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Melism4
Míkis Theodorákis, qui a eu 90 ans le mois dernier, a acquis une renommée mondiale pour la musique du film de 1964, Zorba le Grec, et est resté une figure de proue de la gauche internationale pour son engagement indéfectible en faveur du communisme. Mis à part sa musique de film, son cycle de chansons La Ballade de Mauthausen compte parmi les plus belles musiques jamais écrites sur l’Holocauste nazi.
Les racines classiques du compositeur sont moins connues. En 1954, Theodorákis se rend à Paris pour étudier au Conservatoire avec Olivier Messiaen et Eugène Bigot. Il y est resté cinq ans, écrivant beaucoup de musique dans une variété de styles français.
Les découvertes sur cet album sont des premières mondiales : Erofili − Passacailles pour deux pianos (1955); Les Éluard d’après des poèmes de Paul Éluard pour mezzo-soprano et piano; et six Médieuses d’Éluard (1958), dénichées par le pianiste français entreprenant Christophe Sirodeau et jouées par Nikolaos Samaltanos avec la mezzo-soprano Angelica Cathariou.
L’Erofili à quatre mains est fascinant, commençant par une note de minimalisme à la Satie pour se changer en lamentations levantines avant de trouver son axe central sur la côte méditerranéenne de Ravel. Il apparaît d’emblée que le compositeur n’est pas français. Il y a une inélégance grossière et délibérée dans son expression et beaucoup de rage, et ces éléments imprègnent les deux cycles de chansons.
Les mélodies sur des poèmes de T. S. Eliot de Jani Christou, compositeur grec égyptien qui a étudié la philosophie à Cambridge avec Ludwig Wittgenstein et la musique avec Hans Redlich, sont encore plus intrigantes. Sa vie fut écourtée à 44 ans dans un accident de voiture à Athènes. La musique de Christou est abstraite, quasi atonale, mais passionnée. Son Prélude et fugue en ré mineur pour deux pianos est ce que Bach aurait pu écrire l’esprit embrumé par le haschich. Des sonorités hallucinogènes.
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