Critique de disque | Jean-Marie Zeitouni dirige Grisélidis de Massenet

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Jules Massenet : Grisélidis

Vannina Santoni, soprano; Julien Dran, ténor; Thomas Dolié, Tassis Christoyannis et Thibault de Damas, barytons; Antoinette Dennefeld et Adèle Charvet, mezzo-sopranos; Adrien Fournaison, basse. Orchestre national Montpellier Occitanie; Chœur Opéra National Montpellier Occitanie; Jean-Marie Zeitouni, chef

Bru Zane, 2024

Grisélidis est un conte lyrique en trois actes avec prologue de Jules Massenet. Il a été créé à l’Opéra-Comique en 1901 et a connu un succès considérable avant de disparaître du répertoire. Il est particulier à plusieurs égards. L’œuvre, bien qu’écrite pour l’Opéra-Comique, est principalement chantée, avec seulement quelques occasions où les chanteurs passent à la parole pour faire de l’effet. C’est aussi un étrange mélange de comique et de sérieux, que l’on pourrait presque qualifier de « sublime ». Dans une histoire de fidélité conjugale au XIVe siècle, un diable plutôt jovial et sa femme mégère sont inclus pour l’effet comique.

L’intrigue est assez simple. Nous commençons avec un berger, Alain, qui se languit de la belle et vertueuse Grisélidis. Le marquis, magnat local, se présente et décide de l’épouser, ce qu’elle accepte consciencieusement. Quelques années plus tard, elle a un jeune fils, mais le marquis est parti en croisade. Un peu bêtement, il parie avec le Diable que Grisélidis restera fidèle. Le Diable, bien sûr, a un plan astucieux. Il se présente sous la forme d’un marchand avec une « esclave » (sa femme) en disant que le marquis a acheté la fille et a l’intention de l’épouser à son retour, mais que pour l’instant, elle est la châtelaine. Il est déconcerté lorsque Grisélidis accepte consciencieusement les ordres de son seigneur et maître, mais décide de rester chaste malgré les supplications d’Alain.

Le plan B consiste à enlever le fils, Loÿs, et à prétendre qu’il est détenu par un pirate qui le rançonnera en échange d’un baiser, ce qui, bien sûr, serait considéré comme une infidélité. Le marquis se présente et se rend compte qu’il a été piégé par le diable. Sa femme et lui prient au sanctuaire de Sainte-Agnès pour que le garçon revienne. La statue de la sainte a mystérieusement disparu de sa chapelle, mais après de ferventes prières, elle réapparaît avec l’enfant. Le diable décide de se retirer et de devenir ermite. En cours de route, il y a moult aventures surnaturelles avec de l’eau bénite, des épées enflammées et d’autres choses du même genre.

La partition est très efficace. Elle est colorée et contient d’excellentes arias pour tous les rôles principaux. Alain, un rôle de ténor français typique interprété ici par Julien Dran, a l’air lyrique Voir Grisélidis, c’est connaître qui exige à la fois un bon degré de puissance et des notes aiguës nettes. Le Marquis, chanté par le baryton lyrique Thomas Dolié, et Grisélidis, un rôle de soprano lyrique chanté avec douceur et pureté par Vannina Santoni, ont quelques très beaux duos, en particulier dans la grande scène de réconciliation de l’Acte 3.

Le Diable, comme le voulait le compositeur, est chanté par un baryton plus âgé, ici Tassis Christoyannis, qui dispose d’une musique et d’un texte qui peuvent être parfois surjoués, bien que l’interprète évite l’excès. Il est agréablement soutenu par la mezzo Antoinette Dennefeld dans le rôle de sa femme, Fianina. Adèle Charvet fait d’autres apparitions au langage idiomatique dans le rôle de la servante/confidente Bertrade; Adrien Fournaison apparaît sous les traits de l’écuyer du Marquis et Thibault de Damas fait le Prieur qui marie le Marquis et Grisélidis.

L’orchestre et le chœur sont assurés par l’Opéra national Montpellier Occitanie. Le chœur n’est pas très présent, mais il est adéquat. L’orchestre est excellent et se fait particulièrement entendre dans le prélude de l’Acte 1, qui évoque l’esprit de l’Occitanie avec quelques belles touches modales. Jean-Marie Zeitouni dirige et navigue habilement entre luxuriance et délicatesse, avec une touche légère dans les éléments comiques.

L’enregistrement se présente en deux disques, ou en version numérique en résolution standard ou en téléchargement 96kHz/24 bits. J’ai écouté la version en résolution standard et elle est excellente, en particulier en ce qui concerne le traitement des voix. Il s’agit d’une édition du Palazetto Bru-Zane, accompagnée de l’habituel livre bilingue de 100 pages contenant toutes sortes d’informations fascinantes ainsi que du texte et de la traduction anglaise.

Dans l’ensemble, il s’agit d’une nouvelle tentative réussie de Bru Zane pour sauver des boules à mites un opéra largement oublié, mais plutôt bon.

Traduction : Andréanne Venne

 

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A propos de l'auteur

After a career that ranged from manufacturing flavours for potato chips to developing strategies to allow IT to support best practice in cancer care, John Gilks is spending his retirement writing about classical music, opera and theatre. Based in Toronto, he has a taste for the new, the unusual and the obscure whether that means opera drawn from 1950s horror films or mainly forgotten French masterpieces from the long 19th century. Once a rugby player and referee, he now expends his physical energy on playing with a cat appropriately named for Richard Strauss’ Elektra.

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