Christian Paterniti, grand vainqueur du 8e Concours international de composition du Quatuor Molinari

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Par son récit des quelques semaines précédant le concert des lauréats 8e Concours international de composition du Quatuor Molinari, qui avait lieu le 25 février à la salle de concert du Conservatoire de Montréal, Olga Ranzenhofer a parfaitement résumé les confusions et les frustrations du milieu de la musique à l’ère de la pandémie. Entre l’impossibilité d’un des quatre compositeurs de prendre l’avion pour Montréal, en raison d’un test PCR positif, et le remplacement express de l’altiste Frédéric Lambert, atteint également par la Covid, par Brian Bacon, l’organisation de ce concert n’a pas été une chose facile. Cela dit, dans son préambule, la violoniste a réussi à prendre toutes ces contrariétés sur le ton de l’humour. Une belle entrée en matière

Au programme figuraient les 4 œuvres retenues sur plus d’une centaine de candidatures: Oleum Perdidisti de Joan Bachs (Allemagne), Su le soglie del bosco de Christian Paterniti (Italie), Come Steli il Vento Domina d’Enrico Scaccaglia (Italie) et Agere-tio de Tigrio Rodriguez Witrago (Mexique).

Certaines usaient d’effets similaires, d’autres racontaient une sorte de drame, mais chacune avait surtout sa propre identité, ses forces et ses faiblesses. Il y a dans l’œuvre de Joan Bachs un ton humoristique, presque enfantin, et une quantité d’évocations qui stimulait vivement notre imaginaire. Par la variété des textures sonores et le jeu des nuances, elle crée une impression fascinante de souffle, de circulation d’air. Paradoxalement, Enrico Scaccaglia qui s’était donné la peine de préciser, via les notes de programme, son intention d’imiter la force du vent n’est pas parvenu à produire un effet aussi prégnant. On a néanmoins apprécié l’utilisation qu’il fait de certains motifs qui structurent la pièce.

L’intention de Tigrio Rodriguez Witrago n’est ni dans l’expression d’un drame ni dans l’évocation d’images. Le compositeur qui souhaite s’inscrire dans la tradition du dodécaphonisme génère ici toute une diversité de séquences à partir d’une série de notes préétabli. L’écoute seule ne permet pas d’apprécier la démarche dans le détail. Ce qui frappe, en revanche, est l’âpreté de l’œuvre, la violence qui s’en dégage, notamment par le grésillement des cordes.

L’œuvre de Christian Paterniti offrait un point d’équilibre entre inventivité, structure, densité et relâchement. On y retrouvait des élans mélodiques et des accords pleins qui faisaient ressortir une certaine harmonie malgré la modernité du langage musical. Cette œuvre avait certainement quelque chose en plus que les autres. En effet, Christian Paterniti s’est vu non seulement remettre le premier prix, d’une valeur de 3000$, mais également le prix du public (350$). En outre, la Fondation Guido-Molinari a offert au jeune compositeur italien une estampe de l’artiste-plasticien né en 1933.

Joan Bachs a obtenu le deuxième prix (2000$), tandis que Enrico Scaccaglia et Tigrio Rodriguez Witrago terminent ex-aequo et remportent chacun le troisième prix (500$ chacun). Le jury était constitué des membres du Quatuor Molinari ainsi que de deux compositeurs québécois réputés, Denis Gougeon et Jimmy LeBlanc.

Pour plus d’informations sur le compositeur Christian Paterniti, visitez le site web https://an-art.com/en/portfolio/chrpat (en anglais). Retrouvez l’actualité du Quatuor Molinari au https://quatuormolinari.qc.ca

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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