Après le succès de son récital autour du cycle La Belle meunière de Schubert à l’Église de Saint-Sulpice, le 16 juillet dernier, Matthias Goerne revenait au Festival de Lanaudière pour une seconde participation. Le public de l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay avait cette fois la chance d’entendre le baryton allemand avec orchestre, dans la scène des adieux de Wotan. Hormis la langue, les répertoires ne pouvaient pas être plus différents.
L’interprète a amplement rivalisé avec le volume et le registre expressif de l’Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction de Rafael Payare. Il est certes arrivé que sa voix donne des signes de tension, notamment sur des voyelles fermées, mais son incarnation passionnée de la musique wagnérienne ainsi que son endurance ont transcendé les difficultés passagères pour produire un chant héroïque, plein de générosité. Dans son avant-propos, le directeur artistique du festival, Renaud Loranger, avait fait monter les attentes sur ce moment particulier de la soirée. Rétrospectivement, on peut dire qu’en effet, la pièce centrale du programme, éxécutée juste avant la pause, a été la musique phare de ce concert.
Du côté de l’OSM, Wagner a été le compositeur qui semblait aussi susciter le plus d’engouement. Le plaisir qu’avaient les cors et les trombones à jouer leurs lignes était palpable. Le degré de confort et de confiance dans ce répertoire était, de toute évidence, supérieur à celui constaté dans Orion de Kaija Saariaho, une partition ambitieuse et exigeante.
La concentration se lisait sur le visage des musiciens. La densité de toutes les sections instrumentales, en particulier des percussions, a instillé de la fébrilité dans l’orchestre, mais c’est cette même fébrilité qui lui a permis de restituer toute la dramaturgie de l’œuvre. La douleur du premier mouvement (Memento mori) a été marquée par une saturation de textures sonores. Elle a fait place, ensuite, à l’expression d’une douce nuit d’hiver (Winter Sky). Des motifs se sont succédé de part et d’autre de l’orchestre comme des nuages défilant dans le ciel. Enfin, le troisième et dernier mouvement (Hunter) a été dynamité par des rythmes fracassants et des lignes sans temps mort.
Les œuvres ont été sélectionnées avec le plus grand soin pour donner au programme toute sa cohérence. Les coups de percussions nous ont accompagnés tout au long de la soirée, depuis l’ouverture de La Flûte enchantée de Mozart jusqu’à Also sprah Zarathustra de Richard Strauss, en seconde partie (de Sarastro à Zarathustra, en somme!). Bien que le chef d’œuvre de Strauss fasse la part belle à une diversité d’instruments solo, ce sont d’abord les violons – au premier rang desquels, le Konzertmeister Andrew Wan – qui se sont le plus illustrés dans les longs passages lyriques.
L’OSM signait ici sa première présence à l’édition 2024. Rafael Payare et ses complices seront de retour les 2 et 3 août, toujours à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay, dans des œuvres de Ravel, Debussy, Chausson et Mahler. Pour tout savoir sur le reste de la programmation, rendez-vous sur le site www.lanaudiere.org