Iwan Edwards (1937 – 2022)

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Iwan Edwards, chef d’orchestre, violoniste et pédagogue, est décédé le matin du 4 mars 2022, à l’âge de 84 ans. Dans notre dernier numéro, Marie-Claire Fafard-Blais s’entretenait avec lui dans le cadre de notre dossier sur le 50e anniversaire du Chœur Saint-Laurent. En 2019, il a contribué à une rétrospective de trois pages sur sa carrière.

Nous rendons hommage à M. Edwards en publiant le souvenir de ma première expérience de chant avec lui (billet de blogue publié en 2014).

Le premier concert commémoratif du 6 décembre [Traduction d’une version originale publiée le 6 décembre 2014]

Dimanche dernier (30 novembre 2014), j’ai assisté aux adieux du chef d’orchestre Iwan Edwards lors du dernier concert de Concerto Della Donna à l’église Saint-Georges, qui affichait complet. Quel plaisir de revoir Iwan sur le podium, ayant chanté pour lui avec le Chœur Saint-Laurent et le chœur de l’OSM à de nombreuses reprises dans les années 1990.

Vers le milieu de la première partie, je me suis soudainement rappelé la première fois que j’ai chanté avec lui, 25 ans plus tôt, en 1989. C’était quelques jours après le massacre du 6 décembre à l’École polytechnique de Montréal. J’étais étudiant à la maîtrise en mathématiques à Concordia après avoir terminé un baccalauréat en génie à McGill, avec une passion grandissante pour le chant choral. Après avoir été pendant des années membre de la Société chorale de McGill de Mary-Jane Puiu, j’avais également rejoint son Cantare, le chœur de jeunes du Chœur Saint-Laurent.

Parmi les 14 femmes victimes du massacre se trouvait Geneviève Bergeron, membre de Cantare et diplômée de l’école FACE, une jeune fille pleine de joie de vivre qui souhaitait devenir ingénieure. Elle avait toujours voulu chanter le Requiem de Mozart, et ses amis ont convaincu Iwan Edwards, qui était l’un de ses professeurs à FACE, de diriger un concert en sa mémoire et celle des autres victimes. Des étudiants, des diplômés et des enseignants de l’école FACE se sont rapidement réunis pour former la chorale, l’orchestre et les solistes. Mary-Jane a invité les membres de la chorale Cantare à se joindre à elle et comme plusieurs d’entre nous avaient chanté le Requiem de Mozart avec la Société chorale de McGill l’année précédente, nous avons accepté sans hésiter. Pour ma part, en tant que diplômé en génie, je tenais à participer en signe de défiance envers Marc Lépine.

Après deux répétitions, le chœur de 100 personnes, accompagné des solistes Madeleine Palmer (soprano), Julie Beaulieu (mezzo), Benoit Gendron (ténor) et Gregory Aitkinson (basse), a défilé dans les couloirs de l’école FACE, passant par les ailes de l’auditorium avant de prendre place dans les contremarches du chœur pour le concert commémoratif, environ une semaine après le massacre. La famille de Geneviève Bergeron, le maire de Montréal et d’autres dignitaires étaient présents.

L’Ave verum corpus de Mozart ouvrait le concert. Il s’agit d’une courte œuvre a cappella, simple mais sublime. Iwan a fait naître une certaine magie ce soir-là. Tous les chanteurs ont eu la chair de poule immédiatement, mais j’ai réussi à maintenir mon sang-froid jusqu’à la fin. C’est le spectacle musical le plus émouvant auquel j’ai assisté, en tant qu’interprète ou spectateur. Le Requiem était tout aussi mémorable, une façon émouvante de se souvenir des victimes.

En continuant d’écouter le Concerto della Donna, je me demandais si ce premier concert commémoratif du 6 décembre n’avait pas joué un rôle dans la création du Concerto della Donna par Iwan il y a une dizaine d’années, bien qu’il n’en ait fait mention nulle part. Une partie de moi souhaitait qu’Iwan puisse donner un dernier concert d’adieu pour reprendre ce premier concert avec les mêmes œuvres de Mozart et les mêmes interprètes. Je suis convaincu que la plupart d’entre nous auraient volontiers libéré leur emploi du temps.

Hélas, ce ne sera pas le cas. En 1994, pour le cinquième anniversaire, Iwan n’a pas été retenu pour diriger le concert commémoratif présentant le Requiem de Mozart interprété par son Chœur Saint-Laurent à la basilique Notre-Dame; Agnès Grossman a été choisie pour des raisons politiquement correctes. Pour le 10e anniversaire, le Requiem de Mozart a retenti à l’oratoire Saint-Joseph chanté par une autre chorale et sous la direction d’un autre chef.

Ces souvenirs du premier concert me sont revenus en mémoire lors du concert d’adieu d’Iwan. Ce concert à contribué à me façonner en tant que musicien et en tant qu’être humain. Merci Iwan.

Traduction par Mélisa Brien

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