Critique de concert | Le médiéval rencontre le folklore avec Les Idées heureuses

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Le 12 novembre, Les Idées heureuses ont présenté leur deuxième concert de la saison à la salle Bourgie. Jamais je ne t’oublierai : échos du Moyen Âge dans nos chants du terroir consistait en un programme de musique folklorique française et canadienne-française ainsi que d’œuvres médiévales. Comme son titre l’indique, le programme a été conçu pour illustrer les échos de la musique médiévale dans nos chants du terroir.

Le concert était divisé en cinq sections thématiques : mai, la mère, les fleurs, les pleurs, les adieux et les danses, chacune présentant une chanson folklorique, arrangée par Jean-François Daignault, et diverses œuvres médiévales.

Les Idées heureuses, Nov. 12. Photo credit: Heather Weinreb

Ce que vous avez manqué :

De sa conception à son exécution, ce concert a été remarquablement réussi. Bien que les arrangements de Daignault des airs folkloriques familiers, que ce soit J’entends le moulin ou À la claire fontaine, étaient complexes et très raffinés, la simplicité réconfortante de ces mélodies a toujours été préservée.

Les chansons folkloriques étaient comme des lumières directrices – une lanterne médiévale, ou une torche, peut-être – qui illuminaient le chemin mystérieux de la mémoire. Au début de chaque section, les airs folkloriques – qui consistaient en de l’a capella à trois voix ainsi que des arrangements pour voix solo et harpe – apportaient une touche de nostalgie musicale émouvante. Ces airs familiers étaient suivis de chansons médiévales sur le même thème. La fascination médiévale pour la rose et le mois de mai est présente dans des chansons populaires canadiennes-françaises telles que J’ai cueilli la belle rose et C’est dans le mois de mai. De même, J’irai la voir un jour, une chanson canadienne-française de dévotion à la Sainte Marie, trouve des résonances dans la pléthore d’hymnes mariaux de l’époque médiévale. Le résultat était un programme captivant dans lequel chaque chanson ne brille pas seulement par elle-même, mais contribue à un ensemble plus vaste.

La directrice artistique Dorothéa Ventura est connue pour sa polyvalence artistique. Pour ce concert, elle a été rejointe par d’autres artistes aux talents multiples : Daignault, qui a été invité par Ventura à diriger ce concert, a non seulement été responsable de tous les arrangements, mais a également chanté et joué de divers instruments à vent baroques. Leah Weitzner (voix, viole de gambe et viole) et Antoine Malette-Chénier (voix, harpe et flûte Renaissance) ont chanté tout en jouant de leurs instruments. L’interprétation par Weitzner du Favus distillans de Hildegarde de Bingen a été particulièrement remarquée. Accompagner son propre chant avec une viole de la Renaissance n’est pas une mince affaire ; l’interprétation de Weitzner était très émotive tout en conservant la qualité expansive et transcendantale de cet hymne religieux.

From left to right: Leah Weitzner, Ghislaine Deschambault, Antoine Malette-Chénier, Jean-François Daignault, Dorothéa Ventura. Photo credit: Catherine St. Arnaud

Les multiples talents des membres du groupe ne se limitent pas aux acrobaties impressionnantes réalisées individuellement. La diversité de leurs talents témoigne de l’importance de chacun des membres pour l’ensemble. Nombreux sont les chanteurs capables d’apprendre une partie en quelques jours, beaucoup plus rares sont ceux qui peuvent apprendre la musique aussi bien qu’une chorégraphie en langue des signes, comme ce fut le cas dans J’ay mis mon cuer et ma pensée de Guillaume Dufay. Cet ensemble a une alchimie palpable sur scène qui se transmet à travers la musique.

Ce qui laissait à désirer :

On peut dire qu’un concert est bon lorsque le critique doit insister sur les notes de programme, mais hélas, je me suis retrouvé à vouloir connaître les paroles de ces chansons. Tout en appréciant qu’il n’y ait pas eu de projections des paroles sur scène – cela aurait trop alourdi le visuel –, j’ai regretté de ne pas avoir pu lire les textes dans le programme ou au moins recevoir plus d’explications à leur sujet au début de chaque section du concert. Il ne s’agissait pas seulement d’un concert de musique vocale, mais d’un concert qui mettait en évidence les parallèles entre la musique médiévale et la musique canadienne-française. Le fait d’avoir les textes à portée de main aurait renforcé l’expérience du public.

Les Idées heureuses présenteront Noëls anciens et nouveaux le 4 décembre, et Musique et danse en Nouvelle-France le 16 janvier. ideesheureuses.ca

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