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Alors que 2024 s’achève, jetons un oeil (et une oreille) aux sorties qui auraient pu nous échapper…
The Sky Will Still Be There Tomorrow Charles Lloyd, saxophone; Jason Moran, piano; Larry Grenadier, contrebasse; Brian Blade, batterie Blue Note Records
À 86 ans, Charles Lloyd pourrait prétendre au titre de « dernier grand ténor », mais peut-être que son style est un peu trop débridé pour un tel titre… Quoiqu’il en soit, son dernier album pour Blue Note le réunit avec Jason Moran et Larry Grenadier, mais c’est la présence de Brian Blade (qui enregistre pour la première fois avec le maître) qui fait la différence ici. Tiens, il y a même une (courte) pièce qui s’appelle Late Bloom (floraison tardive si on traduit littéralement)… En effet !
Tomorrowland Lux Quartet : Myra Melford, piano; Allison Miller, batterie; Dayna Stephens, saxophone; Scott Colley, contrebasse Enja Records
Le Lux Quartet est codirigé par la pianiste Myra Melford et la batteuse Allison Miller, qui collaborent depuis plus d’une décennie au sein du groupe de Miller, Boom Tic Boom. Elles sont rejointes ici par le saxophoniste Dayna Stephens et le contrebassiste Scott Colley. Tout au long de Tomorrowland, les quatre couvrent un large spectre stylistique, depuis des phrases abstraites jusqu’à des mélodies élégiaques, en passant par des thèmes monkiens et des improvisations libres presque féroces. Un jazz intelligent tout en restant profondément accessible.
On peut écouter et/ou acheter Tomorrowland sur Bandcamp.
Legend of e’Boi (The Hypervigilant Eye) Darius Jones, compositeur, saxophone alto; Gerald Cleaver, batterie; Chris Lightcap, contrebasse AUM Fidelity
La sonorité acide du saxo alto de Darius Jones ne plaira pas à tous, mais le saxophoniste s’est imposé comme l’une des voix essentielles du jazz d’aujourd’hui depuis la parution de Man’ish Boy en 2009. Avec Legend of e’Boi, Jones inaugure le septième chapitre de son cycle, touchant ici au thème de la santé mentale. Avec Chris Lightcap et Gerald Cleaver, le saxophoniste crée une musique étrangement hypnotique à partir d’un matériau très simple. Voici un disque qui en révélera toujours plus à chaque écoute.
Vous trouverez Legend of e’Boi sur le site de AUM Fidelity.
Words Unspoken John Surman, saxophones soprano et baryton, clarinette basse; Rob Waring, vibraphone; Rob Luft, guitare; Thomas Strønen, batterie ECM Records
Célébrant cette année son 80e anniversaire, John Surman a annoncé qu’il prendrait sa retraite de la scène après l’automne, mais le saxophoniste (et maître de la clarinette basse) tient à continuer à enregistrer, ce qui se comprend lorsqu’on entend son dernier opus paru chez ECM. Avec le vibraphoniste Rob Waring (67 ans), le batteur Thomas Strønen (51 ans) et le guitariste Rob Luft (31 ans), Surman dirige un véritable ensemble intergénérationnel à travers une série de 10 compositions originales qui sont autant de facettes de son œuvre…
Transfiguration James Brandon Lewis, saxophone ténor, composition; Aruán Ortiz, piano; Brad Jones, contrebasse; Chad Taylor, batterie Intakt Records
Le saxophoniste James Brandon Lewis semble soudainement être partout à la fois: après l’excellent For Mahalia, With Love en 2023, il s’est lancé dans la collaboration (en studio et en tournée) avec le power trio The Messthetics. Il a apparemment aussi trouvé le temps d’entrer en studio avec son quartette (avec Aruán Ortiz, Brad Jones et Chad Taylor) pour un autre excellent disque, son quatrième avec cette formation
Louis Armstrong’s America Volume 1 / Volume 2 Allen Lowe & the Constant Sorrow Orchestra, avec (entre autres) Frank Lacy, trompette; Ray Anderson, trombone; Loren Schoenberg, Matthew Shipp, piano; Marc Ribot, guitare ESP-Disk’
En plus d’être un saxophoniste assez original, Allen Lowe est aussi l’un des plus intéressants historiens du jazz. Pour son projet Louis Armstrong’s America, il aurait pu se contenter d’interpréter des pièces associées au grand Louis, mais son projet a pris une tout autre tournure : sur quatre CD, il offre une série de compositions originales qui arrivent à rester ancrées dans l’histoire du jazz (un thème de Kid Ory par ci, un fragment de chanson populaire par là) tout en conservant une bonne dose d’humour, touchant même au punk rock par moments !
Vous trouverez Louis Armstrong’s America sur le site de ESP-Disk’.
Rééditions / Parutions d’archives
Classic Don Byas Sessions 1944-1946 Don Byas, saxophone ténor; avec ses propres groupes et d’autres leaders dont Hot Lips Page, Cozy Cole, Clyde Hart, Oscar Pettiford, Dizzy Gillespie, Trummy Young, Benny Carter, Don Redman; les sidemen sont entre autres Charlie Shavers, Slam Stewart, Thelonious Monk, Lucky Thompson, Coleman Hawkins, Buck Clayton, Erroll Garner, Max Roach, Beryl Booker. Mosaic Records
Paru juste comme 2023 laissait sa place à 2024, ce coffret de 10 CD rend enfin justice au grand Don Byas, maître du saxo ténor dont le style entre le swing et le bop est un peu tombé en désuétude de nos jours… En plus de ses sessions américaines des années 1940 pour Savoy, Continental, Manor ou Guild, cette collection révèle pour la première fois un bon nombre d’enregistrements inédits, lesquels proviennent en grande partie de la collection du fameux « baron du jazz », Timme Rosenkrantz.
Classic Bobby Hutcherson Blue Note Sessions 1963-1970 Bobby Hutcherson, vibraphone; ses sidemen sont notemment Joe Henderson, Grant Green, Freddie Hubbard, Sam Rivers, Andrew Hill, Richard Davis, Joe Chambers, Herbie Hancock, McCoy Tyner, Stanley Cowell, Harold Land, Chick Corea, Joe Sample. Mosaic Records
On a déjà dit que si Bobby Hutcherson avait été saxophoniste, il serait probablement compté aujourd’hui parmi les plus grands musiciens de son époque. Cette affirmation un peu grandiloquente devient une évidence lorsqu’on parcourt la production du vibraphoniste pour Blue Note dans les années 1960. Dans ce coffret Mosaic, on découvrira ses premiers essais (longtemps inédits) autant que son quintette avec le saxophoniste Harold Land; parmi les 76 pièces proposées ici, on retrouve une des musiques les plus vibrantes jamais produites pour le label.
Comme le Byas, ce coffret est disponible chez Mosaic Records.
The Carnegie Hall Concert Alice Coltrane, piano, harpe, percussion; Pharoah Sanders, Archie Shepp, saxophones; Jimmy Garrison, Cecil McBee, contrebasses; Ed Blackwell, Clifford Jarvis, batterie; Tulsi, tamboura; Kumar Kramer, harmonium. Impulse Records
Avec la popularité de ce qu’on a appelé « jazz spirituel » ces dernières années, la musique d’Alice Coltrane semble rejoindre un public grandissant. Son concert de 1971 à Carnegie Hall avait déjà fait surface dans des éditions non-autorisées, mais l’édition officielle finalement publiée par Impulse est un véritable triomphe : près d’une heure et demie de musique par Alice et quelques-uns des géants de la fire music : Archie Shepp, Pharoah Sanders, Jimmy Garrison, Cecil McBee, Ed Blackwell, Clifford Jarvis… Sans concession, même plus d’un demi-siècle plus tard.
On trouvera plus d’information en suivant ce lien.
Webo Charles Gayle, saxophone ténor; Milford Graves, batterie, voix; William Parker, contrebasse Black Editions Archive
La troisième parution dans la série Archive de Black Editions prolonge le programme du label autour des bandes de la collection de Milford Graves. Ce triple-LP à la présentation impeccable est la première sortie officielle de ce concert de 1991 par un trio de free jazz sans concession. Certains auditeurs seront immédiatement repoussés par l’attaque de Gayle en ouverture, mais les amateurs ne pourront contester le niveau d’énergie atteint par ces trois maîtres au somment de leur art.
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