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Nom : Maud Lewden
Type de voix : soprano
De : France
Professeurs : Rosemarie Landry et Richard Margison
Éducation : Université de Montréal
Originaire de Bordeaux, Maud Lewden est une soprano lyrique française diplômée du Conservatoire de Bordeaux, dotée d’une maîtrise avec mention d’excellence en interprétation de chant classique de l’Université de Montréal. Elle est élève de Rosemarie Landry et Richard Margison.
De 2018 à 2021, elle participe aux projets de l’Atelier d’Opéra de l’UdeM dirigé par Robin Wheeler. Elle y progresse sous les conseils avisés et formateurs de plusieurs personnalités artistiques telles que Marie-Nathalie Lacoursière, Luc Beauséjour, Jean-François Rivest, Alain Gauthier, Anthony Manoli…
En 2021, dans le cadre de ses études et d’académies lyriques, Maud fait ses premières prises de rôles au Canada et en Angleterre : Ilia dans Idomeneo de Mozart, à Montréal, Procris dans Céphale et Procris d’Élisabeth Jacquet de La Guerre, à Londres, puis Susanna dans Le Nozze di Figaro de Mozart, à Hastings.
Top 10 des chanteurs ayant votre type de voix et pourquoi ?
Je n’ai pas pour habitude de comparer mon type de voix à celui d’un autre interprète… Peut-être que je comprends mal la question. Mais je vais y répondre telle que je la comprends. J’aime beaucoup écouter Diana Damrau et j’ai beaucoup de son répertoire. Je suppose que les côtés clair et lyrique et colorature sont des couleurs de ma palette vocale également. Dans le même esprit, j’écoute Edita Gruberová et Lucia Popp. J’aime écouter également Netrebko à ses débuts, et j’ai un amour profond pour le timbre d’Anna Moffo, mais ne pense pas avoir le même, de près ou de loin !
Top 10 des opéras et pourquoi ?
J’ai quelques anecdotes, dont une que ma mère raconterait bien mieux que moi. Je suis à la recherche d’un opéra, le premier que j’ai entendu en vrai, en mai 1993, dans le ventre de ma mère. Elle est incapable de se rappeler de quel opéra, mais se souvient simplement d’une musique longue et interminable qui lui fait penser à du Wagner… Vous pourriez la contacter pour lui demander l’anecdote qu’elle ne m’a racontée que tard dans ma vie (après que je décide de travailler ma voix). Caroline Lewden, ma mère, a en effet cru m’avoir perdue à 8 mois de grossesse pendant cet opéra, car je refusais de bouger d’un poil alors que la musique sonnait… C’est étrange, je ne sais pas du tout de quel opéra il s’agit, mais je suis obsédée et il est donc numéro 1 dans mes obsessions musicales. Le numéro 2 serait Turandot de Puccini que j’ai vu à Bordeaux alors que j’avais 12 ans. Je me rappelle avoir pensé « un jour, ce sera moi, là ». J’étais une enfant nerveuse qui passait son temps à aller aux toilettes (pour rien, c’était nerveux), sauf pendant cet opéra. Jamais toute mon attention n’avait été captée ainsi. J’ai ensuite vu l’opéra Madama Butterfly qui m’a séduite dans sa grande tragédie… et qui est donc mon numéro 3. Puis Lucio Silla de Mozart (4). J’avais 18 ans, il me semble, et j’y étais allée grâce aux tarifs réservés aux étudiants à Bordeaux. Je suis tombée amoureuse de Mozart et de son écriture… Alors à cela vous pouvez ajouter Idomeneo (5) ainsi que Le Nozze di Figaro (6). Aussi, j’ai un grand amour pour les tragédies comme celles de La Traviata de Verdi (7), la Sonnambula de Bellini (8). Ajoutons ensuite à cela un peu de gaieté : La Fille du Régiment de Donizetti est également un opéra que j’affectionne…
Êtes-vous issue d’un milieu musical ?
Je suis issue de deux grandes familles de notaires, avocats, médecins, scientifiques, policiers et militaires. Sur cinq enfants, je suis la seule musicienne…
Quand avez-vous commencé à faire de la musique ?
Jeune, mes parents m’ont mise dans une chorale, après que j’ai vu l’opéra de Turandot et que j’ai demandé de suivre des cours de chant. Je suis malheureusement tombée sur une cheffe de chant qui ne m’a jamais appris à chanter, mais qui voulait que je le fasse de plus en plus fort, car elle aimait ma voix. J’ai arrêté après quelques années, sentant le problème… et à mes 18 ans, j’ai tenté le conservatoire de Bordeaux (après 4 ans sans musique) qui m’a refusée. Je suis entrée au petit conservatoire municipal de Mérignac dans lequel j’ai commencé 30 minutes de chant en privé hebdomadaire et j’y suis restée jusqu’à mes 23 ans, car j’ai dû faire des rééducations de kinésithérapie, orthophonie ainsi que de mental, car je n’avais absolument aucune confiance en moi (parents qui n’y croyaient pas, car l’art n’est pas un métier − chose qui a commencé à changer récemment −, frères et sœurs non plus, et j’étais harcelée à l’école et moquée pendant des années à cause de mon rêve). À 23 ans, je suis enfin entrée au conservatoire de Bordeaux après trois essais et j’étais sur la liste d’attente. Mais j’ai réussi ! Et enfin ma formation vocale et musicale a pu réellement commencer, après que j’eus vaincu mes tensions et problèmes dus à mes années de chorale et de moquerie.
Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre des études d’opéra ?
Ma propre volonté. Quand personne ne vous soutient dans vos projets, il n’y a que cela qui vous pousse. La volonté, la passion, l’amour de la musique.
Quels sont vos objectifs de carrière et comment comptez-vous les atteindre ?
Je souhaite donc être sur les scènes d’opéra pour y incarner des rôles. Pour le moment je travaille à l’Université de Montréal avec de fantastiques professeurs qui me poussent depuis trois ans dans la bonne direction. Je cherche à obtenir des auditions dans les opéras studio européens, mais la course est folle, et avec la Covid, très compliquée. Je ne perds néanmoins pas espoir !
Que pensez-vous des concours de musique ?
Je les trouve stressants… mais c’est un bon entraînement et une façon de se faire entendre ailleurs que dans son école.
Où avez-vous étudié/avec qui ?
J’ai commencé en douceur et avec patience avec Martine Boutant qui m’a aidée à surmonter bien des obstacles physiques, mentaux et vocaux. Puis j’ai rencontré Sharon Coste-Poras (une Canadienne !) qui m’a accompagnée et m’a enseigné merveilleusement bien à utiliser ma voix le plus sereinement possible, jusqu’à ce que je rencontre Rosemarie Landry et Richard Margison, que j’adore également, et qui m’apportent tous deux une précision dans mon travail et une intransigeance assez forte. Chaque professeur a posé et posé encore sa pierre à mon édifice de travail vocal.
Comment avez-vous gardé votre voix en forme pendant la pandémie ?
J’ai arrêté nettement de chanter, n’étant pas bien, au début de cette pandémie. Puis ma professeure m’a récupérée au vol, à distance, un mois plus tard et m’a poussée à chanter tous les jours. Cela m’a rappelé à quel point chanter me rend heureuse. J’ai donc instauré une petite pratique bien huilée me permettant de chauffer tranquillement mon instrument, de le travailler, l’aiguiser… tout en découvrant de nouveaux répertoires. Les cours à distance cette année ont été difficiles et frustrants, mais ont permis un travail sérieux et un beau suivi de mes professeurs.
Quels sont vos espoirs pour l’avenir ?
J’ai l’espoir que les artistes aient davantage de reconnaissance dans leur métier et leur travail. Malheureusement, ce travail reste vu comme un passe-temps pour une grande majorité…
Quel genre de répertoire étudiez-vous actuellement ?
J’étudie énormément Mozart, aimant chanter sa musique. J’étudie également quelques cycles de mélodies, quelques lieder. J’étudie aussi beaucoup d’oratorios (Bach, Brahms, Mozart) et de l’opéra (Mozart, Bellini, Verdi).
Êtes-vous particulièrement inspirée par certains chanteurs/musiciens/artistes ?
Je ne suis pas inspirée par des personnes en particulier, mais par des interprétations. Je vais par exemple beaucoup aimer Netrebko dans Quando m’en vo lorsqu’elle était jeune, puis Anna Moffo dans La Sonnambula, Natalie Dessay dans La reine de la nuit… pour chaque œuvre un interprète bien spécifique me touche et m’inspire… la liste ne peut donc être exhaustive !
Qu’est-ce que vous attendez avec impatience de votre séjour à l’ICAV ?
J’ai hâte de rencontrer de nouveaux professeurs, découvrir de nouvelles façons de travailler, de nouveaux répertoires et de nouveaux jeunes chanteurs. J’ai grandement hâte que cela commence !
Quel est votre mets préféré et pourquoi ?
Le magret de canard, cuisiné façon familiale, avec des cèpes en persillade récoltés chez des cousins de la famille, et un bon vin rouge bien tanné (saint-émilion, saint-estèphe). Aucun de ces mets ne peut être dissocié. La gastronomie du sud-ouest ! Mes origines !
Le lister… me met littéralement l’eau à la bouche. Pas vous ?
Si vous alliez sur une île déserte et que vous ne pouviez écouter qu’un seul morceau de musique, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
Here comes the sun, des Beatles… Car je l’ai toujours en tête en voyant le soleil. Je suppose que sur une île déserte… Après, si cette île est dans le froid : Let It Snow ! Ha !
Préférez-vous avoir la voix la plus forte qui soit ou être capable de faire toutes sortes de nuances et de couleurs ?
Je préfère être capable de faire toutes sortes de nuances et de couleurs et j’y dévoue d’ailleurs une grande partie de mon travail vocal quotidien…
Quelles sont vos préoccupations concernant la carrière lyrique ?
Comme tout chanteur qui se répète : avoir aucun oui, jamais.
Qu’est-ce qui fait un grand chanteur ?
Le public, car c’est lui qui est touché ou non par un interprète. Un grand chanteur est quelqu’un qui sert donc son public, qui lui communique quelque chose.
Comment voyez-vous votre voix évoluer dans les 10 prochaines années ?
J’avoue ne pas trop me poser la question. Cela peut paraître étrange, mais je suis ma voix et son évolution et travaille en fonction de ce qu’elle peut faire. Je commence à peine à m’intéresser au bel canto après beaucoup de temps sur les Mozart… Qui sait, peut-être serai-je bel cantiste ? Ou alors serai-je à vie mozartienne ? Je ne sais pas, j’avance avec volonté et confiance. Le temps me dira.
Quels sont selon vous certains de vos points faibles en tant que chanteuse et comment comptez-vous les améliorer ?
Mon plus gros point faible est ma tendance à me trouver moins bonne que les autres. Dans un monde si concurrentiel, il est très difficile de ne pas comparer tel parcours au sien et en être frustrée. Évidemment, je travaille à améliorer ma confiance et accepter que mon parcours a été compliqué et qu’il me réserve encore de belles surprises. Sinon, il me reste des points faibles tout à fait humains, car être chanteuse, c’est être humaine : je suis parfois un peu trop passionnée, je fais des erreurs de jugement, en prenant des décisions trop rapidement parfois.
Qu’elles sont vos meilleures qualités en tant que chanteuse ?
Je crois que ma meilleure qualité est le fait que je me mets au service de la musique. J’essaie en permanence de chercher la musicalité, les nuances, les couleurs plutôt que de devenir une grosse voix. Cela fait de moi une musicienne, je crois, et je suis convaincue que c’est LA meilleure qualité.
Aussi, je reste humble sur ce que je produis : le travail n’est jamais terminé ! La perfection n’existe pas. Je me réjouis de mes succès, mais je tempère toujours en travaillant les petits détails qui ne sont pas encore tout à fait beaux. Autre qualité : ma persévérance. Cela ne s’explique pas, mais contre vents et marées, je suis là aujourd’hui, avec un appétit d’enfer et l’envie de conquérir le monde de la musique.
Suivez-vous une routine précise avant d’entrer sur scène ?
Oui, depuis peu, car j’ai peu d’expériences scéniques. J’essaie de me calmer : yoga le matin, bonne douche, du temps pour me préparer, une chauffe longue (du corps, étirements, souffle, voix) très longue. J’ai remarqué que je n’étais pas bonne au sprint, mais à l’endurance. Enfin, juste avant d’entrer sur la scène, je fais des exercices de souffle, seule et dans ma bulle, pour calmer mon anxiété et mon rythme cardiaque totalement enragé.
Que pensez-vous de la déclaration suivante faite par le ténor de renom Franco Bonisolli lors d’une interview, « l’opéra est gros, la pop est sexy » ?
Je ne comprends pas forcément ce qu’il a voulu dire… je souhaiterais qu’il m’explique ce qu’il entendait par là !
Quelles sont vos pensées sur le « passaggio » ?
À une époque, mon plus grand ennemi. Aujourd’hui, mon plus grand ami du rappel à l’ordre pour la précision technique.
Que pensez-vous à propos des notes aiguës ? Quel chanteur selon vous a de bonnes notes aiguës et pourquoi ?
Je pense que les notes aiguës sont le résultat de la souplesse et je reste convaincue que chacun y a accès avec sa propre voix. J’aime particulièrement Cécilia Bartoli, car elle prouve bien ce que je pense.
Qu’est-ce qu’un bon professeur de chant ?
Un bon professeur de chant est un professeur qui ne se projette pas en vous, mais qui vous accompagne, vous, dans votre entièreté, avec votre voix, sur le bon chemin.
Que pensez-vous des concours de chant ?
C’est une sacrée épreuve d’angoisse. Mais il faut bien passer par là !
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