22 janvier 2020, Grand Théâtre de Québec
Pour la première fois étaient réunis l’Orchestre symphonique de Québec et les Violons du Roy. On entend souvent Le Sacre joué par une quarantaine de musicien-ne-s; il y en avait plus du double hier soir au Grand Théâtre. « La totale », comme les a présentés la PDG de l’Orchestre à une salle pleine.
Bonne idée de réunir dans le même programme Les Élémens [sic]du méconnu Jean-Féry Rebel et Le Sacre du printemps de Stravinski. À deux siècles d’intervalle, les deux célèbrent la nature et la danse, d’autant plus que le premier mouvement des Élémens est très rythmique et extrêmement audacieux. Plus tard, deux cors ont étrangement préséance. Baroque hirsute ! On imagine bien mal l’entendre à la cour de Louis XV à côté d’un Rameau ! Ces Élémens sont habituellement joués sur instruments d’époque, mais ce soir les piccolos de bois ont remplacé les flûtes à bec.
Sous Fabien Gabel, certains accents du Sacre sont très particuliers, et il accentue systématiquement le finale de chaque mouvement. Est-ce l’acoustique de la salle ou l’emplacement de mon siège ? Les cordes, notamment, sortaient de l’ensemble beaucoup plus que les bois.
Entre les deux suites, Hâkan Hardenberger était invité pour le Concerto pour trompette d’Henri Tomasi. Gabel avait déjà dirigé cette oeuvre avec l’Orchestre nationale de France. Premier mouvement pris lentement mais beau travail, surtout pour le superbe 2e mouvement et son duo trompette et harpe, très bien balancé. Il faut le faire !
Le Sacre du printemps a décidément une perfection formelle qui empêche la modestie d’une simple étude de rythmes. Stravinsky racontait quelque part qu’il a composé l’œuvre avec en tête les images des violentes débâcles de glace dans l’hiver russe. Facile de transposer ces images au Québec, mais dès janvier, c’est un concert perce-neige…