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Chaque samedi matin à Montréal, des voix venues des quatre coins du monde s’unissent par le chant. Les choristes sont de nouveaux arrivants au Québec venus apprendre le français et créer des liens grâce à la musique. Ils font partie du Chœur des Bienvenus, hébergé par l’école préparatoire de musique de l’Université du Québec à Montréal et imaginé par la professeure Isabelle Peretz de l’Université de Montréal.
Immigrante elle-même, Isabelle Peretz se demande depuis longtemps si chanter ensemble peut faciliter l’adaptation à un nouveau pays. Beaucoup de nouveaux arrivants affrontent des défis comme l’apprentissage d’une langue et l’isolement. Spécialiste de la neurocognition de la musique et du langage, Isabelle Peretz savait déjà que le chant améliore la prononciation, l’acquisition du vocabulaire et le lien social tout en rehaussant l’humeur.
Guidée par son intuition qu’un chœur pouvait répondre à plusieurs de ces besoins à la fois, elle et son équipe, dont moi-même, comme coordonnatrice de l’étude, ont lancé le Chœur des Bienvenus comme projet pilote.
Dans cette recherche initiale, les nouveaux arrivants, accompagnés de quelques Québécois francophones, chantaient ensemble en français, apprenant à se connaître les uns les autres au fil des chansons et des pauses-collations. Les résultats ont été éloquents : après huit semaines de chant collectif, de nombreux participants ont montré des progrès en langue, en bien-être et en sentiment d’affiliation au groupe et se sont dits plus confiants.
Chœur des Bienvenus
Forts de ce succès, les chercheurs ont élargi l’initiative à Toronto avec Frank Russo, Arla Good et Isabelle Héroux, appuyés par le regroupement SingWell, Bridging Divides et des partenaires communautaires comme Massey Hall et les Community Music Schools of Toronto.
Le projet qui en découle, Partager la musique avec les nouveaux arrivants, est mené à Montréal et Toronto sous la forme d’une étude contrôlée randomisée – une méthode plus courante en recherche médicale que dans les arts. Trois groupes sont comparés : un chœur, un atelier de conversation sur la musique et un groupe témoin. Les séances sont dirigées par des animateurs chevronnés pour que chacun, peu importe son niveau de langue ou de chant, s’y sente à sa place.
Les chercheurs recueillent des données à la fois objectives et subjectives afin d’apporter des preuves solides de la valeur du chant comme outil d’intégration, d’apprentissage d’une langue étrangère et de bien-être. Les résultats préliminaires montrent que le chant collectif entraîne un meilleur regain d’humeur et une création de liens plus rapide que les groupes de conversation, confirmant le pouvoir bienfaisant de la musique partagée. D’autres mesures plus fines de l’acquisition du français et du stress sont en cours d’analyse et feront l’objet de la thèse de doctorat de Fidaa Akrout.
À mesure que les migrations redessinent nos communautés, des projets comme celui-ci montrent comment les arts peuvent rendre l’intégration plus agréable et motivante. Chanter ensemble offre bien plus qu’un simple plaisir musical : c’est une source d’apprentissage, de bien-être et d’harmonie qui dépasse largement les chansons elles-mêmes.
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