Critique de Disques

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Seiji Ozawa : Retour Sur Une Carrière Passionnante

Bartók: Music for Strings, Percussion and Celesta

Concerto for Orchestra. Boston Symphony Orchestra / Seiji Ozawa / Rafael Kubelik. Pentatone PTC 5186247. Durée : 69 min 53 s.

New Year’s Concert 2002

Music by Johann Strauss, Josef Strauss and Josef Hellmesberger. Wiener Philharmoniker / Seiji Ozawa. Arthaus Musik DVD 109315. Durée : 109 min + 32 min (fonctions spéciales).

Haruki Murakami: Absolutely on Music: Conversations with Seiji Ozawa.

New York: Alfred A. Knopf, 2016. 325 pages.

En septembre dernier, Seiji Ozawa a célébré son 83e anniversaire. Malgré un cancer sérieux ces dernières années, Ozawa reste actif en tant que chef d’orchestre. L’été prochain, il prévoit diriger un festival Beethoven.

Ozawa entretient une relation spéciale avec Toronto. Il a dirigé ses premiers concerts en 1964, faisant sensation. Il a été immédiatement embauché comme prochain directeur musical de l’Orchestre symphonique de Toronto. À l’époque, il avait 28 ans et parlait à peine l’anglais. En interprétant la Symphonie no 5 de Prokofiev et la Symphonie no 5 de Tchaïkovski, Ozawa a produit des concerts inspirés grâce à une technique de direction extraordinairement précise et gracieuse. Il est resté à Toronto pendant quelques années passionnantes, de 1965 à 1969, avant d’être dérobé par l’Orchestre symphonique de Boston, sa maison musicale de longue date.

Ozawa enregistre beaucoup pour Deutsche Grammophon et Philips avec l’Orchestre ­symphonique de Boston. Pentatone a ­rematricé un certain nombre d’enregistrements et les a réédités en CD Super Audio. Une version récente propose Ozawa et le BSO dans la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartók, avec un jeu profondément ­expressif, mais des tempos très lents.

Ozawa a également eu une longue association avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. En 2002, il a été invité à diriger son concert annuel du Nouvel An, qui a récemment été réédité en DVD. Ozawa est à son meilleur absolu ici, le public et les musiciens sont aussi charmants que son énergie et sa bonne humeur sont contagieuses. Il dirige le concert entier de mémoire et sans baguette, y compris des pièces aussi obscures que la Valse de l’Ambassadeur du carnaval de Johann Strauss et la polka Die Schwätzerin (La Bavarde) de Josef Strauss. Le concert est un délice du début à la fin.

Haruki Murakami est l’un des principaux romanciers japonais, mais il s’intéresse aussi depuis longtemps à la musique. Il a vécu à Boston pendant plusieurs années et a noué une amitié avec le chef d’orchestre. Murakami a maintenant documenté leurs longues conversations sur la musique. Ozawa n’est pas par nature un homme à analyser la musique – même en japonais – ou la technique. Il préfère simplement « en faire » plutôt que d’en parler. Néanmoins, il y a quelques bonnes anecdotes. Ozawa a beaucoup à dire sur les différents enregistrements de Glenn Gould du Concerto pour piano no 3 de Beethoven, respectivement ­dirigés par Karajan et Bernstein. Ozawa raconte aussi l’enregistrement de Das Lied von der Erde de Mahler avec Jessye Norman et Ben Heppner. Heppner utilisa un pupitre pour la prestation. Dans un passage, Ozawa agita les bras avec une telle exubérance qu’il attrapa de la main le rebord du pupitre de Heppner – et se cassa le petit doigt ! Ozawa serra les dents tout le reste du spectacle avant de se rendre à ­l’hôpital pour subir une intervention chirurgicale.

Un gala à Hambourg – Inauguration de la Philharmonie de l’Elbe

Elbphilharmonie Hamburg Grand Opening Concert. Musique par plusieurs compositeurs. Chœur NDR et Chœur de la Radio bavaroise, Orchestre symphonique de la NDR, dir. Thomas Hengelbrock. Documentaire en prime : Philharmonie de l’Elbe – le nouveau site de Hambourg. Disque Blu-ray 741504. Durée : 165 min.

La nouvelle Philharmonie de l’Elbe à Hambourg a reçu beaucoup ­d’attention lors de ses concerts inauguraux en janvier dernier. La salle de concert, une pièce d’architecture extraordinaire, est construite au sommet d’un entrepôt de briques rouges dans le port animé de Hambourg. La structure domine son environnement aussi sûrement que l’Opéra de Sydney représente maintenant son port. Le Grand Hall occupe le milieu de la section de verre au sommet de l’entrepôt. Le public s’assoit dans une série de paliers distribués asymétriquement autour de la salle.

Thomas Hengelbrock, le directeur musical de l’Orchestre symphonique de la NDR, a conçu le programme exceptionnellement réfléchi de ce concert. Il s’ouvre avec une pièce pour hautbois solo de Benjamin Britten – le hautbois étant l’instrument qui accorde traditionnellement l’orchestre. Le hautboïste Kalev Kuljus joue de l’arrière et est entendu, mais caché : une manière intelligente d’amener le public à se concentrer sur le son. Le programme continue à présenter des ensembles grands et petits et de la musique de nombreuses périodes. Plusieurs œuvres ont un lien avec Hambourg, par exemple un motet de Praetorius (1586-1651) composé pour un mariage. Le concert se ­termine par une célébration du mouvement choral de la Neuvième de Beethoven.

Le disque comprend à la fois un documentaire et le spectacle de lumière extérieur qui a eu lieu pendant le concert.

Les Ballets de Tchaïkovski – Un festival de son russe

Tchaikovsky: Complete Ballets. James Ehnes, violon. Robert deMaine, violoncelle. Orchestre philharmonique de Bergen / Neeme Järvi. Chandos 5204 (5 CD). Durée : 6 heures 32 minutes.

Voici les trois grands ballets de Tchaïkovski rassemblés en un seul coffret, dans des versions superbes à l’enregistrement exceptionnellement riche et entier. Le Canadien James Ehnes est le brillant violon soliste. L’ensemble ­commémore le 80e anniversaire du chef d’orchestre Neeme Järvi et mérite un accueil chaleureux.

Qu’il s’agisse du Lac des cygnes ou de Casse-Noisette, un chef de ballet n’a d’autre choix que de suivre la tradition. Mais pas pour les concerts. Neeme Järvi a été imprégné par la musique russe depuis qu’il a appris à lire la musique. Il dirige ces partitions de ballet avec un amour évident pour la musique, mais aussi un phrasé expansif et une oreille attentive aux détails.

Dans ces ballets, Tchaïkovski propose une nouvelle idée après l’autre. Les instruments sont déployés avec une compréhension pointue de leur gamme de sons. Les solos de violon dans La Belle au bois dormant et Le Lac des cygnes sont de splendides morceaux en eux-mêmes, indépendamment des ballets. James Ehnes est un grand violoniste et il les joue avec une vigueur magnifique et une technique impeccable.

Il y a eu bien de beaux enregistrements de ces ballets de Tchaïkovski, mais ceux de Chandos sont parmi les meilleurs. Bravo au producteur Brian Pidgeon et à l’ingénieur en chef Ralph Couzens, et au Grieghallen, la belle salle de 1500 places à Bergen où les enregistrements ont été réalisés.

Intégrale des concertos pour violon de Saint-Saëns

Intégrale des concertos pour violon de Saint-Saëns. Concerto pour violon no 1 en la majeur, op. 20. Concerto pour violon no 2 en do majeur, op. 58. Concerto pour violon no 3 en si mineur, op. 61. Andrew Wan, violon. Orchestre symphonique de Montréal / Kent Nagano. Analekta AN 28770. Durée : 74 minutes.

Cet excellent enregistrement de l’OSM mérite le détour. Le Concerto pour violon no 1 de treize minutes constitue à peine un concerto, mais il est charmant et devrait être joué plus souvent. Le Concerto no 2 est beaucoup plus substantiel et presque l’égal du mieux connu Concerto no 3. Le premier mouvement est puissant et complexe avec une cadence pleine de défis techniques. Le second compte des solos importants de harpe et de vents et se situe dans la meilleure veine lyrique de Saint-Saëns. Seule la finale semble un peu légère en comparaison.

Andrew Wan est coviolon solo de l’OSM depuis 2008 et également membre fondateur du Nouveau Quatuor Orford. Il joue brillamment dans les trois concertos, armé d’une technique éblouissante et d’un son voluptueux. Nagano et l’OSM fournissent des accompagnements sensibles et engagés; soliste et chef d’orchestre démontrent une affinité particulière pour le flux et le reflux de ces partitions. Le hautbois principal Theodore Baskin joue avec une grande beauté et un phrasé subtil dans les mouvements lents.

Ces enregistrements ont été réalisés à la Maison symphonique de Montréal. L’acoustique de la salle a permis une merveilleuse qualité sonore. Félicitations aussi au producteur Carl Talbot.

 

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A propos de l'auteur

Former conductor and broadcaster, Paul E. Robinson, is the author of four books on conductors, Digital Editor for Classical Voice America, and a regular contributor to La Scena Musicale.

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