Dimanche 25 septembre avait lieu le concert d’ouverture de l’Orchestre métropolitain à la Maison symphonique de Montréal. Pour ses retrouvailles avec son public, l’OM et son chef Yannick Nézet-Séguin offraient, en première partie, la création d’une pièce de la chanteuse Elisapie Isaac intitulée Nunami nipiit (Échos de la terre) et orchestrée par François Vallières. L’auteure-compositrice-interprète bien connue de la scène indie folk était jointe par Sylvia Cloutier aux chants de gorge et au Kilaut, instrument à percussion inuit. Elisapie a certes ému par son évocation du Grand Nord et de sa mère biologique, issue de ces vastes territoires, mais le tout a pris une tonalité réellement ancrée dans la terre des Anciens lors de l’exécution des chants et des percussions de sa partenaire de scène.
Les mélodies d’Elisapie sont le fruit d’un métissage sonore intéressant entre deux identités, inuk et blanche; les rythmes autochtones, d’une part, les influences folk et pop, d’autre part. En revanche, l’orchestration de M. Vallières n’a rien fait pour maintenir l’équilibre de ce mélange culturel bigarré. Ce que nous avons entendu rappelait trop la pop orchestrale, avec une progression d’accords convenue. Au final, on se demande si l’ultime respect envers cette grande et rude contrée du Grand Nord n’aurait pas été de laisser toute la place à celles qui en sont les ambassadrices, plutôt que de fondre leur pratique dans un spectacle avec grand orchestre et chœur.
En deuxième partie, l’OM proposait Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, une « symphonie chorégraphique », pour reprendre les mots de son auteur, présentée à l’origine comme un ballet. Bien que celle-ci soit fréquemment jouée en version concert, le fait qu’il existe un scénario détaillé et autant de danses impose presque une mise en scène. Or, en l’absence de comédiens qui nous racontent l’histoire ou de danseurs qui expriment la musique en gestes, l’expérience paraissait incomplète. Comme si on avait le son, mais pas l’image d’un film. Il aurait été plus intéressant de reproduire les sous-titres non pas à plusieurs dizaines de mètres au dessus du sol, mais sur grand écran, plus proche de la scène, pour au moins donner au scénario l’importance qu’il mérite. Cela étant dit, on a retrouvé un Yannick Nézet-Séguin plein de fougue, capable de transcender admirablement son orchestre. Parmi les musiciens, la section des cuivres, notamment les cors et les trombones, s’est montrée particulièrement illustrée dans les moments les plus dramatiques de l’œuvre. Le chœur a bien navigué à travers la partition, comme lors de l’interlude a capella de la deuxième partie, mais aurait pu donner plus de volume dans les danses pour rivaliser davantage avec celui de l’orchestre.
Le concert était précédé d’un vibrant hommage à l’hautboïste Lise Beauchamp, décédée il y a un plus d’un mois, et qui a été, pendant de longues années, l’un des visages marquants de cet orchestre. Des images de la musicienne, seule ou entourée de ses collègues, ont été projetés pendant que retentissait la marche funèbre de la Symphonie héroïque de Beethoven.
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