Les joueurs changent, mais l’équipe reste la même. Le 7 décembre dernier, l’Orchestre classique de Montréal, sous la direction commune de Boris Brott et de Xavier Brossard-Ménard, retrouvait le chemin de l’Oratoire Saint-Joseph pour interpréter le Messie de Haendel devant public. L’an dernier, l’ensemble à cordes avait été contraint de présenter le célèbre oratorio en webdiffusion uniquement. Cette année, ce sont les solistes Jacqueline Woodley, soprano, Marie-Andrée Mathieu, mezzo-soprano, Antoine Bélanger, ténor, et Neil Craighead, baryton-basse, qui se sont relayés au côté de l’OCM.
Dans l’ensemble, l’expérience en salle nous a laissés sur notre faim. Nous n’étions pas particulièrement mal placés, à quelques mètres devant les dernières rangées de la section A, et pourtant le son de l’orchestre est assez faiblement parvenu jusqu’à nous. Comme si nous l’entendions en sourdine. En tout, 16 musiciens, certaines sections d’instruments étant composées d’un minimum de deux personnes, un vaste espace en largeur et un plafond à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de leur tête… Voilà quelques-unes des raisons qui laissent à penser que le décor, aussi majestueux soit-elle, n’était pas adapté à la petite taille de l’OCM et inversement au grand nombre de spectateurs venus assister au concert. De plus, on a senti quelques fois que tous les musiciens n’étaient pas exactement alignés avec la battue du chef d’orchestre.
Côté chœur, les 16 chanteurs (4 par pupitre) de l’ensemble vocal Les Rugissants étaient en excellente forme. Également présents lors de la webdiffusion de l’an dernier, ces derniers ont été irréprochables tant individuellement que collectivement, très solides sur chacune des voix et très précis dans les nombreux mélismes qui caractérisent l’écriture de Haendel (on pense notamment aux choeurs “And He shall purify” et “For unto us a Child is born”). Toutefois, en raison de la taille du groupe égale à celle de l’orchestre, les lignes des sopranos, altos, ténors et basses avaient de la peine à ressortir dans les nombreux passages rapides.
Parmi les 4 solistes mentionnés plus haut, la soprano et le baryton-basse ont fait la plus belle prestation. Ils ont certes dû chanter plus fort dans cette acoustique, mais jamais au détriment de la qualité. On aurait aimé entendre Jacqueline Woodley dans deux autres airs phares de l’oeuvre pourtant absents de la sélection (“How Beautiful are the feet” et surtout “I know that my Redeemer liveth”; incompréhensible que celui-ci n’y soit pas) alors que Neil Craighead a eu les trois airs majeurs de son répertoire à chanter. Antoine Bélanger a une bonne voix de ténor pour interpréter les rôles de récitants, mais il l’a ici surmenée pour envelopper tout l’espace et par conséquent ses aigus ont paru un peu forcés. De son côté, Marie-Andrée Mathieu n’avait pas une tessiture assez grave pour projeter sa voix au-delà des premières rangées.
Lorsqu’est venu le temps du chœur ”Hallelujah”, ce sont tous les chanteurs qui ont entonné les célèbres notes. La tradition britannique veut que le public se lève en cet instant et c’est ce que tout le monde fait. Boris Brott à la baguette en a profité pour se retourner et diriger ceux qui parmi le public connaissaient la partition et l’avaient déjà chantée. Un charmant moment de communion musicale.