La portée d’une vie est un titre judicieusement choisi pour évoquer la figure de Claude Lagacé, qui a passé le plus clair de son temps à décoder des notes sur une portée, les sublimant à l’orgue par son sens musical inné et son intelligence hors du commun. Plus largement, le lecteur saisira, au fil des pages, la dimension humaniste à laquelle renvoie ce titre.
Grâce à la contribution d’Anne Rogier-Lagacé, conjointe de l’artiste, La portée d’une vie est riche d’archives de toutes sortes – photos, correspondance, partitions, programmes de concert, allocutions – qui élargissent la perspective sur la prolifique carrière de ce musicien tout en agrémentant la lecture. On saura gré à l’auteur d’avoir efficacement organisé sa matière sans jamais se disperser.
Connu comme l’un des plus éminents titulaires du prestigieux poste d’organiste à la basilique Notre-Dame de Québec, Claude Lagacé a déployé son talent dans plusieurs sphères de la vie artistique. Musicien polyvalent, il fut aussi un auteur engagé, préoccupé de la langue de chez nous et de la mise en valeur de nos artistes. En ce sens, Jacques Boucher a été bien avisé d’émailler l’ouvrage de nombreux écrits de Lagacé, donnant la mesure de sa pensée et de son érudition. Sur une note plus personnelle, j’ai été profondément touchée par un texte sur le thème de la mort que le jeune Claude livra, à l’âge de vingt ans, témoignant de sa fine sensibilité et de sa nature d’écrivain déjà bien affirmée (p. 62-64). Ainsi va ce livre, qui déambule entre les réalisations artistiques et les expériences humaines d’un être d’exception.
Jacques Boucher ne tente pas de dissimuler l’admiration qu’il voue au maître. Ses propos, solidement documentés, servis par un style soutenu et enrichis de souvenirs vivaces du disparu, nous convainquent aisément que l’œuvre de Claude Lagacé a une portée intemporelle, s’étendant bien au-delà de la durée de sa longue vie.
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