Black on Black Films, premier collectif de cinéastes noirs au Québec

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Constatant le manque de représentativité des Noirs devant et derrière la caméra au Québec, des professionnels du milieu ont mis sur pied Black on Black Films. Avec une quarantaine de membres à son actif — tous afrodescendants —, le collectif a œuvré pendant deux ans jusqu’à la récente naissance du projet.

Will Prosper, Eric Idriss-Kanago, Mylène Augustin, Alexe Louisa, Feven Ghebremariam, Henri Pardo, Mariah Inger et Stefan Verna forment le noyau du regroupement, dont les membres vivent en région montréalaise. Ce sont des créateurs et artisans du 7e art. Le réalisateur, scénariste et caméraman Stefan Verna est l’instigateur de Black on Black Films.

« Nous détenons chacun une pièce du puzzle et nous avons saisi l’occasion de mieux nous épauler les uns les autres. Le regroupement Réalisatrices Équitables, qui lutte pour la parité autant dans la représentativité que le financement des institutions, m’a vraiment inspiré ! Bref, nous voulons un meilleur rayonnement du cinéma d’Afrodescendants au Québec. Nous souhaitons aussi créer des alliances au national et à l’international, entre autres avec Black Women Film Network (Toronto), GWA Label (Pointe-à-Pitre, Guadeloupe) et Sankofa Film and Video Collective (Londres) », souligne M. Verna. Au fait, Black on Black Films a déjà organisé à Montréal un atelier avec de jeunes cinéastes afrodescendants de Montréal et l’organisme GWA Label de la Guadeloupe.

Ateliers pour la relève

Black on Black Films a d’ailleurs reçu une bourse du Conseil des arts de Montréal offrir des ateliers et créer une banque de cinéastes/comédiens/techniciens noirs du Québec — qu’ils soient francophones ou anglophones — afin d’accroître la collaboration avec les autres corps de métiers en cinéma. « Nous avons encore du contenu à ajouter. Les administrateurs  doivent se réunir dans les prochaines semaines pour peaufiner notre plan d’action, en vue d’un lancement public qui devrait se faire en mars. Mais les institutions connaissent notre existence », poursuit-il.

« Nous préparons en ce moment des ateliers de scénarisation et de production pour que les jeunes comprennent mieux les enjeux qui nous touchent. Certains de nos membres ont étudié à l’Institut national de l’image et du son (INIS), où nous pouvons louer des salles. L’INIS est très ouvert à la mission de notre collectif. Nous sommes en train d’établir aussi un partenariat durable avec les Rendez-vous du cinéma québécois, pour une soirée de projections », ajoute le réalisateur d’origine haïtienne, comptant sur sa feuille de route une vingtaine de vidéoclips, un long métrage et cinq cours métrages.

SLĀV et la diversité

Dans un autre registre artistique, la polémique entourant l’œuvre théâtrale de Robert Lepage SLĀV, présentant des chants traditionnels afro-américains, aura-t-elle été un facteur menant à la création du collectif cinématographique ? Rappelons brièvement qu’une protestation a eu lieu à l’été 2018, devant le Théâtre du Nouveau Monde, où l’œuvre était présentée. Ses détracteurs ont accusés Robert Lepage et la cocréatrice du spectable Betty Bonifassi d’appropriation culturelle.

« Le militantisme, soit la volonté de répondre aux fausses représentations (ou manque de représentation) des Noirs dans les médias québécois et canadiens, fait partie des objectifs de notre collectif. Mais en fait, notre réflexion remonte à plus longtemps. C’est lors d’un panel sur la diversité aux Rendez-vous du cinéma québécois en 2016, appelé « La diversité culturelle à l’écran », qu’un participant disait vouloir collaborer avec les créateurs issus des minorités. Il se demandait où ils étaient. C’est à ce moment-là que j’ai eu une bonne discussion avec d’autres cinéastes noirs et qu’on a jugé que le moment était propice pour créer le collectif. Nous voulons parler d’une même voix et revendiquer le droit d’être présents à la fois sur les écrans, mais aussi dans la création des œuvres cinématographiques et audiovisuelles », raconte le réalisateur.

En ce qui concerne la diffusion des œuvres, Black on Black Films pourrait compter éventuellement sur Radio-Canada et Télé-Québec. « C’est du cas par cas », prévient M. Verna. Afin de maximiser les possibilités de diffusion, les membres producteurs ont rencontré en février 2018 des directeurs de programmation de Radio-Canada, afin de mieux cerner le type de contenu épousant la réalité culturelle québécoise.

Programmation à bonifier

Après le panel sur la diversité aux Rendez-vous québécois en 2016, une collaboration étroite s’est produite avec les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) en 2017, où une dizaine de membres de Black on Black Films ont participé à des rencontres et ont progressé dans le financement de certains projets. Le RIDM souhaite d’ailleurs poursuivre son partenariat avec le collectif. Celui-ci a aussi amorcé une collaboration avec les Rendez-vous du cinéma québécois, lui permettant de planifier en 2018 une programmation spéciale de films afrocentrés, nommée « Tout simplement Noir ».

Black on Black Films souhaite non seulement bonifier la représentation de la culture noire sur les écrans, mais aussi offrir des séances de formation, des ateliers et amener un rayonnement accru en plus de la reconnaissance des bailleurs de fonds. En décembre 2017, une rencontre a eu lieu avec des responsables de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) en vue d’accréditer les sociétés de production gérées par des Afrodescendants et de reconnaître les cinéastes noirs au parcours atypique. Black on Black Films veut justement soutenir ses membres dans les demandes de financement de projets auprès des institutions, mais aussi dans les projets faisant appel au sociofinancement. Le collectif invite également les investisseurs de la communauté noire à financer ses projets.

Page Facebook de Black on Black Films : www.facebook.com/blackonblackfilms

Pour voir l’œuvre cinématographique de Stefan Verna : www.vimeo.com/stefanverna

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