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Pentatone4.5
Strauss : Ein Heldenleben; Mahler : Rückert-LiederSonya Yoncheva, soprano; Orchestre symphonique de Montréal; Rafael Payare, chefPentatone, 2024
Après le succès de la Cinquième Symphonie de Mahler parue l’année dernière sur l’étiquette Pentatone, voici un nouveau disque de l’Orchestre symphonique de Montréal sous la baguette de son directeur musical, Rafael Payare. Les musiciens font un retour en force avec d’autres œuvres de Mahler – cette fois, les sublimes Rückert-Lieder (1901-02) – jumelées au grandiose Ein Heldenleben (1898) de Richard Strauss.
Le communiqué de presse de Pentatone souligne le caractère plutôt inhabituel, voire déroutant, de l’association d’un poème symphonique exubérant de Strauss et d’un cycle de lieder intime et radieux de Mahler – deux œuvres qui sont à l’opposé du spectre émotionnel de l’être humain.
Lorsque j’ai vu l’annonce, ma réaction immédiate a été : « Je suis tout à fait d’accord ! » En y réfléchissant bien, j’ai conclu : « Pourquoi pas ? » Pour la plupart d’entre nous, le parcours de la vie est généralement sinueux, traversant des montagnes d’émotions, de jubilation et de déception, de joie et de tristesse. Imaginez que vous puissiez ressentir tout ça en un seul voyage sonore !
Et quel voyage ! L’Orchestre symphonique de Montréal est le plus enregistré de tous les orchestres canadiens, en particulier sous la direction de Charles Dutoit sur l’étiquette Decca. Bien sûr, d’autres grands maestros ont dirigé l’OSM, comme Kent Nagano sur Analekta, mais les disques OSM/Dutoit ont établi un standard de référence.
Aujourd’hui, c’est l’actuel directeur musical de l’OSM, le Vénézuélien Rafael Payare, qui est à la barre. L’enregistrement de la 5e de Mahler, pourtant bien accueilli, n’a pas effacé le souvenir des grands enregistrements antérieurs, mais il a certainement attisé mon intérêt et donné envie d’écouter ce nouveau disque.
Je n’ai pas été déçu. Le poème symphonique de Strauss est un véritable chef-d’œuvre, et l’OSM de Payare s’illustre par un mélange remarquable d’opulence et de grandeur, avec juste ce qu’il faut d’acuité dramatique, ainsi qu’une certaine douceur attirante lorsqu’il le faut – une douceur qui apaise les sens. Le son enregistré est merveilleux de clarté et de présence.
On retrouve les mêmes qualités dans les Rückert-Lieder, avec toutefois quelques écueils. Alors que le poème symphonique de Strauss n’a pas été bien accueilli lors de sa création, le cycle de lieder de Mahler a connu d’emblée un succès retentissant en 1905 (à l’époque, seuls quatre lieder étaient inclus). L’ordre d’interprétation des chansons peut varier – par exemple, le sublime « Ich bin der Welt abhanden gekommen » est habituellement le dernier, mais pour une raison inconnue, il est le premier qui figure sur le célèbre enregistrement de Karajan et Christa Ludwig.
La soprano bulgare Sonya Yoncheva possède certainement une belle voix, dont elle fait preuve ici. C’est également une artiste sensible et une bonne candidate pour ce Mahler, mais son interprétation est plutôt inégale. Son timbre, bien que somptueux, n’est pas toujours stable dans les aigus, en particulier dans les tempos lents, parfois même en dessous en termes de justesse et avec un vibrato excessivement large. Quelques notes aiguës sont chantées un peu trop fort, ce qui n’est pas aidé par la captation de sa voix au premier plan mettant l’orchestre en retrait. À mes oreilles, l’OSM est irréprochable.
Tout enregistrement des Rückert-Lieder est une occasion à ne pas manquer, et cette nouvelle version vaut la peine d’être écoutée, malgré les réserves exprimées sur la prestation de la soliste.
Traduction d’Andréanne Venne
Playlist
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