Critique | Ensemble Caprice: un vent de fraîcheur sur Didon et Énée

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Après son premier concert de la saison, en hommage à Isolde Lagacé, l’Ensemble Caprice revenait à la salle Bourgie, le 8 novembre dernier, pour une représentation de l’opéra Didon et Énée d’Henry Purcell, en version concert.

Surprise du chef, cette œuvre phare de la période baroque était précédée d’un nouveau morceau de Matthias Maute lui-même, intitulé A Prologue to Dido et Aeneas. Pour l’occasion, le compositeur et chef d’orchestre avait songé à deux fins alternatives avec chœur, l’une sur un texte extrait du monologue de Don Rodrigue dans Le Cid de Pierre Corneille et l’autre sur des paroles originales en anglais. À la manière d’un vote à la criée, le public – très nombreux – devait faire son choix, ce qui a donné lieu à une scène assez chaotique, mais tout de même amusante. Le résultat ayant été très serré, l’Ensemble Caprice a fini par jouer les deux fins soumises au vote, l’une en guise de prologue et l’autre en guise d’épilogue à l’opéra de Purcell.

Interprète avertie du répertoire baroque, la soprano Myriam Leblanc a su chanter le rôle de Didon parfaitement dans le style requis, avec souplesse et raffinement. Sa voix pleine de couleurs enveloppait chaleureusement la salle, dans les passages doux comme dans les passages forts. Le baryton Dominique Côté, incarnant Énée, avait pour lui la puissance et l’athlétisme. Une voix chargée de testostérone ! À son avantage dans l’air extrait de « Stay, Prince, and hear Jove’s command » (finale de l’acte II), il a offert au public un moment d’émotion comparable à la complainte déchirante de Didon, « When I am laid in earth » (acte III).

Seul autre interprète masculin de cette distribution, le ténor Nils Brown a impressionné par la finesse de son phrasé dans le rôle – très bref – de l’Esprit. Au début de l’acte III, il est revenu sur le devant de la scène dans la peau du Premier marin, faisant ici apprécier son talent d’acteur dans un tout autre registre. Parmi les autres solistes, soulignons la prestation de la soprano Janelle Lucyk (Belinda, sœur de Didon). Sa voix paraissait encore jeune, mais elle offrait néanmoins une palette de couleurs intéressante qui ne demande qu’à être développée.

Du côté de l’orchestre de chambre, mention spéciale à la section des cordes et en particulier aux solos généreux d’Olivier Brault.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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