Dmitri Chostakovitch : deux sonates et vingt-quatre préludes (Hyperion)

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S’il faut que j’entende encore une fois Andrey Gugnin jouer Chostakovitch, je serai probablement contraint de me faire interner pour ma propre sécurité, du moins jusqu’après le Brexit. Mais ça se produira quand même. Comme le Brexit, d’ailleurs. Je n’y peux rien.

La musique de ce disque fascinant nous provient des tréfonds de l’âme du compositeur, qui l’a écrite au moment où il était accablé par des problèmes plus personnels que politiques. Sa Sonate pour piano no 1, composée en 1927 alors qu’il avait 21 ans, côtoie sa Symphonie no 2 et a beaucoup de traits communs avec la sonate de 1926 de Bartók, mais aussi avec celle d’Alban Berg.

La Sonate no 2, écrite au milieu de la Seconde Guerre mondiale, est une sorte d’épitaphe pour le professeur de piano de Chostakovitch, qui venait de mourir. Dans l’intervalle, Gugnin interprète les Vingt-quatre préludes de 1932-1933, une série si introspective qu’elle fait penser à un homme qui se parle à lui-même devant le miroir. Bach est le modèle évident – comme il le sera vingt ans plus tard pour les Préludes et fugues, op. 87 – et pourtant, ce compositeur qui n’a pas voyagé et qui est resté cantonné dans l’enclave soviétique montre un intérêt pour un large éventail de cultures. Le 5e des préludes se rapproche d’un Vaughan Williams pastoral et le 7e ressemble à du Kurt Weill infusé de café noir.

Gugnin, un jeune Russe qui a remporté un concours de piano à Sydney, en Australie, joue par moments avec une folle rapidité, uniquement pour montrer qu’il en est capable. Mais au milieu de cette agitation, il y a des moments de tendresse et contemplation profonde que j’éprouve le besoin de réentendre encore et encore.

L’étiquette Hyperion a connu son premier succès il y a de nombreuses années avec une interprétation immersive de Préludes et fugues, op. 87 par Tatiana Nikolayeva. Pour tous ceux qui connaissent ce disque épique, laissez-moi seulement vous dire que l’enregistrement dont il est question ici en est très proche. Il nous emmène presque ailleurs.

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Traduction par Andréanne Venne

 

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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