Rachel Podger de Tafelmusik : La communication est la clé

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S’adapter à la vie dans un nouveau poste à l’étranger comporte un ensemble de défis unique. Rachel Podger a abordé cette tâche en combinant communication, collaboration et curiosité.

La musicienne britannique primée a été nommée directrice principale invitée du célèbre ensemble classique Tafelmusik en avril 2023 ; elle a officiellement lancé la saison 2024-2025 dans ses nouvelles fonctions à Toronto le mois dernier, avec un programme entièrement consacré à Mozart. « Musicalement, ils sont si incroyablement réceptifs – j’adore l’énergie du groupe ! »

Podger a travaillé pour la première fois avec Tafelmusik en mai 2012. Fondatrice et directrice artistique du Brecon Baroque Festival au Pays de Galles et de son ensemble Brecon Baroque, elle a été la première femme à recevoir le prestigieux prix Bach de la Royal Academy of Music/Kohn Foundation en octobre 2015. Elle a également été élue Artiste de l’année par le Gramophone (2018) et Ambassadrice de la Journée de la musique ancienne (2020), un événement organisé par le REMA, le réseau de la musique ancienne en Europe. Parmi ses collaborateurs figurent l’octuor a-cappella VOCES8, l’ensemble vocal I Fagiolini, le pianiste Kristian Bezuidenhout, le chef d’orchestre et claveciniste Masaaki Suzuki et la superstar de la musique ancienne Jordi Savall.

La nomination de Podger au poste de première directrice invité marque une nouvelle étape dans l’évolution créative de Tafelmusik. Ce rôle ne vise pas à remplacer celui de direction musicale traditionnelle, un poste qui s’est transformé depuis 2022 et qui a abouti au modèle actuel de trois codirecteurs artistiques : Brandon Chui, Dominic Teresi et Cristina Zacharias, tous trois membres de l’orchestre. « Nous avons de très bons rapports en ce qui concerne les programmes, explique Podger. Nous discutons des programmes en nous demandant comment nous trouvons ceci et cela ou comment cela s’intégrerait ou irait avec ce morceau et nous avons cette instrumentation ! et Écoutez ça ! » – et ensuite vous envoyez quelque chose de n’importe quel pays où vous vous trouvez. Parfois, l’un d’entre eux m’envoie aussi quelque chose – la plupart du temps Dominic Teresi, le bassoniste du groupe ; il m’envoie un lien et me dit : « Hé, avez-vous pensé à ce morceau ? Et je me dis : « Je ne connais pas cette œuvre, mais d’accord, pensons à la programmer » – et c’est aussi l’inverse. C’est donc très agréable.

Le nouvel album du groupe, Haydn Symphonies 43 & 49 : Mercury & La Passione, a été enregistré en direct lors du retour de Podger à Toronto en 2023. « C’était comme une sorte de retour à la maison », dit-elle. Sorti le 11 octobre sur toutes les principales plateformes numériques, l’album est le premier enregistrement de l’ensemble avec sa nouvelle directrice principale invitée.

Plus tard ce mois-ci, Podger dirigera Tafelmusik pour une tournée de cinq villes et sept concerts en Corée du Sud ; elle reviendra à Toronto en 2025 pour des concerts en janvier/début février et début mai. Ces concerts mettront en valeur des noms classiques bien connus (Haendel, Bach, Vivaldi, Telemann) ainsi que des œuvres de compositeurs dont les noms (Avison, Pisendel, Reichenauer et Corelli) ne sont pas nécessairement connus en dehors des cercles de la musique ancienne. « Le public de Tafelmusik est très fidèle, explique Podger, vous pouvez donc leur proposer des œuvres qu’ils ne connaissent peut-être pas. Tout dépend de la manière dont on le présente et dont on le fait découvrir au public.

Cette communication ouverte est directement liée au rôle d’éducatrice de Podger. Elle occupe un poste honorifique au Royal Welsh College of Music and Drama et à la Royal Academy of Music. Elle fait également partie de la faculté d’interprétation historique de Juilliard, où elle a dirigé un concert de musique baroque avec Juilliard415 (le principal ensemble d’instruments d’époque de l’école) le mois dernier. « Dans l’enseignement, les idées sont constamment rafraîchies et recréées afin de les rendre pertinentes pour un étudiant ou un groupe d’étudiants particulier », explique-t-elle. L’accent mis sur le renouvellement de l’expérience s’étend aux concerts et plus particulièrement à l’utilisation d’introductions orales, une pratique qui devient courante dans le monde des orchestres.

« C’est un bon moyen de briser la glace », déclare Podger à propos des petites discussions que les chefs d’orchestre engagent souvent avant l’exécution d’un morceau. Je pense qu’il est bon que le public puisse se faire une idée de la musique et de ce qu’elle représente pour vous sur le plan personnel.

Le père de Podger est un pasteur qui a chanté dans sa jeunesse. « Il était choriste à Cambridge et organisait des concerts dans lesquels je jouais et chantais, se souvient-elle. Il faisait ce genre d’introduction parce qu’il pensait qu’il était important d’expliquer un peu aux gens, et pour moi, c’était tout à fait normal de le faire.

La collaboration est un autre élément de l’approche musicale de Podger. « C’est un ensemble très démocratique, dit-elle à propos de Tafelmusik. Je pense que certains directeurs n’aiment pas vraiment le fait que (pendant les répétitions) les gens s’expriment de partout – du fond de la section, des instrumentistes à vent ou des cuivres. J’adore cela ! Ce que les gens ont à dire m’intéresse ».

La chose la plus importante est que « tout vient toujours de la musique – je sais que c’est peut-être un peu facile à dire, mais c’est vrai. Bien sûr, je suis au premier plan, mais je me considère davantage comme une sorte de facilitatrice, et c’est ainsi que l’on fait de la bonne musique. N’est-ce pas ce qui compte ?