirée. L’écriture pour orgue était un concentré d’énergie musicale, avec beaucoup de chromatismes, des passages octotoniques et quelques intervalles de quintes qui évoquaient un style ancien. Jean-Willy Kunz, interprète de cette création, a démontré tous ses talents de virtuose, notamment dans la partie solo au pédalier qui faisait un rappel à Barber.
Le mélange de textures entre la douceur de l’orgue et les pizzicati des cordes ainsi que le recours aux sonorités du xylophone étaient autant de signes d’une orchestration inspirée. De toutes celles que nous avons entendues ce soir-là, l’œuvre de Gougeon – une commande de l’OSM – était certainement la plus festive. Les nombreux traits ascendants des cordes, semblables à des éclats de bouchons de champagne, ont certainement contribué à ce sentiment. La fête fut à son comble lorsque le compositeur est monté sur scène aux côtés de Rafael Payare et des musiciens de l’OSM, ovationnés à juste titre.
Olivier Latry a parachevé l’enthousiasme en se joignant à l’orchestre pour la Symphonie no 3 en do mineur de Saint-Saëns. Malgré le caractère profane de l’œuvre, il y avait dans cette glorification du son de l’orgue uni à celui de l’orchestre une dimension sacrée remplie de ferveur et d’émotion. On ne pouvait rêver mieux comme fin de saison consacrée au majestueux instrument.
En préambule, la cheffe de la direction de l’OSM, Madelaine Carreau, a livré quelques mots de bienvenue et fait ses adieux touchants après 25 ans d’engagement au sein de l’institution.
La majestueuse Symphonie avec orgue de Saint-Saëns. Autres représentations les 29 et 30 mai, à 19h30. Pour les billets, visitez le www.osm.ca/fr/concert/la-majestueuse-symphonie-avec-orgue-de-saint-saens