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On ne présente plus le saxophoniste André Leroux au public montréalais : dans le dernier quart de siècle, il s’est imposé autant auprès des amateurs de jazz (par sa longue collaboration avec François Bourassa) que du côté du public de la musique contemporaine (au sein du quatuor de saxophones Quasar)
Le 22 février dernier, à la Salle Bourgie, le ténor sexagénaire proposait une soirée baptisée André Leroux & ses amis ; les amis en question étant annoncés comme le batteur John Hollenbeck, le contrebassiste Rémi-Jean Leblanc, et évidemment le vieux comparse du saxophoniste, le pianiste François Bourassa, en plus d’une invitée surprise.
Pour ce projet (d’abord monté pour un enregistrement studio, qui devrait bientôt paraître sur disque), Leroux a fait appel aux talents d’écriture de chacun des membres de ce quatuor (qui, il faut le dire, sont quand même de grosses pointures de la scène montréalaise), avec un fil conducteur qui serait celui des rythmes du monde. De cette tendance, il fallait cependant exclure la pièce d’ouverture, First Statement, aux accents d’abord coltraniens avant un dialogue flûte-piano.
La première partie du concert fut ensuite effectivement consacrée à des influences rythmiques diverses, allant d’un boléro en hommage à Ennio Morricone, E.M. (une composition de Bourassa) jusqu’aux rythmes influencés de la musique Gnaoua du Maroc et de la samba brésilienne dans Bop ‘n’ Up (une pièce de Leblanc).
Pour la deuxième partie du concert, Leroux devait révéler son invitée surprise, la chanteuse Karen Young, d’abord pour une belle version de la ballade de Charles Mingus, Duke Ellington’s Sound of Love. Rejoignant ensuite le quatuor pour ce que Leroux a baptisé Suite ethnique, Young a surtout marqué par une version de sa chanson War, composée à l’époque de la première Guerre du Golfe, mais qui prend une signification nouvelle avec les évènements actuels en Ukraine et en Palestine. Accompagnée par Hollenbeck au berimbau, la pièce était dédicacée à la mémoire de la percussionniste Francine Martel, décédée en 2017, qui avait originalement créé la pièce. Comme rappel, les cinq comparses ont livré une version de la chanson Black Crow de Joni Mitchell, apparemment un choix assez récent, si l’on en croit Leroux qui déclara : « François m’a préparé le lead sheet tantôt ! ».
C’est peut-être cette relative décontraction, ce côté bon vivant et blagueur, qui différencie les projets de Leroux sous son nom en comparaison à sa participation au quartette de Bourassa, où on sent une concentration et une intensité constantes. Mais la musicalité et l’impressionnante technique du saxophoniste restent intactes dans les deux contextes, comme dans tous les projets dans lesquels s’implique cet instrumentiste exemplaire. Et ce n’est jamais désagréable de voir un excellent musicien s’amuser un peu !
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