Fidèle à sa philosophie, le Festival du monde arabe nous promet un week-end de clôture très relevé. Dans la catégorie arts de la scène, on aura droit aux très attendus prestations de l’ensemble Taraf Syriana et ses Cantiques de la Sainte Syrie et celle de du maître du chant malouf Abbas Righi sous le thème Constantine en fête ( le 12 novembre à l’Église du Gesù). Et pour la soirée du samedi 13 novembre au théâtre Rialto, le festival nous réserve le meilleur de son cru 2021 : le Sommet soufi célébrant une rencontre exceptionnelle entre plusieurs traditions millénaires des musiques spirituelles avec la participation d’artistes reconnus pour leurs talents authentiques.
Cantiques de la Sainte Syrie
L’ensemble Taraf Syriana qui se distingue par ses démarches artistiques exploratoires des perles musicales d’un héritage multiculturel transhistorique, nous propose une soirée de communion artistique autour de chants spirituels araméens, syriaques, chaldéens, arabes et byzantins. Taraf Syriana s’est doté d’une belle mission artistique visant le partage de richesses cantiques véhiculée par le vaste répertoire musical des chrétiens d’Orient. Les membres de ce groupe, Naeem Shanwar (qanun), Omar Abou Afach (violon alto), Noémy Braun (violoncelle), Sergiu Popa (accordéon) et Elite Possik (voix), nous mènent avec délicatesse dans un voyage dans le temps à travers rites et traditions musicales ancestrales. Au menu, des perles du répertoire de Noël ainsi que différents chants liturgiques tels que « Soghdinan Laslibo », « Fol Hay Shmayo » ou encore « Ode à Marie ». Cantiques de la Sainte Syrie est bel et bien un retour aux sources pour des retrouvailles avec des expressions musicales qui se sont colorées au fil du temps par les mille et une nuances des langues, civilisations, religions et ethnies qui se sont côtoyées et succédées dans ce qu’on appelle Bilad El-Sham ou la Grande Syrie (pays du Levant). Aussi, la musique de Taraf Syriana, à l’image de la diversité des origines et horizons des membres du groupe, s’enrichit des répertoires musicaux d’autres contrées : Afrique du Nord, Europe de l’Est, Balkans, etc.
Abbas Righi : un retour très attendu !
Cette 22e édition du FMA est marquée par le retour du maître du chant malouf Abbas Righi après son bel succès en 2019. Cet artiste issu de l’école de musique de Constantine, se démarque par ses interprétations acclamées par la critique et le public de l’héritage millénaire de l’univers poético-musical andalou, célébrant les métissages de cette Andalousie tant rêvée et qui a toujours nourri l’imaginaire des poètes, artistes et musiciens nostalgiques de ce temps/espace paradisiaque de tous les raffinements et qui donnait libre cours à une vitalité artistique exceptionnelle. La délicatesse et le raffinement de l’art de Abbas Righi traduisent sa solide formation, ayant été bercé depuis son jeune âge dans la musique savante et spirituelle de Constantine et ses qasidas de grands maîtres. La voie souffi lui a inspiré l’amour de la musique malouf, sa musique de prédilection. Les participations très appréciées de son ensemble qu’il dirige en tant que chanteur et luthiste aux différents festivals de musiques andalouse, Hawzi et Malouf lui ont valu de prestigieux prix.
Clôture en extase…spirituel transculturel !
Cette célébration signée par l’équipe du FMA des métissages interculturels qui font la richesse de la métropole montréalaise, atteindra son apogée avec le Sommet soufi de ce samedi au Théâtre Rialto, avec la participation d’artistes de différentes cultures musicales, mawlawi, perse ou qawwali, Khaled Alhafed (Syrie), Abir Nasraoui (Tunisie), Abdelkarim Shaar (Liban), Mushfiq Hachimi (Afghanistan) et Habib Hoseini (Iran), sous la direction musicale de Mohamed Masmoudi et la participation des musiciens Saeed Kamjoo, kamancheh – Nizar Tabsharani, qanoun – Mohamed Masmoudi, oud – Tammam Alramadan, ney – Myriam Tazdeh, tar – Pooria Pournazeri, daf – Phyras Haddad, percussions et l’artiste Anita Pandey (Danse kathak). Ce sera « une rencontre au sommet de l’art sacré, un voyage mystique avec des artistes d’exception issus de traditions soufies différentes, offrant au public une occasion unique de vivre une expérience extatique ultime », indique le FMA. Cette soirée de communion spirituelle immersive est inspirée par les œuvres des poètes mystiques Rûmi, Khayyâm et Shams-ed-Dīn Tabrīzī.
Salon de la culture : Intéressants débats de fonds
Au Salon de la Culture, plusieurs rencontres sont au programme. « Artiste et immigrante, la grande équation », le 12 novembre au Centre culturel marocain Dar Al Maghrib, avec la participation de Sara Nacer, cinéaste émergente et productrice artistique, Fairouz Oudjida, chanteuse, Gisèle Kayata Eid, journaliste et auteure. « À travers les témoignages d’artistes montréalaises de grand talent, cette activité nous offre un voyage exploratoire, pour ne pas dire thérapeutique, pour partager leurs passions, leurs aspirations, leurs nostalgies et leurs cogitations », lit-on dans la présentation de ce cette rencontre, animée par Mathiew Leiser, journaliste à Radio Canada International. .
Le samedi, en mode virtuel, causerie, animée par Rachida Azdouz, psychologue et essayiste, Québec, autour du nouvel essai « La tristesse est un mur entre deux jardins » de Wassyla Tamzali, juriste et écrivaine, Algérie, et de Michelle Perrot, professeure émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Diderot, France. Cette rencontre, avec les deux auteures, porte notamment sur les problèmes du temps, de l’Algérie, de la mémoire et de l’oubli, des femmes, du féminisme. À noter aussi la rencontre en mode virtuel, ce même samedi, autour du thème : « La fabuleuse histoire de la langue arabe en Occident ». Un groupe d’enseignants universitaires de la langue arabe aux non natifs du Canada et de l’Europe partagent leurs expériences dans l’enseignement de la langue arabe, langue et culture étant indissociables, l’approche communicative interculturelle s’inscrit donc au cœur de l’enseignement des langues étrangères. Un enseignement favorisant dans ses outils la démolition des stéréotypes et des clichés préétablis permet de tendre vers l’apport mutuel et le vivre ensemble. Le tout dans le but de bâtir de solides fondements, des passerelles culturelles et des ponts humanitaires entre les peuples. Animée par Anne-Marie Yvon, journaliste à Radio-Canada/Espaces autochtones, cette rencontre organisée en partenariat avec le Centre culturel Arabo-Canadien, se déroulera avec la participation de Akila Sekhri, enseignante de langues et de culture arabes, Faculté des arts et des sciences, Université de Montréal; Faculté de communication, UQAM; présidente du Centre Culturel Arabo-Canadien. Anissa Daoudi, professeure associée, section arabe. reponsable de la section de traduction (arabe-anglais-arabe), Université de Birmingham, Royaume-Uni. May Telmissany, professeure associée, Langues et littératures modernes, Faculté des arts, Université d’Ottawa.
Espace Aleph
Dans la catégorie d’événements Espace Aleph, à noter deux prestations de grande qualité, ce vendredi 12 novembre. Ensemble Al-Zahawi, au Centre Culturel Marocain Dar Al Maghrib, avec Zayid Al Baghdadi, ney – Nicolas Royer-Artuso, oud – Nathaniel Huard, riqq. Au menu, des airs et des mélodies sublimes du fameux maqâm irakien, au cœur de la grande tradition musicale reconnue comme patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Dans la soirée de ce même vendredi, le FMA nous invite à un hommage à la sommité artistique arabe et libanaise, le grand Wadih Safi, au Centre Culturel Marocain Dar Al Maghrib, avec l’artiste Ayham Abou Ammar. www.festivalarabe.com