Esprit Orchestra : Tenir le public en haleine

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« The Edge of Your Seat » est le titre de la saison 2024-2025 de l’Esprit Orchestra, mais cela pourrait bien décrire l’ensemble de son éthique.

Fondé en 1983 par le directeur musical et chef d’orchestre Alex Pauk, cet orchestre de 65 membres est l’une des rares organisations de ce type à l’échelle mondiale. C’est le seul orchestre professionnel de pleine dimension au Canada qui se consacre à la promotion et à l’interprétation de la nouvelle musique orchestrale. Sa nouvelle saison comprend deux concerts prélude au Koerner Hall de Toronto, en novembre et en février, ainsi qu’un festival international composé de cinq concerts, dont le coup d’envoi sera donné en mars et qui se déroulera au Koerner Hall et au Trinity St. Paul’s Centre.

Les choix de programmation de la saison, un mélange de grands noms de la musique classique contemporaine et de jeunes compositeurs, reflètent l’éthique avant-gardiste de l’orchestre lui-même, comme en témoigne le programme d’ouverture du 27 novembre. Il s’ouvre sur f(x)=sin2x-1/x de la compositrice américaine Gabriella Smith. « Le contenu n’est pas du tout mathématique dans son sentiment », dit Pauk à propos de cette pièce. « Il s’agit d’une œuvre fougueuse, pleine de souffle et d’énergie ». L’affiche comprend également l’œuvre du compositeur danois primé Bent Sørensen et l’imposant Fū Shi (Shape of the Wind) de Maki Ishii, une œuvre que Pauk qualifie de « gigantesque », bien qu’il affirme que l’ensemble du concert sert à démontrer « les trois différents types de musique que nous jouons ». Le deuxième concert prélude d’Esprit (23 février) présente le Concerto pour harpe et orchestre de 2005 de Pauk (Erica Goodman, soliste) sur un programme comprenant la musique de Steve Reich, Henryk Gorecki et Hans Abrahamsen, avec les solistes Mark Fewer (violon), Kevin Ahfat (piano) et Wesley Shen (clavecin).

Le Edge of Your Seat International Festival débute le 4 mars avec un programme d’œuvres de Keiko Abe, Caroline Shaw et Vito Žuraj, compositeur invité de l’Esprit Orchestra, dont Anemoi (2024), une commande conjointe de l’organisation et de l’Orchestre philharmonique de Berlin, sera présenté en première nord-américaine. Selon Pauk, de telles co-commissions sont la norme, et non l’exception, pour Esprit. « Le renforcement de nos relations et de notre présence à l’échelle internationale est un aspect important de notre travail.

Le festival se poursuit à la fin du mois de mars avec un concert d’œuvres de la Suédoise Lisa Streich et de l’Américain Andrew Norman, ainsi que la première canadienne du Violin Concerto n° 2 « DoReMi » du compositeur hongrois Peter Eötvös. « L’ampleur de son engagement auprès de tant d’ensembles et d’orchestres en Europe était énorme », déclare Pauk à propos de Eötvös, décédé au début de l’année. « Pour lui, c’était une immersion totale dans son métier, un exemple de ce que l’on peut faire, et peut-être, si l’on s’y plonge, comment le faire correctement.

Les concerts d’avril présentent un mélange de compositeurs jeunes et établis, dont Bernhard Lang, Julia Mermelstein et Quinn Jacobs ; ce dernier créera une nouvelle œuvre qui est également une commande de l’Esprit Orchestra le 6 avril. « La commande d’œuvres à de jeunes compositeurs a toujours été l’une de nos priorités, explique Pauk. L’orchestre a commencé ainsi, en présentant des œuvres de compositeurs qui n’auraient pas eu l’occasion de voir une pièce orchestrale commandée et jouée. Bien sûr, cela a évolué et mûri au fur et à mesure, mais c’est resté une part importante de notre activité ».

Cette tradition de soutien aux compositeurs à tous les stades de leur carrière est résumée dans le concert de clôture d’Esprit à la mi-avril, qui verra la création en première mondiale de nouvelles œuvres des compositeurs canadiens Nicholas Ma et James O’Callaghan. Ma a attiré l’attention de Pauk lorsqu’il a entendu une démo MIDI de son œuvre Hijinks, ce qui a permis au fondateur de l’orchestre « d’entendre vraiment ce que serait l’exécution de l’œuvre avec un orchestre ». Le travail d’O’Callaghan est un peu différent. « Bon nombre de ses œuvres antérieures étaient destinées à des instruments acoustiques et à l’électronique, explique Pauk, et dans ce cas, il a demandé, et nous lui offrons, la possibilité d’écrire uniquement pour un orchestre. C’était un de ses souhaits que nous lui permettons de réaliser. C’est une grande joie de susciter l’enthousiasme et l’inspiration d’un jeune compositeur et de lui permettre de voir la réalisation de son œuvre. »

Outre les créations de Ma et O’Callaghan, l’œuvre d’Unsuk Chin, Alaraph ‘Ritus des Herzschlags’ (Alaraph ‘Ritual of the Heartbeat’), créée à Basel sous la direction d’Ivor Bolton, et l’envoûtante pièce Lonely Child de Claude Vivier (1980) seront interprétées par la soprano Sophia Burgos. Pauk garde un souvenir particulier de son vieil ami Vivier, qui a été assassiné à Paris en 1983 à l’âge de 34 ans. « Je me souviens des fois où je me trouvais à l’aéroport de Montréal pour prendre un autre vol et où je l’appelais, se souvient Pauk. Il posait le téléphone directement sur le piano – il voulait vraiment que j’entende ce qu’il composait – que j’écoute, que je commente, que j’apprécie. Il y avait une pureté dans sa volonté de faire passer ce qu’il avait à l’esprit, de l’exprimer et de le communiquer avec sa voix inhabituelle et passionnée.

Selon Pauk, cette passion musicale est en grande partie à l’origine de l’Esprit Orchestra. « Il y a un désir de donner le meilleur de soi-même et je pense que c’est la clé de ce qu’est cet orchestre.

www.espritorchestra.com

Traduction par Charles Angers

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