Critique CD | Vagues et ombres (Alpha Classics, 2023)

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Vagues et ombres
Collectif9 : Chloé Chabanole, John Corban, Robert Margaryan, TJ Skinner, violons; Scott Chancey, Xavier Lepage-Brault, altos; Jérémie Cloutier, Andrea Stewart, violoncelles; Thibault Bertin-Maghit, contrebasse
Alpha Classics, 2023

Cet album est le troisième de Collectif9 et le second à paraître chez Alpha Classics, après No Time for Chamber Music en 2021. On y retrouve une œuvre de la compositrice canado-américaine Luna Pearl Woolf, spécialement écrite pour l’ensemble, et des arrangements pour 9 instrumentistes à cordes de Thibault Bertin-Maghit d’après plusieurs pièces de Debussy, dont La Mer. C’est d’ailleurs de cette œuvre, composée à l’origine pour grand orchestre, que tout a commencé, confient la violoncelliste Andrea Stewart et l’arrangeur lui-même, également contrebassiste du groupe. « Dans un style musical où le timbre et la couleur sont primordiaux, l’exécution de cette œuvre emblématique en ayant recours à une seule famille d’instruments paraissait outrageuse, mais en y pensant bien, nous aimons les défis. Il s’agit sans aucun doute d’une réinterprétation. »

Le défi est relevé haut la main. Avec leur ensemble suffisamment fourni, les musiciens de Collectif9 parviennent à recréer le souffle nécessaire et les mouvements changeants des ondes aquatiques, honorant ainsi comme il se doit La Mer de Debussy.

Également sur le thème aquatique, Contact de Luna Pearl Woolf raconte une histoire sous-marine originale entre une baleine et son petit. Les notes discographiques sont ici essentielles pour comprendre la démarche artistique et mieux apprécier cette musique qui, autrement, paraît assez difficile d’approche.

Les arrangements des premières pièces de l’album nous enveloppent d’une douceur accueillante. Le nombre de 9 musiciens, plus grand qu’à l’accoutumée pour ce répertoire plus intime, ne se fait absolument pas sentir. On le doit non seulement à la parfaite maîtrise des nuances, mais aussi à l’excellente captation sonore qui fait entendre les moindres vibrations de chaque instrument. L’arrangement du Clair de lune de Debussy interpelle par le choix de glissades volontaires. Thibault Bertin-Maghit a peut-être cherché un certain effet berçant, mais à notre oreille, celui-ci trahit un peu trop l’esprit de la pièce bergamasque.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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