Critique : The Exterminating Angel

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Devinez qui vient souper… et y restera à tout jamais? Dans le nouvel opéra du compositeur Thomas Adès The Exterminating Angel, la réponse est : tout le monde. Créée l’année dernière à Salzbourg, l’œuvre est présentée au Met en première américaine.

Inspiré du film El ángel exterminador, réalisé en 1962 par l’iconoclaste Luis Buñuel, l’opéra de M. Adès observe impitoyablement le sort désespéré (et la santé mentale chancelante) de bourgeois espagnols qui, après une soirée à l’opéra, se réunissent à l’occasion d’un souper mondain qu’ils ne peuvent, pour des raisons dépassant tout entendement, se résoudre à quitter. Pensons à un croisement entre Noel Coward et Rod Sterling agrémenté d’un peu du Capriccio de Richard Strauss.

Depuis qu’Aristote a exprimé l’idéal de l’unité d’action, les dramaturges se sont mis en quête de situations justifiant cet isolement dramatique imposé — pensons au tour de passe-passe existentialiste de Sartre dans son Huis Clos, à l’ingéniosité psycho-juridique des Dix petits nègres d’Agatha Christie ou aux innombrables histoires de pénitencier ou d’asile. Pourtant, il est impossible d’oser la comparaison avec l’audacieuse solution de Buñuel : apparemment incapables de se résigner à quitter la pièce où ils ont été conviés, une bande d’intellectuels raffinés sombrent dans la sauvagerie.

Le livret de M. Adès et du metteur en scène Tom Cairns s’attache étroitement au récit de Buñuel et retrace peut-être mieux la situation qui évolue d’une comédie de mœurs à un Götterdämmerung, alors que la musique percutante et tumultueuse du compositeur (que souligne l’utilisation virtuose du mystérieux instrument électronique que sont les ondes Martenot) nous entraîne dans les vertiges de la métaphysique et de l’horreur viscérale.

Les personnages principaux forcent admirablement la note – repoussant parfois les limites – dans l’exécution de leurs lignes vocales diaboliquement mouvantes et atteignant des hauteurs inégalées. Les sopranos Audrey Luna et Alice Coote, la mezzo-soprano Christine Rice, le contre-ténor Iestyn Davies et le ténor québécois Frédéric Antoun se distinguent au sein d’une distribution étincelante.

Traduit par Véronique Frenette.

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A propos de l'auteur

Charles Geyer is a director, producer, composer, playwright, actor, singer, and freelance writer based in New York City. He directed the Evelyn La Quaif Norma for Verismo Opera Association of New Jersey, and the New York premiere of Ray Bradbury’s opera adaptation of Fahrenheit 451. His cabaret musical on the life of silent screen siren Louise Brooks played to acclaim in L.A. He has appeared on Broadway, off-Broadway and regionally. He is an alum of the Commercial Theatre Institute and was on the board of the American National Theatre. He is a graduate of Yale University and attended Harvard's Institute for Advanced Theatre Training. He can be contacted here.

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