Le cirque – L’étincelle de création de la TOHU

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Comme le dit le proverbe africain, « seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ». C’est justement avec la force du nombre que la TOHU (Cité des arts du cirque) a été créée, il y a 15 ans, par En Piste, l’École nationale de cirque et le Cirque du Soleil, avec pour mission première la diffusion des arts du cirque.

« En effet, le cirque est l’étincelle de départ du projet, qui est une infrastructure à la fois de diffusion, de création et de recherche pour développer les arts du cirque dans Saint-Michel, un des quartiers les plus pauvres du Canada. À l’époque (en 2004), il n’y avait aucun organisme culturel, pas de maison de la culture. La Ville de Montréal nous paie pour assurer une offre culturelle gratuite dans le quartier, que ce soit en théâtre, danse ou musique. Mais le fait le plus marquant dans l’histoire de la TOHU a été l’arrivée du festival Montréal Complètement Cirque (voir autre texte) », concède Stéphane Lavoie, directeur général de la TOHU.

100 % fait au Québec

Selon M. Lavoie, les arts du cirque au Québec ont évolué, ne serait-ce que dans l’offre culturelle. « En 2004, il aurait été impensable de programmer une saison complète uniquement en arts du cirque. Mais en 2018, pour la première fois, on peut offrir une programmation exclusivement du Québec, avec Machine de cirque, les 7 doigts, le cirque Eloize en codiffusion à la Place des Arts, Flip Fabrique avec Le songe d’une nuit d’été et Le bibliothécaire de la compagnie Gros orteil », énumère le directeur général de la TOHU.

Il est même parfois difficile d’attraper au vol, selon M. Lavoie, une compagnie québécoise pour présenter son spectacle au Québec. « Une compagnie comme le Cirque Alphonse, par exemple, n’est pas du tout au Québec cette année, explique-t-il. Ses spectacles sont à l’étranger 90 % du temps. Le marché au Québec est tout petit et les compagnies de cirque n’ont pas le choix de tourner à l’étranger. Heureusement, le cirque québécois a énormément de succès en Europe, avec un bassin de 360 millions de personnes. Un spectacle de cirque est très coûteux à produire, souvent plus qu’un spectacle de théâtre. Ça implique beaucoup de répétitions. »

Musique et cirque : alliés incontestés

Qui dit cirque dit musique, presque immanquablement. Souvent, ce sont des groupes de musique qui accompagnent en direct les acrobates, en suivant promptement leurs mouvements. Jazz, rock ou classique, plusieurs styles sont diffusés.

« Il y a eu une période de bandes sonores, puis une période de musique militaire. Présentement, on est davantage dans la création. On peut penser à Scotch & Soda (Australie), présenté cet été. Les artistes (Company 2) sont allés chercher un band de jazz pour créer ce spectacle. Il y a aussi, par exemple, Les 7 doigts qui collaborent avec Colin Gagné, un créateur qui fait un travail formidable dans la composition et la direction musicale », décrit M. Lavoie.

C’est une autre façon d’apprécier la musique, de l’entendre dans un tout autre contexte, selon le directeur général de la TOHU.

Le Cirque, la Terre et l’Homme

Outre le volet cirque, la TOHU regroupe aussi les volets environnemental (TERRE) et citoyen (HUMAIN). L’an dernier, le parc Frédéric-Back (artiste-peintre, illustrateur et réalisateur de films d’animation) a été inauguré. C’est tout un contraste par rapport à ce qu’il y avait auparavant. De 1968 à 2000, le lieu a servi de site d’enfouissement (dépotoir Miron de 1968 à 1988, repris en 1990 par la Ville de Montréal pour créer le Centre de tri et d’élimination des déchets, afin de trier le recyclage).

« C’est un immense parc de deux kilomètres carrés. L’aménagement va se faire tranquillement. Il y a un potentiel énorme pour les oeuvres éphémères. On fait des expositions extérieures, mais le hall de spectacle sert aussi de station d’accueil (pour les arts visuels). On veut se servir des arts du cirque et de la culture. Et on sait que les premiers dessins de Frédéric Back ont été inspirés du cirque », rappelle le directeur général de la TOHU.

L’action la plus importante dans le volet social pour la TOHU a été de choisir l’employabilité locale. Depuis sa fondation en 2004, le lieu de diffusion culturel a fait de l’embauche par code postal son cheval de bataille.

« On est un centre culturel qui a décidé d’aller au-delà des arts du cirque. On a intégré d’autres disciplines, comme la danse et la musique, on veut intégrer aussi la communauté de Saint-Michel à notre lieu. C’est un quartier jeune, qui a un fort taux de décrochage et beaucoup de familles monoparentales. On veut encourager ces gens à finir leurs études ou à y retourner. Il y a des organismes en réinsertion professionnelle avec qui on collabore », explique M. Lavoie.

Depuis la mise en place de cette initiative, plus de 500 jeunes sont passés à la TOHU pour y travailler à court ou moyen terme et y développer leur estime de soi, leur confiance, bref, s’outiller pour mieux vivre en société. « Dans le quartier Saint-Michel, il y a 62 communautés culturelles, dit-il. La plupart des jeunes sont des enfants d’immigrants. Ça prend vraiment une force énorme pour repartir à zéro, dans un pays qui n’est pas le nôtre. »

www.tohu.ca

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