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La pandémie, qui en est à des stades différents dans divers pays, touche différemment la scène musicale classique dans le monde. Une chose est cependant commune: l’incertitude de ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Il y a eu une période d’euphorie en mai et juin, les choses se sont calmées au fil de l’été et maintenant, alors que les nouvelles saisons de concerts sont sur le point de commencer, nous pouvons constaer que partout l’on s’attend à un tournant décisif la fin du mois de septembre.
Les Pays-Bas
La violoniste Candida Thompson, directrice artistique et leader de la Sinfonietta d’Amsterdam, explique qu’en raison des changements incessants de la réglementation liée à la pandémie, ils ont dû faire des allers-retours au moment de planifier la saison à venir. Ils ont d’abord pensé toute leur saison avec des programmes plus courts, mais lorsque la situation donnait l’impression de revenir à la normale, ils ont tout replanifié. « Il y a eu une énorme quantité de planification en arrière-plan, je dirais pour probablement tous les orchestres que je connais en tout cas, dit Thompson. Cela a été une chose horrible de faire de longs programmes, des programmes courts, puis de longs programmes de nouveau et de ne tout simplement pas savoir ce qui allait se passer. »
En juin, la Sinfonietta d’Amsterdam a réussi à présenter quelques concerts. L’orchestre a donné un concert au Concertgebouw pour 3050 personnes avec distanciation sociale, puis cinq concerts au Théâtre Carré où ils ont joué pour 1250 personnes qui devaient être testées ou vaccinées. Pour l’instant, aux Pays-Bas, les concerts commenceront avec la distanciation sociale jusqu’au 20 septembre, puis si tout se passe bien, le gouvernement souhaite supprimer toutes les restrictions. Thompson rappelle que chaque pays semble vivre une réalité différente. « Je ne sais pas ce qu’on fait ailleurs, mais je trouve ça très particulier parce que je vois de mes collègues jouer dans des festivals partout, on a l’impression que c’est comme si rien ne s’était passé dans plusieurs pays cet été. Plusieurs semblent avoir beaucoup joué pendant l’été, mais moi je n’ai pas tellement joué. »
Serbie
En Serbie, l’altiste Saša Mirković, fondateur et leader de l’Ensemble Metamorphosis, a vu les choses se rouvrir petit à petit. Il se souvient que de début mai à fin juin, il y a eu beaucoup de concerts. Après une période creuse en juillet en raison de tous les festivals et cours de maître, la saison de concerts reprend maintenant, mais de manière un peu précipitée, car les gens ont peur de ce qui va se passer cet automne. « Je pense que toute personne qui avait un morceau prêt s’est arrangée pour donner un concert en extérieur, en intérieur, dans de petites ou de grandes salles, peu importe, les gens voulaient juste jouer, explique Mirković. Cependant, les concerts n’étaient pas tous bons, certains projets étaient médiocres, mais les gens étaient si heureux de jouer que nous devions quand même les soutenir. Nous ne pouvons pas encore dire que nous sommes revenus à la vie “normale”, mais les gens donnent l’impression que c’est le cas. C’est comme partout ailleurs, nous verrons ce qui se passera à partir de la deuxième quinzaine de septembre. Les fermetures ont recommencé dans de nombreux endroits du monde. Nous sommes dans une période étrange, c’est le moins que l’on puisse dire, et j’ai le sentiment que nous y sommes pour longtemps. »
Le Royaume-Uni
En ce qui concerne les concerts au Royaume-Uni, Florian Leonhard, luthier, marchand et expert en violon à Londres, constate que les amateurs de concerts ont faim et soif de sorties entre personnes partageant les mêmes idées et de vivre à nouveau la culture ensemble. « Le public a dû s’habituer à écouter de la musique en diffusion et s’habituer à cette technologie, tout le monde affiche ses compétences en ligne, mais ce n’est quand même pas la même expérience et les gens en ont déjà un peu marre. Aujourd’hui, j’en vois beaucoup qui agissent et rassemblent le public dans des lieux plus petits et ne laissent pas l’organisation des concerts seulement aux grandes institutions en raison de la lourdeur des réglementations qui concernent ces dernières. En Angleterre, le processus de vaccination a été assez réussi, mais nous devons encore voir dans quelle mesure les vaccins sont stables avec la nouvelle vague de variant qui apparaît. »
Arménie
Même si le violoniste Hrachyan Avanesyan vit en Belgique, il garde un lien fort avec son pays natal, l’Arménie. Au début de la pandémie, la situation en Arménie était comme partout ailleurs, avec des fermetures et une certaine incertitude. Mais rapidement, lorsque les Azerbaïdjanais ont envahi la République d’Artsakh, la guerre est devenue la principale préoccupation et les inquiétudes liées à la pandémie ont commencé à s’estomper. Cela a entraîné l’ouverture de commerces et de salles de concert et la vie quotidienne a repris malgré les risques potentiels. « En juillet dernier, j’ai donné à Erevan mon premier concert avec orchestre depuis le début de la pandémie, raconte Avanesyan. C’était en effet une expérience émotionnelle et j’ai eu l’impression de revenir à cet état d’esprit que nous avions tous commencé à craindre de ne jamais revoir. Avec tous les concerts, les activités culturelles et une vie nocturne aussi active qu’elle peut l’être, l’Arménie est assurément un endroit idéal pour se retrouver en tant qu’artiste en ce moment. »
Taiwan
Lorsque la pandémie a frappé le monde en janvier 2020, les habitants de Taïwan ont eu la chance de prendre des précautions strictes et ils ont réussi à éviter le virus pendant près de 18 mois. Alors que la scène des concerts s’est arrêtée dans le monde entier, les salles de concert à Taïwan étaient remplies chaque soir de spectateurs portant des masques. « J’ai donné 13 concerts à guichets fermés, raconte la pianiste Gwhyneth Chen, jusqu’à ce que nous ayons un pépin en mai 2021 et que nous soyons touchés par 600 cas de COVID par jour. Les concerts ont alors été annulés pendant près de quatre mois. Grâce à l’unité de l’esprit taïwanais, nous avons pu ramener ce chiffre à 0 ou 2 cas de COVID par jour. Après l’absence de concerts pendant quatre mois, je suis honorée et fière de jouer le premier concerto et d’ouvrir la saison de concerts dans deux salles différentes. »
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