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Excellence, beauté et découvertes. Voici les maîtres mots mis de l’avant par la salle Bourgie pour présenter sa nouvelle saison de concerts. S’il y a un événement capable de tous les réunir, c’est bien l’inauguration de l’intégrale des lieder de Schubert.
La précédente intégrale des cantates de Jean Sébastien Bach était à peine terminée que déjà Olivier Godin songeait à un projet d’aussi grande envergure. En effet, on dénombre pas moins de 600 mélodies nées du génie de Schubert. « C’est un corpus d’une grande richesse et pourtant, le public entend peut-être 20 % de ses lieder fréquemment. On va tenter de tout couvrir. Ça va prendre plusieurs années, comme vous pouvez l’imaginer; jusqu’en 2028, au moins, année qui marquera le 200e anniversaire de la mort du compositeur. »
Godin puisera dans une variété de formations, à l’image de ce répertoire pour voix seule, en duo, trio, quatuor ou chœur, avec piano ou autre instrument. « On fera des récitals complètement consacrés à Schubert, mais aussi des récitals variés où l’œuvre de Schubert sera mise en lumière par rapport à d’autres œuvres de compositeurs qui étaient ses contemporains », précise-t-il.
Schubert, l’inspirateur
À ces concerts s’ajoutent des commandes. Le compositeur Sandeep Bhagwati, en résidence à l’Université Concordia, écrira une œuvre pour voix et pianoforte sur des textes de Heinrich Heine, poète allemand qui a inspiré à Schubert de célèbres airs. Cette œuvre nouvelle sera créée par la soprano Magali Simard-Galdès, le 2 novembre prochain. À noter aussi plusieurs conférences préconcert, dont celle de Jean Portugais, le 26 février, suivie d’une prestation très attendue du ténor Ian Bostridge et du pianiste Julius Drake.
Schubert a inspiré les compositeurs de son époque et ceux de la nouvelle génération. « Son corpus de lieder demeure insurpassé, déclare Godin. Certains, comme Berlioz, Webern ou Max Reger, en ont même orchestré. Dans la même lignée, on entendra de nouveaux arrangements du compositeur canadien Ian Cusson au concert de l’Orchestre de l’Agora, en ouverture de saison (25 septembre). Ils seront interprétés par la grande mezzo-soprano Ema Nikolovska, qu’on a déjà invitée l’an dernier et qu’on accueille avec bonheur sous la direction de Nicolas Ellis. »
Nouveau calendrier
Contrairement à l’intégrale des cantates de Bach, qui avait lieu les dimanches, la salle Bourgie prévoit une programmation des lieder de Schubert à des jours variés. « On veut toucher toutes sortes de public, inviter les gens à se joindre à nous à différents moments pour vivre cette expérience incroyable. Dans le cas de Schubert, c’est essentiellement de la musique profane, hormis quelques œuvres religieuses. On n’avait donc pas besoin de faire des concerts systématiquement les dimanches ou de respecter le jour liturgique pour lequel une œuvre a été composée. On voulait faire autrement. Certains seront le dimanche après-midi, d’autres en soirée durant la semaine. »
Secrets de fabrication
La question se pose alors : comment concevoir des programmes de concerts pertinents, attrayants, à travers tout le catalogue ? Réponse d’Olivier Godin : « La clé, c’est de recenser tout ce que nous avons à notre disposition. Un collaborateur m’a aidé pour faire tout ce travail et tenir le compte des lieder une fois qu’ils ont été choisis. Il est important de ne pas mettre les pièces très connues tout de suite, dès le début, mais plutôt de les parsemer à travers toute l’intégrale. D’autre part, ne pas donner ces tubes aux très grands artistes. Les musiciens moins connus méritent aussi d’interpréter des lieder qui rejoignent un plus grand public. L’idée est de trouver un bon point d’équilibre et d’imaginer ce projet à long terme : prendre son temps, bien réfléchir à la façon dont nous voulons aborder ce répertoire, faire des propositions aux artistes, mais aussi être réceptifs à leurs propres suggestions. Je pense que c’est vraiment nécessaire. C’est un travail d’équipe. »
De grands noms du lied
Pour l’an 1 de l’intégrale, la salle Bourgie aura la chance d’accueillir des spécialistes de Schubert réputés à travers le monde. Olivier Godin confie avoir demandé spécialement au grand ténor anglais Ian Bostridge de choisir des lieder qui sortent un peu plus des sentiers battus. « On sait que les gens qui aiment Schubert vont venir l’entendre. Il nous a fait une liste de morceaux vraiment extraordinaire », promet-il.
Le premier cycle à faire son apparition dans la programmation se trouve à être chronologiquement le dernier de Schubert : Le chant du cygne (Schwanengesang), un cycle atypique qui met en musique des vers de divers poètes allemands. Il sera interprété par le baryton Benjamin Appl et le pianiste Eric Lu. « C’est un cycle extrêmement poignant, plus sombre aussi, une manière de briser la chronologie, de signifier que l’on présente le répertoire sur une période longue. On se permet des équilibres dans les styles, dans les caractères des lieder. On commence ainsi avec le dernier cycle. Le Winterreise et La Belle Meunière viendront plus tard. »
À noter enfin la venue du baryton Christian Gerhaher, joint par le pianiste Gerold Huber. « C’est un immense musicien, ayant une rigueur artistique exceptionnelle. Il a enregistré des disques sur Schubert en très grande quantité. Il nous propose exceptionnellement un récital de lieder de Schumann. Ce sera une grande soirée également, le 28 janvier prochain. »
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