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Pour comprendre la musique de création actuelle, il est nécessaire d’en connaître les origines, à savoir la musique du XXe siècle, dans toute sa variété et son hétérogénéité. Il s’agit souvent d’un pan de l’histoire musicale méconnu du grand public, car il a souffert durant plusieurs décennies d’une très maigre visibilité médiatique et institutionnelle. Si l’on programmait Messiaen, Ligeti, Stockhausen ou Schnittke aussi souvent que Beethoven ou Tchaïkovski, les oreilles seraient sans doute bien plus affinées à l’écoute contemporaine et réceptives aux créations d’aujourd’hui.
En balayant d’un revers de main le langage tonal, c’est-à-dire toute la musique occidentale depuis Bach jusqu’à Mahler ou Debussy, la seconde école de Vienne a opté dans les années 1910-20 pour une révolution brutale mais nécessaire, car à partir du bourgeon atonal se sont développées les principales ramifications musicales du XXe siècle. Certains courants, comme le sérialisme intégral, ont pris des voies plus radicales et hermétiques que d’autres, contribuant par leur existence en vase clos à éloigner le public et à donner une image élitaire de la musique contemporaine. La réalité est pourtant tout autre et, en faisant un retour rapide sur un siècle de création, on se rend compte de la richesse et de la diversité des langages qui ont évolué au gré de la personnalité de leurs créateurs.
Les bouleversements socioculturels et technologiques du XXe siècle marquent de leur empreinte l’univers de la création musicale : guerres incessantes et particulièrement meurtrières, intérêt pour les langages extraeuropéens, arrivée des instruments électroniques poussent les compositeurs à redéfinir les notions de temps et de son, à revenir en somme aux aspects les plus essentiels de la musique pour les questionner et les explorer d’une manière nouvelle.
Si les fins de siècle sont l’occasion de tirer des bilans, les débuts de siècles apportent avec eux le renouveau, comme l’a si bien montré la musicologue Brigitte François-Sappey dans La musique au tournant des siècles. En 2019, il est temps de laisser la parole à ceux et celles qui façonnent l’univers de la création musicale. En emboîtant le pas à de récentes publications européennes (voir la section critique), La Scena Musicale a voulu offrir un espace de parole à ceux et celles qui participent à la vitalité de la musique de création au Québec et au Canada. Ils rassemblent leurs voix afin de partager avec nous leur travail et de nous parler de la relation entre la musique contemporaine et son public, de la disponibilité de la jeunesse à ces univers sonores ou encore des perspectives pour l’avenir. La Scena Musicale est fière de soutenir le milieu de la création musicale en se faisant l’écho écrit de ces multiples voix. Dans nos sociétés où tout semble écrit d’avance, il est temps de retrouver le goût du risque et de la surprise !
Emmanuelle Lizère
Pour un accès libre à l’inouï
Emmanuelle Lizère est diplômée de musique, de musicologie et d’art en thérapie et psychopédagogie. Passionnée par les musiques nouvelles depuis plus de vingt-cinq ans, elle réalise de très nombreux ateliers de création et d’initiation, aussi bien auprès d’enfants que d’adultes au Canada et en France, dans le cadre du Vivier, d’Accès Culture, pour différents ensembles musicaux spécialisés, à l’Ircam, Musicora et à l’Abbaye de Royaumont. Elle est actuellement coordonnatrice artistique du Vivier. www.levivier.ca
La vitalité des musiques de création est une indubitable réalité avec plus de 300 concerts par an au Québec, soit presque un concert par jour. Sa pluralité d’approches, bruitiste, improvisée, lyrique, électronique, actuelle ou contemporaine, en prouve la richesse et les possibilités de développements futurs. Mais aujourd’hui au Québec, comment avoir accès à ces joyaux reconnus à l’international (tournées mondiales de certains ensembles) ? Leur place sur nos ondes ou sur nos écrans devraient être plus évidentes. Leur découverte au sein des institutions scolaires en tant que futur patrimoine culturel devrait trouver sa place au sein de l’enseignement artistique. On pourrait développer l’écoute et la découverte des œuvres nouvelles en permettant aux élèves de s’approprier des univers de créateurs d’aujourd’hui. Elles sont trop difficiles d’accès, direz-vous ? Mais les enfants ont une oreille plus ouverte aux nouveaux mondes sonores que leurs aînés, pour qui souvent « la musique, c’est cela et pas autre chose ». Au Vivier, nous croyons que ces musiques deviennent accessibles et suscitent un grand enthousiasme chez le public lorsqu’on le plonge au cœur des œuvres, dans le processus même de composition, lors de rencontres, d’ateliers participatifs de création (touchant des participants de tous âges) et des concerts. C’est quand nous acceptons de vivre des expériences sensorielles qui nous étonnent, en nous ouvrant à des sons inouïs et à de nouveaux gestes musicaux, que l’on permet à ces musiques de s’inscrire dans la vie du grand public.
Rachel Mercer
The Many Voices of Music
Principal cello of the National Arts Centre Orchestra since 2017, Rachel Mercer is a member of Ensemble Made In Canada, the Mercer-Park Duo and the AYR Piano Trio. She is also Artistic Director of the “5 at the First” Chamber Music Series in Hamilton. An advocate for new Canadian music, Rachel has commissioned more than 25 solo and chamber works, including the recording Sounds of Our Time on the Naxos Canadian Classics series and the Juno-nominated Piano Quartet by John Burge. www.rachelmercercellist.com
We go to concerts for many different reasons, whether to find beauty and comfort, to be stimulated, to be touched on a deep level, or just to escape ordinary day-to-day life. Contemporary music is a part of that, whether hearing new songs by a favourite artist, original jazz tunes, or a performance by Inuk throat singer Tanya Tagaq.
But in the traditional classical world, the word “contemporary” still sparks some displeasure, simply from the notion that classical contemporary music is ugly and incomprehensible. Yes, there is music, old and new, that doesn’t follow traditional ideas of beauty and is a challenge to understand, but “contemporary” just means of our time and in our time. With the global communication of information and blurred lines, there are countless styles and forms in music.
My job as a performer and programmer is to expose audiences to the many voices that exist in music today. And I have found that audiences new to classical music, just like us as children, are completely open to contemporary music. There is a sense of discovery and wonder, with open ears and minds. Yes, sometimes you want to go hear the exquisite classics, just like wanting to rock out to the oldies, but it is also exciting to be hearing a work for the first time, experiencing it alongside your fellow audience members. That shared experience is the heart of live performance and can only lead to a greater understanding of the music, and each other.
Guillaume Bourgogne
Le temps d’écouter
Directeur artistique de l’ensemble Op.Cit et de l’Ensemble de musique contemporaine de McGill ainsi que directeur musical de l’Ensemble Cairn et de la Camerata Aberta, Guillaume Bourgogne se produit régulièrement comme chef invité avec l’Ensemble Intercontemporain, l’Orchestre Gulbenkian, l’Orchestre Régional de Normandie, L’Itinéraire, Contrechamps, Court-Circuit ou encore les Israel Contemporary Players. Guillaume Bourgogne enseigne à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Carmagnole (Gérard Pesson), coup de cœur de l’Académie Charles Cros 2018, vient de paraître chez Æon. www.guillaume-bourgogne.com
La musique, comme art des sons et art du temps, se définit comme une quête d’inouï et de nouveaux territoires sonores. Certes, mais aussi, et peut-être avant tout, la musique transforme notre écoute. L’écoute de la musique elle-même, certainement, mais la musique de création modifie également notre manière d’écouter le monde. Les compositeurs spectraux nous ont appris à écouter de près la résonance d’une cloche, par exemple; Varèse a permis d’« entendre » l’espace, Messiaen d’être plus attentifs aux chants d’oiseaux; depuis Cage, on s’intéresse au silence et depuis Scelsi, à l’intime du son…
Certains diront : ça concerne bien peu de monde… Or, au contraire, chaque individu est concerné, le plus souvent de manière inconsciente. La musique d’art diffuse, avec le temps et par capillarité, d’autres manières de percevoir, d’autres qualités d’écoute. Productions audiovisuelles et médias s’emparent des avancées de cette fameuse « quête de l’inouï » et en sont l’une des courroies de transmission.
La musique contemporaine est une aventure sonore. Les grands explorateurs du passé ne sont pas légion, mais leurs découvertes ont concerné et concernent toujours tout un chacun. Or, partir à l’aventure, c’est nécessairement sortir de sa zone de confort. Dans un monde où l’image est omniprésente, où le temps est contracté et la vitesse survalorisée, la création musicale est un pas de côté, une posture critique à l’usage des jeunes générations.
Aujourd’hui, il est urgent de penser la question climatique, également question de temporalité (temps long contre temps court), mais aussi l’altérité, dans ce monde élastique où la communication est devenue prodigieusement rapide, mais dans lequel la question des frontières terrestres est posée à nouveau. Pour cela, une écoute du monde toujours renouvelée est plus que jamais nécessaire.
Vivian Fung
Motherhood and the Creative Process
The full article was originally published on www.musiconmain.ca. You can find it HERE.
Born in Edmonton, JUNO Award-winning composer Vivian Fung has a unique talent for combining idiosyncratic textures and styles into large-scale works that reflect her multicultural background. She has a deep interest in exploring cultures through travel and research. Among her many awards and grants are the 2015 Jan V. Matejcek New Classical Music Award, a Simon Guggenheim Foundation Fellowship, and grants from SCAP, BMI, American Music Center and Canada Council for the Arts. She lives in California. www.vivianfung.ca
I have not always wanted to be a mother. When I was 19 and highly impressionable, my then-mentor David Diamond offered this advice: “You will have to choose, Vivian: either you will have a wonderful life as a composer, or you will have babies.” Being entirely green, I proceeded through life with the intention of being childless and focused on the singular pursuit of a composing career.
Life changes. I encountered a wonderful, supportive life partner with whom I gradually came around to wanting to start a family. It was truly a conflicted time for me, since my life was already resolutely devoted to music.
In fact, not having as much time or space can be beneficial for creativity. Having a child has made me realize that life is indeed messy, and I have learned to trust my instincts and doubt less. Adopting a new rhythm took some time to get used to, especially all the starting and stopping, but I have learned to go with the flow and cherish the moments I have to write and daydream. Furthermore, seeing the world through my son’s eyes has completely rocked my world. He has opened me to feelings of compassion, joy and connection, as well as being my teacher on how to set boundaries, be persistent, flexible and, above all, patient.
I am writing this article in hopes of giving other artists and composers, both male and female, who are considering starting families the affirmation that it is possible to do both. I think a few baseline requirements are nearly essential – first, a partner who is willing to share in the responsibilities of raising a child; second, sufficient resources for childcare; third, a separate workspace, even if it is just a corner in a back room, to divide work from family life; and finally, above all, the continuing desire to create and work.
Véronique Lacroix
Qui a peur de la musique contemporaine ?
Lauréate de plusieurs prix de direction d’orchestre, Véronique Lacroix fonde l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) en 1987. Passionnée par la création musicale, elle découvre des dizaines de jeunes compositeurs qu’elle révèle au grand public canadien dans les tournées Génération qui parcourent le pays depuis 2000. Constamment à la recherche d’idées novatrices pour présenter les œuvres au grand public, elle favorise une approche avoisinant « l’art total » où le spectateur vit une expérience multisensorielle propice à la réception d’idées et de sonorités nouvelles. www.ecm.qc.ca
Peut-être la plus mystérieuse de toutes les disciplines artistiques, la musique a ce pouvoir magique de nous envelopper, de s’emparer à la fois de nos émotions et de notre corps, de nous transporter dans un imaginaire d’abord insoupçonné, avant de révéler progressivement le tissu de ses méandres qui nous happent, nous attrapent… Même s’il se déploie à différents degrés et dans des zones différentes de notre cerveau selon les compositions et les styles, toutes les musiques ont ce pouvoir et la musique contemporaine n’échappe pas à cette règle. Mais qu’a-t-elle de spécial à offrir ? Pourquoi prendre le temps de la découvrir sous ses atours parfois énigmatiques ?
À l’image de la vie, la musique contemporaine est en perpétuelle évolution, à la fois complexe et simple, organisée et imprévisible, avec des surgissements de beauté et d’impénétrabilité. Partir à son écoute, c’est apprivoiser une construction qui peut être rigoureuse, tout en offrant le chemin de sa propre libération. C’est regarder un horizon tourné à la fois vers le passé et l’avenir, qui conjugue émotion avec raison, tout en perpétuant le mystère de la création.
S’il reste relativement utopique de rejoindre un vaste public avec une musique qui ne peut se résumer à une seule écoute, il est cependant possible de « toucher » l’auditeur novice en lui révélant ces liens initiateurs qui la sous-tendent, qui réunissent le compositeur à sa quête et l’auditeur à sa propre vie.
Par conséquent, la multidisciplinarité, les concerts « thématiques » et la mise en contexte des œuvres, tels que pratiqués par notre orchestre, l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) ou toute autre approche qui donne à l’auditeur une prise face à son vécu ou à sa pensée sont autant de voies qui permettent de s’abandonner à une création musicale exigeante, mais aussi source d’inspiration vitale. Que la musique soit !
Louise Bessette
Vivre la musique d’aujourd’hui
Membre de l’Ordre du Canada, officière de l’Ordre national du Québec et ambassadrice du Centre de musique canadienne, la pianiste Louise Bessette est lauréate de neuf prix Opus et de nombreux prix internationaux et elle a reçu un doctorat honoris causa de l’Université Western Ontario. En 2015, CBC Music l’a nommée dans sa liste des 25 meilleurs pianistes classiques au Canada. Elle est titulaire d’une classe de piano au Conservatoire de musique de Montréal depuis 1996. www.louisebessette.com
Comment j’en suis venue à m’intéresser à la musique contemporaine à un tel point qu’elle représente la majeure partie de mes activités musicales ? Lors de mes études au Conservatoire de musique de Montréal, j’ai eu le privilège de poursuivre mon cheminement musical avec Georges Savaria et Raoul Sosa, qui étaient ouverts au répertoire de toutes les époques. À quatorze ans, je jouais la Sonate pour piano de Berg, les Trois pièces pour la légende dorée de Pépin. Puis Raoul Sosa trace ma route en me faisant découvrir Olivier Messiaen.
La littérature musicale avec Micheline Coulombe Saint-Marcoux et l’analyse avec Gilles Tremblay m’ont aussi ouvert la voie vers la musique de notre temps, qui ne fut pas un apprentissage difficile pour moi, car je ne l’ai jamais perçue comme une musique à part, isolée. Elle représente l’évolution de l’écriture et de la pensée musicales. Les auditeurs doivent l’accueillir avec simplicité, curiosité, ouverture. Pour l’apprivoiser, j’encourage le public à se rendre au concert. Écouter une symphonie de Brahms, Hétu ou Ives dans son salon est une expérience enrichissante, mais quoi de plus beau que de vivre la musique en ressentant l’énergie et l’émotion transmises par les interprètes ? Voir un tableau de Riopelle dans un beau livre est déjà quelque chose, mais observer l’original qui est là sous nos yeux procure une émotion intense !
Les discussions préconcert où interprètes et compositeurs présentent leur démarche et le contexte des œuvres sont aussi des pistes d’écoute précieuses. Ensemble, partageons le chemin de l’évolution musicale et humaine !
Claire Marchand
À quoi ressemblera la musique du XXIe siècle ?
Acclamée par la critique pour la « subtilité de couleurs, sa technique et sa virtuosité », la flûtiste Claire Marchand est récipiendaire d’un prix Opus au Québec pour le meilleur concert de l’année en musique contemporaine et a enregistré des albums parus chez Atma et Analekta. Claire Marchand poursuit sa carrière de flûtiste en travaillant régulièrement à la création de nouvelles œuvres avec les compositeurs. Elle est également directrice générale et artistique du Centre de musique canadienne au Québec depuis 2015. www.clairemarchand.net
En tant que flûtiste et interprète depuis maintenant une trentaine d’années, j’ai participé à un grand nombre de créations d’œuvres. De plus, en tant que directrice générale du Centre de musique canadienne au Québec, je vois, à chaque année, une dizaine de nouveaux compositeurs qui désirent faire partie de notre organisme afin qu’ils puissent se faire connaitre davantage en déposant leurs œuvres dans notre catalogue.
De jeunes compositeurs talentueux et polyvalents tentent de se démarquer au sein de la grande famille des musiques contemporaines. Nous sentons cette mouvance inspirée de toutes les palettes sonores développées au cours du siècle dernier.
En effet, j’entends de plus en plus émerger une variété de styles et d’approches, car les possibilités qu’apportent les nouvelles technologies font en sorte que les compositeurs sont appelés à développer (parfois de façon accélérée) un nouveau langage et à se créer un style, une identité.
En ce début de siècle, les compositeurs d’ici auront pour mission de participer pleinement à l’identité culturelle et musicale de notre pays. Personne n’est devin : qui aurait cru que le XXe siècle aurait donné naissance à des musiques sans frontières et universelles comme le dodécaphonisme, l’électroacoustique et le minimalisme?
La mission du Centre de musique canadienne et d’assurer que notre nouvelle musique est entendue maintenant et conservée pour la postérité. Notre souhait le plus cher est que les compositeurs d’ici participent pleinement à l’élaboration des nouveaux langages et de styles musicaux qui marqueront la musique de demain. www.cmcquebec.ca, www.musiccentre.ca/fr
Walter Boudreau
L’unique SMCQ
Le compositeur et chef d’orchestre Walter Boudreau a signé à ce jour plus de soixante œuvres pour diverses formations en plus d’un bon nombre de partitions pour films, théâtre et ballet. Directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) depuis 1988, il a lancé au fil des ans des projets uniques qui ont contribué à ancrer l’institution dans le milieu culturel canadien, dont le festival international Montréal/Nouvelles Musiques et la Série hommage. Entre autres distinctions, il est chevalier de l’Ordre national du Québec et membre de l’Ordre du Canada. www.smcq.qc.ca
Au lendemain de son 50e anniversaire, la 52e saison de la SMCQ atteignait un record de rayonnement et d’assistance. Avec plus de 77 000 personnes rejointes par la Série hommage consacrée au compositeur José Evangelista, elle a pu ainsi réaffirmer son importance capitale dans le secteur des musiques de création en rassemblant des institutions, organismes et individus des milieux des musiques nouvelles et classiques, des arts visuels et médiatiques autour d’un compositeur d’ici.
Cette tendance à favoriser les collaborations est une de ses plus grandes forces, dans le contexte actuel de diversification et multiplication de l’offre artistique. La SMCQ est unique du fait qu’elle n’est pas un ensemble ou un orchestre, mais un organisme qui met toute son infrastructure, ses ressources, l’expertise de sa direction artistique et de son équipe au profit de l’ensemble du milieu.
La SMCQ a connu au fil des ans un développement remarquable, devenant l’une des plus fortes institutions consacrées aux musiques d’aujourd’hui. Elle a su acquérir ce statut privilégié grâce à la mise en place de grands événements rassembleurs et récurrents, dont le festival international Montréal/Nouvelles Musiques alternant avec la Série hommage en plus d’un volet jeunesse au dynamisme incomparable. Ces volets d’activité témoignent de la capacité de la SMCQ à s’adapter aux mutations du contexte culturel survenues depuis les cinquante dernières années, dont la multiplication des ensembles et organismes dédiés à la musique contemporaine.
Soucieuse d’être en phase avec les créateurs de son époque, elle a commandé, créé et enregistré plusieurs œuvres essentielles du répertoire contemporain d’ici et d’ailleurs, ne fût-ce que l’inoubliable Symphonie du millénaire. La qualité, la diversité et l’ampleur de ses activités lui permettent de relever le défi, saison après saison, de rassembler un public étonnamment vaste dans le créneau relativement restreint des musiques contemporaines.
Pierre-Olivier Roy
Musiques vivantes
Le compositeur Pierre-Olivier Roy mène une carrière en création de musiques nouvelles et en production audio, principalement pour la musique d’art en concert et la musique à l’image. Son corpus d’œuvres compte principalement de la musique de chambre (instrumentale et mixte) et des œuvres électroacoustiques. Très actif dans le milieu des musiques nouvelles, il assure actuellement la direction générale et artistique d’E27 musiques nouvelles et enseigne à la faculté de musique de l’Université Laval ainsi qu’au campus Notre-Dame-de-Foy. www.pierreolivierroy.ca
Les musiques nouvelles. Dans leurs gestes les plus fougueux, mais également dans leurs retenues les plus subtiles, dans les formes minimalistes comme dans les textures denses, elles ont en commun de présenter une sensibilité et une virtuosité là où on ne les attend pas toujours. Elles se présentent de mille et une façons. Elles proposent des avenues singulières pour apprécier la musique et des manières différentes pour aborder le sonore. Elles changent de formes, elles évoluent, elles cherchent. Elles sont exploratoires, parfois douces et parfois ardues, mais toujours audacieuses, curieuses et passionnantes.
Je refuse d’avoir à justifier le fait que les musiques nouvelles sont difficiles d’approche. Les goûts sont variés, mais je suis convaincu que la palette des musiques nouvelles est suffisamment large. Au sein d’E27 musiques nouvelles, nous nous efforçons de présenter un large éventail de ces itérations de la musique nouvelle du répertoire contemporain jusqu’aux musiques récentes. Des musiques de chambre jusqu’aux installations audiovisuelles, il y en a pour tout le monde. Le défi reste le même quand on parle de diffusion des arts, il suffit de piquer la curiosité.
Mes expériences en enseignement et au sein d’activités jeunesse d’E27 me confirment que les enfants et les jeunes adultes ont une grande ouverture à l’audace musicale. Certes, ils écoutent souvent autre chose, mais n’oublions pas que les musiques d’art n’ont pas le monopole du risque. Les publics sont curieux, soyons ouverts. Les jeunes n’auront pas d’œillères si nous les éveillons. Le milieu est dynamique, allons à sa rencontre.
Jeffrey Stonehouse
Curiosity and an Open Mind
Flutist Jeffrey Stonehouse is artistic director and co-founder of Ensemble Paramirabo, one of Montreal’s most active contemporary chamber ensembles. He maintains a busy career as a soloist and orchestral and chamber musician. He has performed with such top ensembles as ECM+, SMCQ ensemble and the Nouvel Ensemble Moderne and has performed across Canada, the United States and Europe. Jeff has premiered more than a hundred solo and chamber works and is a winner of the soundSCAPE International Festival Performer Prize. He teaches at the CEGEP de Drummondville. www.jeffreystonehouse.com
How can contemporary music find a larger pool of listeners? The first very important step is to de-institutionalize contemporary music. Many listeners associate contemporary music with being either “weird” or requiring a very specific educational background to understand it. This is not true. The only prerequisite is an open mind.
Many new works are direct reflections of today’s society. Through collaborations with other disciplines (visual arts, theatre, dance) or concerts staged in alternative spaces, the listener can be brought into appreciating what would perhaps normally be a more “challenging” listening experience. I also think it’s important that we not become obsessed with commercializing contemporary music. Perhaps it’s acceptable that we have smaller audiences than rock concerts.
Must we, and how can we, educate young people taste for contemporary music? Young ears are curious ears. I think if we begin exposing young audiences to contemporary music early, they are more likely to get hooked as adult listeners. Encouraging play and interactive listening experiences is key. During the recent Ensemble Paramirabo performance of an opera by composer Gabriel Dharmoo, I had the opportunity to experience this first-shand during cultural mediation workshops that Gabriel and I conducted. After getting over the initial shock of how bizarre their voices could sound, the groups of secondary students clearly enjoyed playing and experimenting with composing their own work. For younger children, contemporary music is even more accessible as they do not yet have pre-formed ideas of what music has to be.
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