Critique: L’enfer des Lumières – Un concert édénique

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Le 1er et 2 mars 2022, au Monument National, l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal et l’Orchestre de l’Agora nous ont présenté un concert mettant en vedette le répertoire baroque français.

Le spectacle s’est centré sur les histoires issues de la mythologie grecque et romaine. Nous avons donc pu entendre des extraits d’opéras tels que Orphée et Euridice et Armide de Gluck. François Racine en signe la mise en scène.

Mon expérience générale de ce spectacle fut heureuse.

Les numéros étaient variés et contrastants : des choix parfaits pour faire découvrir au public ce genre lyrique peu joué au Québec. L’orchestre, placé au fond de la salle, a joué avec dynamisme et nous a offert une belle palette de couleurs sonores sous le bâton du chef Nicolas Ellis. Le son toutefois manquait un peu de brillant, attribuable, selon moi, soit au rideau noir translucide qui séparait les musiciens des chanteurs, soit à l’acoustique naturelle de la salle Ludgey Duvernay.

Photo : Brent Calis

De jeunes voix hors pair

Les chanteurs de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal méritent une grande main d’applaudissement. C’est leur énergie et leurs superbes voix qui ont donné vie à cette soirée.

Lucie-St Martin, soprano, fit l’animation complète du spectacle à travers diverses tirades thématiques qui nous ont menés d’un univers musical à l’autre. Sa performance fut stellaire : on y retrouva une grande assurance théâtrale, une portée de voix puissante et une diction claire. Au niveau chant : son timbre vocal est plaisant, sa voix bien balancée et agile.

Photo : Brent Calis

Matthew Li, basse, a une voix élégante qui nous a donné envie de l’entendre davantage. Les deux ténors du groupe, Mishael Eusebio et Marc-Antoine Brûlé ont tous deux des voix bien différentes l’une de l’autre.

Eusebio, un ténor « léger », a démontré une superbe capacité à chanter dans une tessiture aiguë tout en conservant une grande expressivité théâtrale et un beau phrasé. Marc-Antoine Brûlé a, quant à lui, une voix plutôt lyrique qui ne trouve pas tout à fait sa place dans ce répertoire baroque. Ce fut la même situation pour le baryton lyrique Geoffroy Salvas, qui a une voix ample et vibrante. Nous avons bien hâte de pouvoir les entendre dans un répertoire plus tardif (Verdi, Gounod, Puccini, etc). Kirsten LeBlanc, soprano, a elle aussi une voix lyrique puissante qui se démarque du lot.

En ce qui concerne l’interprétation dramatique, mes coups de cœur furent Vanessa Croome qui chanta avec brio l’air incroyablement difficile de la Folie ( de l’opéra Platée de Rameau) ; la mezzo Martina Myskohlid, qui interpréta une Clytemnestre intense et dévouée et Sarah Dufresne, soprano, qui a une présence sur scène digne d’une reine et chante avec un phrasé impeccable. Elles sont toutes les trois douées de voix et habiles et agréables qui ont rayonné dans ce répertoire.

Commentaires généraux

  • la salle aurait pu être garnie de plus de spectateurs si le spectacle avait été présenté plus tard en semaine et non lundi et mardi
  • l’absence de programmes nuit beaucoup à l’expérience du concert, surtout lorsque l’on présente du répertoire peu connu et de nouveaux artistes émergents
  • un entracte aurait amélioré l’expérience générale du spectacle.

Somme toute, avec un orchestre et un ensemble lyrique si talentueux, nous avons bien hâte de voir ce que nous réservent les prochains concerts. Conseil : si l’Opéra de Montréal décide d’offrir le concert en diffusion web, n’hésitez pas à le regarder.

orchestreagora.com

montrealopera.com/atelier-lyrique

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