Mercredi dernier, l’Orchestre des jeunes du Canada (National Youth Orchestra), sous la direction du chef britannique Jonathan Darlington, était de passage à Montréal dans le cadre d’une tournée pancanadienne. Après avoir fait un dernier concert en sol canadien, vendredi à Ottawa, cet ensemble de plus 95 musiciennes et musiciens s’envolera pour l’Allemagne. À Berlin, le 8 août, et à Kassel, le 10. La tournée du NYO s’achèvera à Édimbourg, en Écosse, le 14 août.
Le programme du concert varie d’un soir à l’autre. Celui présenté à Montréal, mercredi, était composé de Catfish Row de Gerschwin et du Concerto no 2 pour cor de Richard Strauss, en première partie. Choix étonnant puisque les deux œuvres n’ont rien de semblable stylistiquement : l’une très influencée par le jazz, l’autre encore imprégnée par la musique du XIXe siècle.
Cette première partie de concert était l’occasion d’entendre les lauréats des deux prix Michael-Measures du Conseil des arts du Canada : Jonathan Mak (2nd prix) au piano dans Catfish Row et le corniste Martin Mangrum (1er prix) dans le concerto de Strauss. Ce dernier a donné au public et à ses juges toutes les raisons de croire en sa carrière prometteuse. Au delà des quelques imperfections sonores, dues en grande partie à la difficulté même de l’instrument, on retient chez lui sa grande musicalité et son sens du phrasé.
Au retour de la pause, le NYO interprétait Appalachian Spring, suite pour orchestre de Aaron Copland et le Poème de l’extase de Scriabine. C’est dans cette seconde partie de concert que l’orchestre des jeunes s’est véritablement révélé. À l’oreille, on aurait cru entendre un orchestre professionnel. La précision des attaques, la qualité de chaque section d’instruments et la cohésion d’ensemble méritent d’être saluées.
La violoniste solo et son associée avaient interverti les rôles dans l’œuvre du compositeur américain. Un changement bénéfique puisque la première des deux s’était montrée plus hésitante en début de concert. Très utilisée dans ce type de répertoire, la section des cuivres a également donné une solide performance. On peut regretter, cependant, certaines notes pesantes du trombone solo.
Transcendés par l’énergie communicative de leur chef d’orchestre, les jeunes musiciens ont tout aussi excellé dans le répertoire romantique, avec le Poème de l’extase d’Alexandre Scriabine. Considérée comme la 4e symphonie du compositeur, cette dernière œuvre au programme a fait la part belle à la section des cordes.
En rappel, le NYO a interprété deux créations pour chœur de Matthew Emery et de Marie-Claire Saindon. Oui, pour chœur! Expérience unique que de voir tous ces jeunes instrumentistes se lever de leur siège et chanter leur propre partition (sopranos, altos, ténors et basses). Ils étaient réunis autour d’un chef d’orchestre qui devenait ainsi chef de chœur. La maîtrise de leur voix était à l’image de leur talent.
« Migrations : Tournée TD 2018 ». Œuvres de G. Gershwin, R. Strauss, A. Copland et A. Scriabine. Interprètes : L’Orchestre des jeunes du Canada (National Youth Orchestra); Martin Mangrum, cor; Jonathan Mak, piano et alto. Direction musicale : Jonathan Darlington. Maison symphonique de Montréal, mercredi 1er août 2018 à 19h30.