Échos de Toronto

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Darius Jones (Photo: Kholood Eid)

GUELPH À LA CROISÉE DES CHEMINS

Cette année, l’organisation du Festival de jazz de Guelph est en transition alors que son ancien directeur, Scott Thomson, a été nommé au Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) l’an dernier. Malgré tout, la directrice artistique par intérim Karen Ng, le directeur général par intérim Alex Ricci et leurs équipes ont réussi à assembler un programme prometteur, mettant en vedette des groupes innovateurs de l’Ontario, du Québec et des É.-U., conservant l’orientation du festival pour la musique tout en ajoutant au mélange des musiques du monde, folk et électroniques.

Parmi les incontournables de l’édition 2024, mentionnons le saxophoniste new-yorkais Darius Jones, qui continue son œuvre amorcée en 2009 par l’album Man’ish Boy avec deux projets récents : d’abord fLuXkit Vancouver (2023, avec Gerald Cleaver et un quartette de cordes de C.-B. : Josh et Jesse Zubot, Peggy Lee et James Meger) et ensuite un album à paraître avec son trio, Legend of e’Boi. Également présente au festival, la pianiste Angelica Sanchez apparaîtra deux fois : en duo avec Chad Taylor et au sein d’un trio avec le saxophoniste Tony Malaby et le vétéran batteur torontois Nick Fraser. Maître d’œuvre du Chicago Underground et de l’Exploding Star Orchestra, Rob Mazurek sera également la vedette de deux concerts à Guelph, notamment avec New Future City Radio, son projet multimédia avec le chanteur et électronicien Damon Locks. Contrebassiste des Irreversible Entanglements, Luke Stewart présentera pour sa part le Silt Trio, avec Chad Taylor et le saxophoniste Brian Settles. En plus de ces visiteurs des É.-U., les artistes canadiens se tailleront aussi une belle part dans le programme, avec des collectifs comme Glass Elephant, The Labyrinth Ensemble et SHEBAD, en plus des Québécois de Splendide abysse. De la région de Toronto, le violoncelliste et improvisateur Matt Brubeck (oui, le fils de Dave) apparaîtra en duo avec la compositrice-interprète Caylie Staples. Mais Guelph ne sera pas que sons expérimentaux et bruits étranges : cette année, on pourra y participer à un « bal folk » avec le groupe Vinta, on entendra les chansons poétiques de Luka Kuplowsky & The Ryōkan Band, des percussions afro-brésiliennes batucada et on pourra même suivre un atelier de danse bhangra ! Enfin, le groupe psychédélique/punk de Montréal TEKE::TEKE amènera certainement un peu de folie à la japonaise dans le mélange ! L’édition 2024 du festival de jazz de Guelph se déroulera du 13 au 15 septembre.

On trouvera le programme complet du festival de Guelph en suivant ce lien. 

Marie Goudy

GREY SKIES & FREE SPIRITS

Une visite sur la page YouTube de la trompettiste/chanteuse Marie Goudy donnera une bonne idée de l’étendue des activités de la musicienne torontoise, depuis le funk du groupe Alma Soul et un hommage au Miles Davis de Birth of the Cool jusqu’à des versions réenregistrées de chansons pop et même… un orchestre mariachi ! Goudy ne semble pas tellement se formaliser de cet éclectisme – il y avait même quelques passages (parfois surprenants !) de cuivres à la mexicaine qui surgissaient dans les arrangements de son premier album avec son duodecette, The Bitter Suite, paru en 2018 – et le disque laissait aussi deviner que la trompettiste avait une plume musicale bien aiguisée. À la tête d’une large formation, elle savait évoquer aussi bien l’ère classique des big bands que la période plus tardive du jazz cool façon West Coast, le tout dans un contexte qui ne tombait jamais dans la nostalgie. Désormais à la tête d’un quintette baptisé Paloma Sky, Goudy prolonge sa collaboration avec la chanteuse Jocelyn Barth, qui jouait déjà un rôle central sur l’album des douze. Le quintette sortira son premier album, Hold On to Me, le 13 septembre : série de dix chansons originales qui trouvent la plupart du temps un équilibre entre le jazz et la pop, le disque est une preuve de plus à verser au dossier de Goudy comme excellente compositrice, influencée de son propre aveu autant par Stevie Wonder que par Maria Schneider et Kenny Wheeler. Alors que certains regretteront les possibilités texturales apparentes dans The Bitter Suite, le nouvel opus y supplée de belle façon en offrant un groupe à la hauteur (Goudy la trompettiste est excellente), mais aussi quelques jolies harmonies vocales, puisque quatre des cinq musiciens sont également des chanteurs accomplis. Goudy, Barth et Paloma Sky seront en vedette au Jazz Bistro le 2 octobre pour célébrer la parution de l’album. 

Pour suivre les activités de Marie Goudy, on consultera sa page web. 

Teri Parker

Comme Goudy, la pianiste Teri Parker est une ancienne de l’Université de Toronto avec un penchant pour la composition, bien qu’il ne semble pas y avoir d’orchestre mariachi dans son CV… Interprète et compositrice d’une grande sensibilité, l’ancienne élève de Fred Hersh et Enrico Pieranunzi a déjà deux excellents albums à son actif : In the Past, de 2017, et Shaping the Invisible, de 2023. En 2018, la pianiste fonde un nouveau groupe tout féminin, Free Spirits, notamment dédié à la musique de deux des pianistes les plus importantes de l’histoire du jazz, la regrettée Geri Allen (1957-2017) et la pionnière arrangeuse et compositrice Mary Lou Williams (1910-1981), dont la version de la composition de John Stubblefield, Free Spirits, a donné son nom au groupe de Parker. Après une maîtrise en composition à l’Université York en 2021, cette dernière a reçu une bourse du Conseil des arts de Toronto, lui assurant une intense période de création et d’écriture qui allait culminer avec sa suite Peaks and Valleys, qui forme désormais le cœur de l’album du même nom qui paraîtra le 4 octobre. Pour son lancement, Free Spirits sera pendant quatre soirs au Rex, du 9 au 12 octobre. 

Pour plus d’informations sur Teri Parker et Free Spirits, suivez ce lien. 

EN BREF

Paru en 2022 et nominé pour un prix JUNO, l’album du batteur Ernesto Cervini, Joy, a certainement été une surprise pour les amateurs de l’autrice de romans policiers Louise Penny : une suite subtile de thèmes de jazz basée sur l’univers des romans de la série Armand Gamache, situés dans la municipalité fictive des Cantons de l’Est, Three Pines. Avec la sortie du nouveau livre de Penny, The Grey Wolf (Le loup gris), le projet renaîtra de nouveau sur scène à l’Aeolian Hall à London le 2 novembre.

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