Critique | Festival Montréal Baroque: les duos et trios illuminent la soirée d’ouverture

0

Jeudi 13 juin, le Festival Montréal Baroque inaugurait son édition 2024 par un concert à la Chapelle Notre-Dame du Bon-Secours sous le thème « Univers parallèles (rencontres musicales improbables) ». On peut aimer ou ne pas aimer le mélange des genres, mais il faut admettre que ce titre était parfaitement trouvé pour illustrer l’intention des co-directeurs artistiques du festival, Matthias Maute et Vincent Lauzer.

Au programme, des airs connus du répertoire gospel, interprétés notamment par un formidable trio d’interprètes mené par Frédéricka Petit-Homme, en alternance avec de la musique de Telemann, Haendel ou encore de Vivaldi. Les musiciens de ClassiqueInclusif, né de l’Ensemble Caprice, étaient animés par le même plaisir et surtout la même fraternité, de sorte qu’ils avaient le souci de l’écoute et de l’équilibre des sonorités. Il n’y a pas eu d’exemple plus marquant que le duo de flûte à bec et flûte traversière entretenu par Matthias Maute et Sophie Larivière dans le Concerto en mi mineur de Telemann.

Dans l’air Sweet bird extrait de L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato de Haendel, la soprano sud-africaine Lynelle Kenned tissait un lien aussi fabuleux avec Mme Larivière, cette fois à la flûte à bec, pour un autre grand moment musical. Chacune se mettait humblement au diapason de l’autre, sans jamais faire ombrage à l’autre. Jointe par deux autres membres du Cape Town Baroque Orchestra, le claveciniste Erik Dippenaar et la violoniste Ralitza Macheva, la chanteuse a fait preuve d’un calibre vocal comme on en entend rarement à Montréal. Tornami a vagheggiar de Haendel a été une leçon de lyrisme, de virtuosité et de maîtrise technique.

On ne peut pas en dire autant de Ralizta Macheva. Son interprétation du concerto pour violon, RV 253, de Vivaldi a été émaillée de sons métalliques, de cordes grinçantes, qui ont brouillé l’expression musicale et amoindri la beauté des lignes. Certains passages solo ont également souffert de maniérisme qui et ont donné une impression de fragilité plutôt que d’aisance. Le concert s’est conclu comme il avait commencé, par une reprise de Oh when the Saints, sous la direction de Frédéricka Petit-Homme, et une procession festive vers la sortie de la chapelle.

Le festival se poursuit jusqu’au dimanche 16 juin, avec des concerts à souvent 45 minutes d’intervalle et des événements conviviaux au Café L’Orbite. Pour toute la programmation, visitez le https://montrealbaroque.com/fr/edition-2024
Partager:

A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.