L’hebdo Lebrecht : Alexander Tchaikovsky – Quarantine Symphony (Toccata Classics)

0

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

80%
80%
  • 4
  • User Ratings (0 Votes)
    0

J’avoue avoir eu plus ou moins envie d’écouter une symphonie qui prétend décrire notre situation actuelle. Nous connaissons tous maintenant les effets de cette pandémie sur nos vies, et nous pensons aussi aux vies qu’elle a prises. La musique a tout de même ses limites pour exprimer ces pertes sous une forme abstraite. On a surtout le sentiment qu’il ne faut pas essayer de le faire.

Mais si vous êtes un compositeur du nom de Tchaïkovski, il faudra plus qu’une crise de sanitaire pour vous empêcher d’évoquer un événement historique, qu’il s’agisse des campagnes de Napoléon ou encore du choléra. Alexander Tchaïkovski, qui célèbre ses 75 ans ce mois-ci, est un neveu du prolifique compositeur de l’ère soviétique Boris Tchaïkovski, un élève de Chostakovitch. Alexander écrit de la musique tonale venue d’une école russe familière, mais avec une conscience évidente de Hindemith et Schoenberg et un don individuel pour l’expression dramatique.

La Symphonie de quarantaine, numérotée opus 139, est sa septième. Elle a été achevée en mai 2020 et est écrite pour cordes, percussions et piano.

Mes inquiétudes sur le sujet ont été rapidement confirmées par le premier mouvement, qui alterne morosité et bombardement dans un style de Chostakovitch tardif. Le second mouvement, en revanche, est à la fois efficace et évocateur, creusant sous l’épiderme des clichés épidémiques pour déclencher une réponse subtile et sans paroles aux choses que nous vivons.

J’entends des allusions au Threnody de Penderecki pour les victimes d’Hiroshima et au War Requiem de Britten, mais l’œuvre est vraiment sui generis et doit être entendue en direct dans une salle de concert, au fur et à mesure de la réouverture d’un de ces bâtiments.

Toccata Classics, une étiquette britannique gérée par une seule personne et sans un sous de subvention publique, mérite de grandes éloges pour avoir sorti de nouvelles symphonies aussi vitales et importantes. L’autre œuvre présentée ici est la troisième symphonie de Tchaïkovski, datant de 1995 à 2002. Dans les circonstances actuelles, elle n’a pas la même urgence et j’y reviendrai une autre fois. L’Orchestre symphonique de Sibérie, sous la direction de Dmitri Vassiliev, donne un compte rendu exceptionnel de ces deux œuvres.

NL

www.slippedisc.com

www.normanlebrecht.com

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Partager:

A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.